Voyage - Le Pape ne renonce pas à voyager en 2005
Le Vatican : de notre correspondant Hervé Yannou (Le Figaro)
[25 décembre 2004]
En ces fêtes de Noël, les regards demeurent tournés vers l'évolution de l'état de santé de Jean-Paul II. Pourtant, toute nouvelle alarmante semble pour le moment écartée. C'est donc avec une certaine quiétude que le Pape devait célébrer hier soir la messe de minuit dans la basilique Saint-Pierre et donner ce matin sa traditionnelle bénédiction Urbi et Orbi (sur la ville et sur le monde). Si Jean-Paul II ne prononce plus qu'à grand-peine de très courts extraits de ces textes, s'il est contraint de se déplacer sur un trône roulant, il continue à porter sa lourde charge, mais avec l'aide croissante de ses collaborateurs.
Hier Jean-Paul devait apparaître à la fenêtre de son appartement pour bénir la traditionnelle vigile de Noël et inaugurer l'immense crèche élevée chaque année depuis 1982 aux pieds de l'obélisque de la place Saint-Pierre. Dix-sept statues y sont mises en scène sur près de 300 m2. Le plus ancien de ces santons de la taille d'un homme date de 1842 et les trois plus récents ont été offerts au Pape par la Croatie en 2002.
La foule se pressait nombreuse pour les admirer et s'extasier devant le sapin centenaire de 30 m de haut, cadeau de la région italienne du Trentin, qui scintille de boules et de guirlandes or et argent. Tout un symbole, alors que la polémique sur l'opportunité de dresser arbres et crèches de Noël dans les écoles de la Péninsule, en vertu du respect des différences culturelles, a défrayé la chronique ces dernières semaines. «La fête de Noël, peut-être la plus chère à la tradition populaire, est très riche de symboles liés aux différentes cultures», a commenté le Pape dimanche dernier.
Paolo, lui, ne suivra pas la tradition cette année. Il appartient à la «génération Jean-Paul II» et exhibe fièrement son téléphone portable de troisième génération qui devait lui permettre, comme à près de deux millions d'Italiens, de visionner en direct la messe de minuit. «Ce n'est pas du snobisme, mais un geste de solidarité», insiste-t-il. En effet, si l'opérateur s'offre une campagne publicitaire, il doit aussi reverser les bénéfices de l'opération à la fondation Bon Samaritain, récemment créée par le Pape pour venir en aide aux malades du sida. Pour Paolo, suivre la messe sur son téléphone portable «est à l'image d'un pape qui sait communiquer avec le monde moderne».
Jean-Paul II a tenu à célébrer, et non présider, la messe de minuit retransmise dans 72 pays, et ce malgré la fatigue et la maladie. Les années qui passent font sentir «de façon toujours plus vive, le besoin de l'aide de Dieu et des hommes», a-t-il confié aux cardinaux et hauts prélats de la Curie romaine venus recevoir ses voeux de Noël mardi dernier. C'est sur eux qu'il doit toujours plus s'appuyer pour poursuivre sa mission. La Curie compte une myriade de congrégations, conseils, tribunaux, bureaux et services administratifs, qui travaillent de façon autonome sous la houlette de la secrétairerie d'Etat. Mais l'homme clef de l'entourage du Pape est son secrétaire particulier, Mgr Stanislaw Dziwisz. Depuis 1966, il suit pas à pas Karol Wojtyla et connaît, dit-on, tout de sa pensée. Aujourd'hui, des membres de la Curie soulignent discrètement son rôle charnière dans le gouvernement de l'Eglise. Dans ce premier cercle, Mgr Leonardo Sandri, sorte de chef de cabinet, a lui aussi le privilège d'être reçu presque chaque jour par Jean-Paul II. C'est lui qui se substitue régulièrement au souverain pontife pour lire ses discours et homélies, en grande partie rédigés par les prélats de la Secrétairerie d'Etat.
Parmi les personnes prépondérantes de l'entourage du Pape, il faut aussi souligner le rôle fondamental du cardinal Joseph Ratzinger, «gardien de la doctrine de l'Eglise» depuis vingt-trois ans, et du cardinal Angelo Sodano, «premier ministre» depuis 1991. De même, le cardinal Giovanni Battista Re, en charge de la nomination des deux tiers des évêques dans le monde, déjeune très régulièrement au troisième étage du palais apostolique, où réside Jean-Paul II.
Ainsi, avec l'aide de ses collaborateurs et malgré l'inexorable progrès de sa maladie de Parkinson, le Pape globe-trotter n'a pas abandonné l'idée de voyager en 2005. «Jean-Paul II accomplit ses visites pastorales dans les différents pays comme un devoir (et) il doit remplir cette mission jusqu'à ce qu'elle lui soit humainement impossible», a souligné il y a quelques jours Mgr Renato Boccardo. Optimiste, l'organisateur des voyages pontificaux n'écarte pas la possibilité de voyages aux antipodes, là «où les portes ne lui ont pas encore été ouvertes jusqu'à aujourd'hui». De longue date, le Pape a souhaité se rendre en Chine et au Vietnam, où les communautés catholiques sont opprimées, mais aussi sur les terres orthodoxes de Russie.
Pour le moment, un seul voyage est inscrit à l'agenda pontifical : en août prochain, Jean-Paul II doit se rendre à Cologne pour les 20e JMJ. Un déplacement en Irlande avait été envisagé en septembre dernier, à l'occasion du 25e anniversaire de sa première visite dans l'île. Il n'a pas eu lieu, mais reste à l'étude pour le printemps, ainsi qu'un neuvième voyage dans sa Pologne natale au mois de juin. Le Pape pourrait alors élever à la gloire des autels ses compatriotes dont il a reconnu les miracles en début de semaine. Enfin, le souverain pontife pourrait participer, fin mai, au congrès eucharistique de Bari, en Italie, dans le cadre de l'Année de l'eucharistie, que l'Eglise célèbre jusqu'en octobre prochain. Au Vatican, on explique cependant que pour économiser les forces du chef de l'Eglise catholique, ses déplacements doivent désormais être de courte durée et comprendre une ou deux étapes au maximum.
[25 décembre 2004]
En ces fêtes de Noël, les regards demeurent tournés vers l'évolution de l'état de santé de Jean-Paul II. Pourtant, toute nouvelle alarmante semble pour le moment écartée. C'est donc avec une certaine quiétude que le Pape devait célébrer hier soir la messe de minuit dans la basilique Saint-Pierre et donner ce matin sa traditionnelle bénédiction Urbi et Orbi (sur la ville et sur le monde). Si Jean-Paul II ne prononce plus qu'à grand-peine de très courts extraits de ces textes, s'il est contraint de se déplacer sur un trône roulant, il continue à porter sa lourde charge, mais avec l'aide croissante de ses collaborateurs.
Hier Jean-Paul devait apparaître à la fenêtre de son appartement pour bénir la traditionnelle vigile de Noël et inaugurer l'immense crèche élevée chaque année depuis 1982 aux pieds de l'obélisque de la place Saint-Pierre. Dix-sept statues y sont mises en scène sur près de 300 m2. Le plus ancien de ces santons de la taille d'un homme date de 1842 et les trois plus récents ont été offerts au Pape par la Croatie en 2002.
La foule se pressait nombreuse pour les admirer et s'extasier devant le sapin centenaire de 30 m de haut, cadeau de la région italienne du Trentin, qui scintille de boules et de guirlandes or et argent. Tout un symbole, alors que la polémique sur l'opportunité de dresser arbres et crèches de Noël dans les écoles de la Péninsule, en vertu du respect des différences culturelles, a défrayé la chronique ces dernières semaines. «La fête de Noël, peut-être la plus chère à la tradition populaire, est très riche de symboles liés aux différentes cultures», a commenté le Pape dimanche dernier.
Paolo, lui, ne suivra pas la tradition cette année. Il appartient à la «génération Jean-Paul II» et exhibe fièrement son téléphone portable de troisième génération qui devait lui permettre, comme à près de deux millions d'Italiens, de visionner en direct la messe de minuit. «Ce n'est pas du snobisme, mais un geste de solidarité», insiste-t-il. En effet, si l'opérateur s'offre une campagne publicitaire, il doit aussi reverser les bénéfices de l'opération à la fondation Bon Samaritain, récemment créée par le Pape pour venir en aide aux malades du sida. Pour Paolo, suivre la messe sur son téléphone portable «est à l'image d'un pape qui sait communiquer avec le monde moderne».
Jean-Paul II a tenu à célébrer, et non présider, la messe de minuit retransmise dans 72 pays, et ce malgré la fatigue et la maladie. Les années qui passent font sentir «de façon toujours plus vive, le besoin de l'aide de Dieu et des hommes», a-t-il confié aux cardinaux et hauts prélats de la Curie romaine venus recevoir ses voeux de Noël mardi dernier. C'est sur eux qu'il doit toujours plus s'appuyer pour poursuivre sa mission. La Curie compte une myriade de congrégations, conseils, tribunaux, bureaux et services administratifs, qui travaillent de façon autonome sous la houlette de la secrétairerie d'Etat. Mais l'homme clef de l'entourage du Pape est son secrétaire particulier, Mgr Stanislaw Dziwisz. Depuis 1966, il suit pas à pas Karol Wojtyla et connaît, dit-on, tout de sa pensée. Aujourd'hui, des membres de la Curie soulignent discrètement son rôle charnière dans le gouvernement de l'Eglise. Dans ce premier cercle, Mgr Leonardo Sandri, sorte de chef de cabinet, a lui aussi le privilège d'être reçu presque chaque jour par Jean-Paul II. C'est lui qui se substitue régulièrement au souverain pontife pour lire ses discours et homélies, en grande partie rédigés par les prélats de la Secrétairerie d'Etat.
Parmi les personnes prépondérantes de l'entourage du Pape, il faut aussi souligner le rôle fondamental du cardinal Joseph Ratzinger, «gardien de la doctrine de l'Eglise» depuis vingt-trois ans, et du cardinal Angelo Sodano, «premier ministre» depuis 1991. De même, le cardinal Giovanni Battista Re, en charge de la nomination des deux tiers des évêques dans le monde, déjeune très régulièrement au troisième étage du palais apostolique, où réside Jean-Paul II.
Ainsi, avec l'aide de ses collaborateurs et malgré l'inexorable progrès de sa maladie de Parkinson, le Pape globe-trotter n'a pas abandonné l'idée de voyager en 2005. «Jean-Paul II accomplit ses visites pastorales dans les différents pays comme un devoir (et) il doit remplir cette mission jusqu'à ce qu'elle lui soit humainement impossible», a souligné il y a quelques jours Mgr Renato Boccardo. Optimiste, l'organisateur des voyages pontificaux n'écarte pas la possibilité de voyages aux antipodes, là «où les portes ne lui ont pas encore été ouvertes jusqu'à aujourd'hui». De longue date, le Pape a souhaité se rendre en Chine et au Vietnam, où les communautés catholiques sont opprimées, mais aussi sur les terres orthodoxes de Russie.
Pour le moment, un seul voyage est inscrit à l'agenda pontifical : en août prochain, Jean-Paul II doit se rendre à Cologne pour les 20e JMJ. Un déplacement en Irlande avait été envisagé en septembre dernier, à l'occasion du 25e anniversaire de sa première visite dans l'île. Il n'a pas eu lieu, mais reste à l'étude pour le printemps, ainsi qu'un neuvième voyage dans sa Pologne natale au mois de juin. Le Pape pourrait alors élever à la gloire des autels ses compatriotes dont il a reconnu les miracles en début de semaine. Enfin, le souverain pontife pourrait participer, fin mai, au congrès eucharistique de Bari, en Italie, dans le cadre de l'Année de l'eucharistie, que l'Eglise célèbre jusqu'en octobre prochain. Au Vatican, on explique cependant que pour économiser les forces du chef de l'Eglise catholique, ses déplacements doivent désormais être de courte durée et comprendre une ou deux étapes au maximum.
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