4.22.2005

Benoît XVI se veut un pape "disponible", attendu sur les dossiers de société

AFP
[vendredi 22 avril 2005 - 14h00]

CITE DU VATICAN (AFP) - Le pape Benoît XVI a placé vendredi son pontificat sous le signe de la "simplicité" et de la "disponibilité", mais le successeur de Jean Paul II est déjà attendu sur les dossiers de société qui opposent l'Eglise aux sociétés civiles occidentales alors que l'Espagne s'apprête à autoriser les mariages homosexuels.
Benoît XVI a reçu vendredi matin tous les cardinaux présents à Rome dans la salle Clémentine du palais apostolique, ceux qui l'ont élu en conclave mardi et ceux, âgés de plus de 80 ans, qui n'ont pas participé à l'élection.
Le pape Joseph Ratzinger leur a demandé de l'aider dans sa tâche par leur "proximité spirituelle", leurs "conseils éclairés" et leur "coopération concrète". Mais l'ancien préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, réputé pour sa rigueur dogmatique, n'a pas développé les orientations qu'il entendait donner à son pontificat.
Mercredi, au lendemain de son élection, il avait souligné sa volonté de poursuivre l'oeuvre du concile Vatican II et son engagement oecuménique. "J'ai conscience des limites de ma personne et de mes capacités", a-t-il affirmé vendredi, ajoutant qu'il voulait accomplir sa mission "avec simplicité et disponibilité". Benoît XVI a rendu hommage à son prédécesseur Jean Paul II, évoquant "l'ultime messe" célébrée par le pape défunt durant son agonie. Une messe "culminant dans l'+amen+ d'une vie entièrement offerte pour le salut du monde", a-t-il souligné.
Le nouveau pape, qui avait à sa droite le cardinal Angelo Sodano, son secrétaire d'Etat après avoir été celui de Jean Paul II, a reçu l'hommage de chacun des cardinaux venus s'agenouiller devant leur nouveau chef spirituel.
Le souverain pontife doit rencontrer samedi tous les journalistes accrédités au Vatican (ils sont plusieurs milliers, accourus pour les obsèques de Jean Paul II puis pour l'élection de son successeur).
Dimanche matin, il présidera la messe d'inauguration de son pontificat sur la place Saint-Pierre et prononcera sa première homélie de pape devant plusieurs centaines de milliers de fidèles.
Ces deux rendez-vous sont particulièrement attendus, pour les références que Benoît XVI pourra éventuellement y faire aux questions qui agitent le monde.
Au lendemain de vote par les députés espagnols d'une loi autorisant les mariages homosexuels, c'est le cardinal colombien Alfonso Lopez Trujillo, président du Conseil pontifical pour la famille, qui a fustigé "une loi profondément injuste" et appelé les élus catholiques espagnols à la "désobéissance civile".
"Toutes les professions" qui auraient un lien avec l'application de la loi "doivent exercer la même objection de conscience demandée aux médecins et infirmières contre un crime comme l'avortement", a déclaré le haut prélat dans le Corriere della Sera. "Ceci n'est pas facultatif", a-t-il insisté. "Tous les chrétiens (...) doivent être prêts à payer le prix le plus élevé, incluant aussi la perte de l'emploi".
Lorsqu'il était encore Joseph Ratzinger, Benoît XVI avait condamné comme "destructive pour la famille" la légalisation des unions homosexuelles. Une position défendue par Jean Paul II et par tout le haut clergé de l'Eglise catholique.
L'opposition réaffirmée de l'Eglise au mariage homosexuel met au second plan l'annonce par le journal La Repubblica d'une avancée du dossier douloureux des divorcés-remariés, qui concerne des centaines de couples catholiques privés de la communion.
Le cardinal Ratzinger s'apprêtait à donner un avis favorable à la réintégration dans la communion des personnes qui ne seraient pas responsables de la rupture d'un premier mariage.
Par ailleurs, selon la Stampa un "document secret" sur les scandales et manquements aux règle de l'Eglise parmi le clergé aurait contribué de manière indirecte au choix du successeur de Jean Paul II.
Ce document aurait inspiré la méditation particulièrement dure du cardinal Ratzinger lors du Chemin de Croix du vendredi saint. Il y avait parlé de "souillures dans l'Eglise, et particulièrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement".
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