2.26.2006

Benoît XVI convoque son premier consistoire

Le pape a créé mercredi 22 février quinze nouveaux cardinaux, dont deux pour la France. Le premier consistoire du pontificat de Benoît XVI se réunira le 24 mars
Le pape Benoît XVI au cours de l'audience générale de mercredi 22 février, au cours de laquelle il a annoncé la création de 15 nouveaux cardinaux (photo Cito/AP)
C’est une nouvelle étape pour ce pontificat. Benoît XVI a annoncé mercredi 22 février la réunion d’un consistoire le 24 mars, pour la création de 15 nouveaux cardinaux, dont 12 électeurs. Parmi eux, trois appartiennent à la curie, dont le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, l’Américain William Levada. Neuf sont des archevêques résidentiels, dont Mgr Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et président de la Conférence des évêques de France.
Un autre Français se trouve parmi les trois futurs cardinaux âgés de plus de 80 ans, donc non électeurs du pape, le P. Albert Vanhoye, jésuite, qui fut secrétaire de la Commission biblique pontificale. Ce qui porte à neuf le nombre de cardinaux français, à égalité avec l’Espagne, derrière l’Italie et devant la Pologne.
Une première période du nouveau pontificat s’était symboliquement close la semaine dernière, lorsque, lors de l’audience générale, Benoît XVI annonçait être parvenu au terme de la série des commentaires de psaumes du mercredi lancée par Jean-Paul II. Comme si l’ère du deuil de l’ancien pape était désormais derrière lui. Cette semaine, tout aussi symboliquement, le pape a choisi la date de la fête de la Chaire de saint Pierre pour annoncer son premier consistoire. L’ancien professeur de théologie a souligné combien cette journée était « particulièrement appropriée ».

"Soutenir et aider le successeur de Pierre"

« Cette annonce, a-t-il en effet expliqué mercredi 22 février, se tient opportunément le jour de la fête de la Chaire de Pierre, parce que les cardinaux ont le devoir de soutenir et d’aider le successeur de Pierre dans l’accomplissement du devoir qui lui est confié dans le service de l’Église. » Le pape s’était auparavant livré à une catéchèse très pédagogique sur le rôle du successeur de Pierre, évêque de Rome, « au service de toutes les Églises particulières ».
Contrairement à son prédécesseur polonais, Benoît XVI ne crée donc qu’un nombre réduit de nouveaux cardinaux électeurs. Douze exactement, afin, a-t-il noté, de ne pas dépasser la limite des 120 électeurs qui avait été fixée par Paul VI et que Jean-Paul II avait confirmée même s’il lui était parfois arrivé de la dépasser. En effet, si l’Église compte aujourd’hui 110 cardinaux âgés de moins de 80 ans, ils ne seront plus que 108, le 24 mars, puisque les cardinaux Agré (Côte d’Ivoire) et Connell (Irlande) auront alors atteint l’âge limite pour être électeur. Sauf mort de l’un d’entre eux bien sûr.
Ce choix est significatif d’une méthode de gouvernement. Ainsi, le pape pourrait ne pas hésiter à convoquer régulièrement de nouveaux consistoires, pour maintenir à 120 le nombre des cardinaux électeurs. Cela lui offrirait l’occasion de réunir plus souvent le Sacré Collège, qui verrait ainsi son rôle renforcé pour, selon le code de droit canonique, canon 349, « assister le Pontife romain en agissant collégialement (…) pour traiter des questions de grande importance (…) dans le soin quotidien de l’Église tout entière ».

Réunion de prière et de travail le 23 mars

Benoît XVI s’était d’ailleurs engagé, dès son message pour la messe de clôture du conclave qui l’avait élu, à renforcer la collégialité dans l’Église catholique. La convocation, annoncée également hier, de tous les cardinaux à une réunion de « prière et de travail » le 23 mars, veille du consistoire, va dans le même sens. Benoît XVI pourrait leur soumettre des questions d’intérêt majeur, comme la réforme de la curie. Il a d’ailleurs explicitement comparé hier le collège des cardinaux à « une sorte de Sénat », dont les membres devaient l’aider dans son ministère. Jean-Paul II avait fait preuve, au début de son pontificat, de la même volonté de redonner plus de vigueur à l’institution cardinalice, et avait réuni à plusieurs reprises les cardinaux en consistoires extraordinaires, le dernier remontant à 2001.
La répartition géographique des nouveaux cardinaux porte clairement la marque de l’intérêt de Benoît XVI pour l’Asie. Ce continent va compter trois nouveaux cardinaux. L’Asie, et la Chine en premier lieu, reviennent en effet souvent aujourd’hui à Rome comme une priorité en matière d’évangélisation. Par ailleurs, avec l’élévation à la pourpre cardinalice de Mgr Joseph Zen Ze-kiun, évêque de Hong Kong, le Saint-Siège envoie un signal au gouvernement chinois. Ce prélat est connu pour ses positions déclarées en faveur de la liberté religieuse, et son franc-parler à l’égard des autorités de son pays.
Avec 13 cardinaux électeurs, l’Asie aura donc largement dépassé l’Afrique, qui n’en comptera plus que neuf. Benoît XVI créera un seul nouveau cardinal africain, qui a plus de 80 ans, le Ghanéen Dery, archevêque émérite de Tamale. « Il faut dire, confie un observateur de la curie, que la situation de l’Église africaine est aujourd’hui particulièrement complexe, et que le pape a du mal à dégager de nouvelles figures ecclésiales. »

Isabelle de GAULMYN, à Rome

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REPERES
Les consistoires

-Le consistoire est la réunion de tous les cardinaux autour du pape. La création des cardinaux se fait en consistoire. Lors du consistoire, est attribuée aux nouveaux cardinaux la barrette rouge, avec le nom de l’église titulaire qui leur est attribuée à Rome. L’anneau leur est remis le lendemain, lors de la concélébration eucharistique autour du pape.
-Les 9 consistoires de Jean-Paul II : 30 juin 1979 (15 cardinaux) ; 2 février 1983 (18 cardinaux) ; 25 mai 1985 (28 cardinaux) ; 28 juin 1988 (24 cardinaux) ; 28 juin 1991 (22 cardinaux) ; 26 novembre 1994 (30 cardinaux) ; 21 février 1998 (22 cardinaux) ; 21 février 2001 (42 cardinaux) ; 21 octobre 2003 (30 cardinaux).
-Au total, Jean-Paul II a créé 231 cardinaux.
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