2.23.2005

Jean Paul II fustige l'avortement en le qualifiant d'"extermination légale"

LEMONDE.FR | 23.02.05 | 09h56  •  MIS A JOUR LE 23.02.05 | 10h16
L'avortement constitue une "extermination légale" comparable à la Shoah et aux autres génocides de l'histoire de l'humanité et le mariage homosexuel un instrument du diable menaçant la société, écrit le pape Jean Paul II dans un livre publié, mardi 22 février en Italie.
Le pape Jean Paul II rapproche l'avortement et l'Holocauste dans un chapitre de son nouveau livre Mémoire et identité présenté, mardi 22 février, à Rome par le cardinal allemand Josef Ratzinger. Ce rapprochement est fait dans le chapitre 22, intitulé "La démocratie contemporaine", de ce livre de réflexion.
Dans cet ouvrage, Mémoire et identité, le chef de l'Eglise catholique se dit également convaincu que Mehmet Ali Agça, le tireur turc qui a tenté de l'assassiner en 1981, n'a pas agi seul et que l'ex-bloc soviétique a pu jouer un rôle dans l'attentat contre sa vie. Cinquième livre publié par le pape depuis le début de son pontificat, Mémoire et identité est un ouvrage philosophique dans lequel le Saint-Père s'attache, sur la base de conversations avec des philosophes, à définir les natures du Bien et du Mal.
Mais dans un chapitre consacré au rôle des législateurs, au détour d'allusions aux "pressions" exercées, dit-il, sur le Parlement européen pour les autoriser, il s'en prend aux mariages homosexuels. "Il est légitime et nécessaire de se demander s'il ne s'agit peut-être pas d'une composante d'une nouvelle idéologie du Mal, peut-être plus insidieuse et plus secrète, qui tente d'opposer les droits humains à la famille et à l'homme", écrit-il.

"EXTERMINATION LÉGALE"

Une autre partie de Mémoire et identité, publié par l'éditeur italien Rizzoli, suscite également la controverse, celle où le pape aborde la question de l'avortement. Après avoir évoqué la "solution finale" mise en œuvre par le régime hitlérien visant à exterminer les juifs et la répression des opposants dans les régimes communistes d'après 1945, Jean Paul II estime que des Parlements légalement élus dans des ex-pays totalitaires sont aujourd'hui en train de légaliser ce qu'il qualifie de nouvelles formes du Mal et de nouvelles exterminations.
"L'extermination légale d'êtres humains qui ont été conçus mais ne sont pas encore nés est toujours en cours", écrit-il notamment. "Et cette fois, nous parlons d'une extermination qui a été autorisée par rien moins que des Parlements démocratiquement élus où l'on entend normalement des appels aux progrès de la société et de l'humanité."
En Allemagne, où des extraits de ce livre ont été prépubliés, le Conseil central des juifs a jugé inacceptable cette comparaison. Présentant mardi soir Mémoire et identité, le cardinal allemand Josef Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a rejeté cette polémique. Le pape, a-t-il assuré, "n'a pas tenté de mettre l'Holocauste et l'avortement sur un même plan", mais a seulement voulu prévenir que le Mal s'immisçait partout, "même dans les systèmes politiques libéraux".

COMPLOT COMMUNISTE

Jean Paul II revient aussi longuement sur la tentative d'assassinat dont il a été la cible le 13 mai 1981 place Saint-Pierre. Il écrit que Mehmet Ali Agça, le tireur turc qui a fait feu sur lui, n'a pas pris l'initiative de cet attentat. "Quelqu'un d'autre l'a dirigé et quelqu'un d'autre l'a commandité", dit-il. Deux procès tenus au début des années 1980 n'ont pas permis d'établir, comme l'affirmaient les procureurs, que les services secrets bulgares étaient à l'origine de cette tentative d'assassinat.
En 1981, Jean Paul II, le premier pape polonais de l'histoire, soutenait activement la campagne du syndicat Solidarité de Lech Walesa, que l'Union soviétique considérait comme une menace pour la stabilité du bloc communiste. Pour le pape, cette tentative d'assassinat a peut-être constitué "la dernière convulsion" des idéologies du XXe siècle - allusion transparente au communisme.

Avec AFP et Reuters
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