2.02.2005

Une santé très fragile

(Avec AFP.)
[Le Figaro, 02 février 2005]

Le pape Jean Paul II, 84 ans, hospitalisé d'urgence hier soir à Rome à la suite de problèmes respiratoires, est un vieil homme malade et fragile dont chaque problème de santé préoccupe ses médecins.
Depuis sa blessure par balle lors de l'attentat du 13 mai 1981 sur la place Saint Pierre, l'Eglise a dû apprendre à communiquer sur la santé de Jean Paul II et surtout à combattre les rumeurs, souvent déclenchées par ses propres dirigeants.
Cinq semaines après l'attentat, Jean Paul II avait de nouveau été hospitalisé en raison d'une infection consécutive à la première opération.
Il a ensuite connu une dizaine d'années de répit, puis en juillet 1992 il a de nouveau été opéré, cette fois-ci pour l'ablation d'une tumeur bénigne au colon.
Après cette date, ses ennuis de santé ont connu une accélération, rendant le pape impotent en une dizaine d'années.
En novembre 1993, Jean Paul II a été opéré pour une luxation à l'épaule après une chute accidentelle et, en avril 1994, il a de nouveau été hospitalisé après s'être fracturé le col du fémur en glissant dans sa salle de bain.
Ala suite de cet accident, le souverain pontife a semblé avoir brusquement vieilli, comme cela arrive souvent pour les personnes âgées qui se cassent le col du fémur: il était à l'époque âgé de 74 ans.
Ala même période se manifestèrent les premiers problèmes liés à une appendicite. A Noël 1995, il dut interrompre sa traditionnelle bénédiction «urbi et orbi» (à la ville et au monde), transmise en direct par des dizaines de télévisions du monde entier, pris par une nausée qui l'avait contraint à regagner précipitamment sa chambre.
L'aggravation des symptômes l'a contraint à une opération de l'appendicite en octobre 1996 et depuis ce moment, les ravages de la maladie de Parkinson, dont il souffrait depuis des années, devinrent nettement plus visibles.
La situation empira, au point qu'au début des années 2000, les médicaments qu'il prenait contre cette maladie «agirent de moins en moins, lui permettant de +tenir+ pendant deux heures environ», selon des sources vaticanes.
Le Vatican a longtemps tenté de minimiser les problèmes de santé du chef de l'Eglise catholique, un sujet longtemps tabou.
Mais les plus hauts responsables de l'Eglise ont dû se rendre à l'évidence après le voyage en Slovaquie de 2003 et les images du pape souffrant qui ont fait le tour du monde.
Et les cérémonies organisées pour le 25ème anniversaire de son pontificat en octobre 2003 l'avaient montré épuisé.
Le pape est aujourd'hui impotent et sa santé est très fragile. Il est en permanence suivi par une équipe médicale et sa santé requiert un appareil défibrillateur, une bouteille d'oxygène et une mallette contenant des poches de sang A Rhésus négatif congelées.
Les médecins craignent une hémorragie interne, une phlébite ou une embolie pulmonaire, car Jean Paul II montre de plus en plus de difficultés à reprendre son souffle lors de ses interventions publiques. Or les malades atteints de Parkinson courent un risque d'étouffement en cas de toux et d'encombrement des bronches.
Dimanche, lors de sa dernière apparition publique pour la prière de l'Angelus, il avait la voix enrouée. Le lendemain, le Vatican annonçait qu'il avait attrapé la grippe et mardi soir, il était hospitalisé d'urgence pour des problèmes respiratoires, la hantise de ses médecins.

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