3.14.2005

Le pape a regagné le Vatican dimanche

LEMONDE.FR | 13.03.05 | 13h47 • MIS A JOUR LE 14.03.05 | 00h49
La sortie d'hôpital de Jean-Paul II était prévu dans les prochains jours, mais pas si rapidemment.

Jean Paul II est rentré au Vatican dimanche 13 mars, après 18 jours à la polyclinique Gemelli et une seconde hospitalisation. Les traits tirés, le pape, âgé 84 ans, a quitté l'hôpital peu après 18 heures à bord d'un monospace gris clair où une caméra avait été installée permettant de voir en direct le pape saluer et bénir la foule massée sur le passage du véhicule.
Plus tôt, Jean Paul II avait gratifié les fidèles de quelques paroles en italien et en polonais. C'étaient ses PREMIÈRES PAROLES en public depuis la trachéotomie pratiquée le 24 février, pour pallier de graves troubles respiratoires et poser une canule, qu'il conserve pour l'instant.
Le souverain pontife poursuivra sa convalescence au Vatican, où l'attend une chambre ultra-médicalisée afin d'assurer une surveillance jour et nuit, et prévenir des risques d'infection pulmonaire.
Son retour au Vatican était attendu dans les prochains jours, mais pas aussi rapidement. Son porte-parole Joaquin Navarro-Valls s'était contenté de dire que le pape serait à nouveau chez lui pour Pâques, temps fort de la liturgie catholique qui débute avec le dimanche des Rameaux le 20 mars.

PREMIÈRES PAROLES

Suivant les médecins, qui lui conseillent de se ménager, le pape devra réduire au minimum sa participation aux célébrations de la semaine sainte. Il donnera sa bénédiction Urbi et Orbi ("A la ville et au monde") à midi après la messe du dimanche de Pâques, mais ses collaborateurs doivent présider la plupart des autres cérémonies, selon le programme publié par le Vatican.
Dimanche, au cours du traditionnel rendez-vous dominical avec les fidèles pour la prière de l'Angélus, Jean Paul II est apparu amaigri. Il s'est montré à la fenêtre de sa chambre d'hôpital et a prononcé ses premières paroles en public depuis l'opération qui l'avait privé provisoirement de sa voix.
"Chers frères et soeurs, merci de votre visite", a notamment dit le pape, qui s'est exprimé en italien devant un micro tenu par un de ses collaborateurs et a dit quelques mots en polonais. Il s'est exprimé d'une voix relativement ferme et intelligible, même si son élocution reste laborieuse et s'il a dû s'interrompre pour reprendre son souffle. Cette brève adresse était retransmise par des haut-parleurs à quelques milliers de pèlerins rassemblés place Saint-Pierre et à l'hôpital.

"JE M'ATTENDS À VOIR UN PROCHAIN PAPE"

L'annonce de sa sortie d'hôpital, suivant de peu son apparition, a surpris la foule émue de l'avoir entendu parler à nouveau. Plusieurs centaines de fidèles s'étaient massés en fin d'après-midi devant l'hôpital pour souhaiter à Jean Paul II un bon retour au Vatican, tout en ne cachant pas leur étonnement de le voir quitter le Gemelli plus tôt que prévu.
"On ne s'attendait pas à ce qu'il sorte aujourd'hui (...) mais le pape nous a habitués à tant de surprises, une de plus", s'est réjouit une religieuse. D'autres se sont montrés plus circonspects. "Je suis très étonné par le retour de Jean Paul II et j'espère qu'il ne rentre pas pour les mauvaises raisons. On se demande si à le faire rentrer aussi tôt (...) on n'essaie pas de cacher quelque chose", s'est interrogé Gian Maurizio de Fabritiis, un Romain habitant à proximité de la place Saint-Pierre. "Il est possible qu'il soit vraiment mieux, mais il est aussi beaucoup plus probable qu'il soit au plus mal. Dans les mois à venir, je m'attends à voir un prochain pape", a-t-il conclu, pessimiste.
Peu après le retour du pape au Vatican, les fenêtres de ses appartements se sont illuminées. La place Saint-Pierre, fermée pour son passage, a été rouverte au public et un millier de personnes se sont rassemblées sous les fenêtres du pape pour des chants et des saluts.
Dans un message, lu en son nom place Saint-Pierre par Mgr Leonardo Sandri en fin de matinée, Jean Paul II avait pris congé des médias qui ont suivi son hospitalisation en les remerciant. Il les a aussi appelés à se montrer "responsables" en fournissant une information "précise et respectueuse de la dignité de la personne humaine".

Avec AFP
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