6.07.2005

Le secrétaire de Jean-Paul II n'a pas respecté le testament du pape

VATICAN Mgr Stanislas Dziwisz a avoué ne pas avoir brûlé les notes du défunt pontife

Le Vatican : Hervé Yannou
[Le Figaro, 07 juin 2005]


L'ancien secrétaire personnel de Jean-Paul II et son exécuteur testamentaire lui a désobéi. Mgr Stanislas Dziwisz, fraîchement nommé à l'archevêché de Cracovie, a, samedi dernier, confié au micro de la radio polonaise qu'il n'avait pas pu se résoudre à brûler papiers, documents et notes manuscrites du défunt pape. Ce dernier le lui avait pourtant demandé dans son testament rendu public quelques jours après sa mort.
Renvoyé en Pologne sur le siège qu'occupa le cardinal Wojtyla, Stanislas Dziwisz veut y être un «témoin de Jean-Paul II». Aiguisant la curiosité, il a ainsi confié avoir conservé «d'assez nombreuses» notes manuscrites du pape sur différents sujets, sans donner plus de détails. «Rien n'a été brûlé. Rien n'est destiné à être brûlé, tout devrait être préservé, gardé pour l'histoire, pour les générations futures.» Il a assuré que tous ces écrits devaient être strictement examinés, classés et éventuellement mis «à la disposition du public». Mgr Dziwisz a aussi révélé qu'il avait tenu jour après jour un journal intime durant tout le pontificat de Jean-Paul II. Il s'est dit prêt à le remettre aux historiens, afin de servir au procès en béatification de Karol Wojtyla que Benoît XVI a décidé d'ouvrir il y a trois semaines.
Dans les dernières années du pontificat, au fur et à mesure que la santé du pape se dégradait, le rôle de «Don Stanislas» n'avait cessé de croître au Vatican. Plus qu'un fidèle secrétaire, celui que l'on qualifie parfois de «fils adoptif» de Jean-Paul II, était aussi son conseiller écouté. La confiance que Karol Wojtyla avait depuis 1966 en Stanislas Dziwisz, peut se lire dans les honneurs inédits dont le pape l'a couvert. Sacré évêque, puis créé archevêque, Mgr Dziwisz était aussi vice-préfet de la Maison pontificale. Un poste créé pour lui. Dans son testament, où il n'a cité le nom que de trois personnes, Jean-Paul II le remerciait de sa «collaboration», de «son aide prolongée et compréhensive au cours des années».
Une collaboration qui se poursuit au-delà de la mort. En révélant l'existence de ces écrits, Stanislas Dziwisz a répondu à l'Edit public fixant l'ouverture de la cause en béatification de Jean-Paul II. Le texte placardé la semaine dernière sur les portes du vicariat de Rome et de l'archevêché de Cracovie appelle à faire connaître toutes les informations, les écrits personnels inconnus, lettres et journaux privés favorables ou défavorables à Jean-Paul II.
Il revient à Benoît XVI de décider si le nouvel archevêque de Cracovie – sans doute futur cardinal – a commis une faute, en conservant des écrits du pape polonais. C'est à lui seul que l'exécuteur testamentaire de Karol Wojtyla doit rendre compte de sa mission. Le Pape l'a reçu hier en audience. Mais au Vatican, on n'est pas sans savoir que les dernières volontés d'un pape ne sont pas toujours respectées. Et ce pour la bonne cause. MgrMacchi, le secrétaire particulier de Paul VI, n'aurait pas non plus détruit tous les écrits du pape, contrairement à ce qui lui avait été demandé. Le procès en béatification de Paul VI est lui aussi en cours.
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