5.30.2005

Pour son premier voyage, Benoît XVI prêche le dialogue avec l'orthodoxie

LE MONDE | 30.05.05 | 14h06  •  Mis à jour le 30.05.05 | 14h06
BARI de notre envoyé spécial

En se rendant à Bari, dimanche 29 mai, pour conclure le 24e congrès eucharistique national italien, Benoît XVI voulait honorer un rendez-vous pris par son prédécesseur Jean Paul II. Ce premier déplacement du nouveau pape avait valeur de test.
Plus de 100 000 personnes patientaient sous l'ardent soleil des Pouilles, dans le port de Bari sur l'Adriatique, lorsque l'hélicoptère s'est posé. Accueil fervent, mais sans enthousiasme débordant. Le pape est apparu à l'aise et souriant, mais il ne s'est pas écarté d'un programme strictement minuté et limité à la célébration de la messe en plein air.
Venue en voisine de Lecce, Marisa Pignanelli disait sa confiance dans le pontificat qui commence : "Ce pape sera peut-être plus grand que le précédent. Il suffit d'écouter ce qu'il dit, sourit-elle. Il affirme la primauté de Pierre et la vérité de l'Eglise, mais aussi l'ouverture aux Eglises des autres."
Précisément, Benoît XVI a profité de son voyage à Bari, où reposent les reliques de saint Nicolas, un chrétien d'Asie mineure ayant vécu au IVe siècle - que vénèrent aussi bien les catholiques que les orthodoxes - pour confirmer son appel à une réconciliation des chrétiens divisés.
"Ici, à Bari, terre de rencontre et de dialogue avec les frères chrétiens de l'Orient, je voudrais réaffirmer ma volonté d'assumer l'engage-ment fondamental de travailler, avec toute mon énergie, à la reconstruction de la pleine et visible unité de tous les fidèles du Christ", a-t-il déclaré dans son homélie.
Ce passage a été longuement applaudi par la foule. Le thème de l'oecuménisme avait déjà été abordé, dans les jours précédents, par le Congrès eucharistique. Le cardinal allemand Walter Kasper, président du Conseil pour l'unité des chrétiens, avait émis l'idée d'organiser à Bari "un synode des évêques grecs et latins comme celui de 1098" (qui avait tenté de mettre fin au schisme de 1054).
Au cours d'une messe de deux heures, Benoît XVI a donc exhorté les fidèles à "prendre avec décision le chemin de l'oecuménisme spirituel, pour qu'il ouvre dans la prière les portes à l'Esprit saint, qui seul peut créer l'unité" . Il n'a pas dévié du thème choisi par le congrès de Bari - la célébration de l'eucharistie dominicale , défendant le repos du dimanche contre la "consommation effrénée". Et il a insisté : "L'eucharistie est le sacrement de l'unité. Malheureusement, les chrétiens sont divisés précisément dans ce sacrement." La présence de plusieurs religieux orthodoxes lors de la célébration, et surtout le fait que l'Evangile a été chanté en grec, ont constitué des symboles éloquents de la volonté du pape.
Il n'a pas abordé les thèmes d'actualité, comme le référendum qui divise l'Italie sur la fécondation médicalement assistée. L'Eglise s'est engagée dans la campagne en recommandant l'abstention, les 12 et 13 juin, pour faire échouer cette consultation d'initiative populaire en faveur d'une libéralisation de la législation. Le pape pourrait s'engager lors de la réunion annuelle des évêques italiens, les lundi 30 et mardi 31 mai.

Jean-Jacques Bozonnet
Article paru dans l'édition du 31.05.05
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