9.20.2005

Carla Del Ponte accuse l'Eglise catholique de protéger un criminel croate

LEMONDE.FR | 20.09.05 | 20h28 • Mis à jour le 20.09.05 | 20h54

La procureure du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie Carla Del Ponte a accusé le Vatican de protéger un important criminel de guerre croate, le général Ante Gotovina, dans un entretien au Daily Telegraph daté du mardi 20 septembre. Mme Del Ponte a soutenu, dans les colonnes du quotidien britannique, avoir "des informations selon lesquelles il se cache dans un monastère franciscain". "Et donc le Vatican le protège", a-t-elle poursuivi indiquant qu'elle avait "abordé cette question avec le Vatican [qui] refuse totalement de coopérer avec nous [le TPIY]".
Carla Del Ponte s'était rendue à Rome en juillet pour vérifer ses informations. L'archevêque Giovanni Lajolo, le "ministre des affaires étrangères du Vatican", a refusé de l'aider, affirmant que le Vatican n'était pas un Etat et n'avait dont aucune "obligation internationale" en matière de justice internationale, selon le Daily Telegraph. "Ils disent qu'ils n'ont pas de renseignements, mais je ne le crois pas. Je crois que l'Eglise catholique a un service de renseignement extrêmement développé", a déclaré Mme Del Ponte.

UNE LETTRE AU PAPE BENOÎT XVI

Mme Del Ponte estime que le Vatican pourrait probablement trouver "en quelques jours" dans quel monastère se trouve le général Ante Gotovina, parmi les 80 que compte le pays, rapporte le journal. "Mais elle a été (...) extrêmement déçue (...) de se trouver face à un mur de silence du Vatican", rapporte le journal. "Mgr Lajolo m'a dit : 'Faites-moi savoir dans quel monastère Gotovina se cache.' Je lui ai répondu : 'Si je le savais, je ne serais pas ici à Rome'", a-t-elle dit. Frustrée du manque de résultats de ses discrets efforts, dont une lettre au pape Benoît XVI pour laquelle elle n'a reçu aucune réponse, elle a décidé de rendre l'affaire publique.

ACCUSATIONS REJETÉES

A la lecture du Daily Telegraph, un porte-parole de l'Eglise croate, Anton Sulic, a déclaré à l'agence Hina les déclarations du procureur"inacceptables". Il a dit rejeter "fermement les accusations de Mme Del Ponte à l'adresse du Saint-Siège et de l'Eglise catholique de Croatie". L'Eglise catholique croate "n'a aucune information quant à l'endroit où pourrait se trouver le général fugitif Gotovina", a-t-il ajouté affirmant ensuite "comprendre les frustrations" de la procureure. Ivo Sanader, le premier ministre croate, n'en sait pas davantage. Il a déclaré à la presse que selon ses propres informations "on ne peut pas conclure que Gotovina se trouve en Croatie".
Plus prolixe, le ministère de l'intérieur croate a admis avoir "été en possession de certaines informations selon lesquelles Ante Gotovina se cacherait dans un édifice religieux en Croatie". "Mais, après vérifications, au cours desquelles les autorités locales de l'Eglise ont été plus que coopérantes, il a été conclu que ces informations n'étaient pas véridiques", a déclaré à la presse un porte-parole du ministère, Zlatko Mehun.

Avec AFP
-->