Le Vatican veut garantir les droits des chrétiens d'Irak
Le pape Benoît XVI reçoit aujourd'hui le président irakien, Jalal Talabani, au moment où les chrétiens d'Irak émigrent en masse.
Hervé Yannou
[Le Figaro, 10 novembre 2005]
SEMAINE IRAKIENNE au Vatican. Aujourd'hui, le pape Benoît XVI reçoit en audience le président Jalal Talabani, en visite en Italie. Après l'adoption, le 15 octobre, de la nouvelle Constitution irakienne, qui cite l'islam comme «source principale du droit» dans le pays des deux fleuves, le Pape ne devrait pas manquer de rappeler au président les principes du respect de la liberté religieuse et des droits de la minorité chrétienne, insatisfaite du texte constitutionnel jugé trop «confessionnel».
Même si le Saint-Siège a apporté son soutien à la construction du nouvel État irakien, les diplomates du Vatican craignent de voir s'instaurer dans le pays un régime islamique hostile aux chrétiens. Ces inquiétudes sont partagées par les évêques chaldéens, qui représentent la principale et plus ancienne communauté chrétienne d'Irak, forte d'un demi-million de fidèles. Parallèlement à la visite de Talabani, ils se retrouvent aujourd'hui à Rome pour une réunion extraordinaire à huis clos d'une semaine. Officiellement, le synode de cette Église catholique de rite oriental doit se pencher sur des questions liturgiques et normatives. Mais les enjeux sont ailleurs.
Prosélytisme évangélique
La vingtaine d'évêques chaldéens d'Irak et de la diaspora (150 000 fidèles) se réunissent habituellement une fois par an. Après une première rencontre il y a six mois, l'urgence de la situation leur impose un second synode, loin du théâtre des événements. Pour Mgr Louis Sako, évêque de Kirkouk (Nord), il est urgent que l'Église chaldéenne arrête «d'improviser» et qu'elle se fixe une «ligne directrice» pour présenter «courageusement» au gouvernement ses griefs et les changements à apporter à la Constitution. Mais «nous n'avons pas de vision de l'avenir politique du pays», déplore-t-il.
Autre source d'inquiétude pour l'Église chaldéenne, l'émigration massive de ses fidèles. D'août à octobre 2005, 10 000 à 40 000 d'entre eux auraient ainsi quitté le pays à la recherche de sécurité. L'Église chaldéenne doit aussi faire face au «prosélytisme croissant des Églises évangéliques» arrivées en Irak dans les fourgons de l'armée américaine. Ces méthodistes et presbytériens seraient plus avides d'argent que soucieux de défendre l'Évangile, regrette le patriarche chaldéen de Bagdad, Emmanuel III Delly.
L'Église chaldéenne veut lancer un appel à la communauté internationale pour qu'elle garantisse à l'Irak un véritable avenir démocratique. Les troupes de la coalition doivent «faire quelque chose» sinon leur présence «n'est plus justifiée», a expliqué Mgr Philip Najim, représentant du patriarcat chaldéen au Saint-Siège, sur les ondes de Radio Vatican.
Hervé Yannou
[Le Figaro, 10 novembre 2005]
SEMAINE IRAKIENNE au Vatican. Aujourd'hui, le pape Benoît XVI reçoit en audience le président Jalal Talabani, en visite en Italie. Après l'adoption, le 15 octobre, de la nouvelle Constitution irakienne, qui cite l'islam comme «source principale du droit» dans le pays des deux fleuves, le Pape ne devrait pas manquer de rappeler au président les principes du respect de la liberté religieuse et des droits de la minorité chrétienne, insatisfaite du texte constitutionnel jugé trop «confessionnel».
Même si le Saint-Siège a apporté son soutien à la construction du nouvel État irakien, les diplomates du Vatican craignent de voir s'instaurer dans le pays un régime islamique hostile aux chrétiens. Ces inquiétudes sont partagées par les évêques chaldéens, qui représentent la principale et plus ancienne communauté chrétienne d'Irak, forte d'un demi-million de fidèles. Parallèlement à la visite de Talabani, ils se retrouvent aujourd'hui à Rome pour une réunion extraordinaire à huis clos d'une semaine. Officiellement, le synode de cette Église catholique de rite oriental doit se pencher sur des questions liturgiques et normatives. Mais les enjeux sont ailleurs.
Prosélytisme évangélique
La vingtaine d'évêques chaldéens d'Irak et de la diaspora (150 000 fidèles) se réunissent habituellement une fois par an. Après une première rencontre il y a six mois, l'urgence de la situation leur impose un second synode, loin du théâtre des événements. Pour Mgr Louis Sako, évêque de Kirkouk (Nord), il est urgent que l'Église chaldéenne arrête «d'improviser» et qu'elle se fixe une «ligne directrice» pour présenter «courageusement» au gouvernement ses griefs et les changements à apporter à la Constitution. Mais «nous n'avons pas de vision de l'avenir politique du pays», déplore-t-il.
Autre source d'inquiétude pour l'Église chaldéenne, l'émigration massive de ses fidèles. D'août à octobre 2005, 10 000 à 40 000 d'entre eux auraient ainsi quitté le pays à la recherche de sécurité. L'Église chaldéenne doit aussi faire face au «prosélytisme croissant des Églises évangéliques» arrivées en Irak dans les fourgons de l'armée américaine. Ces méthodistes et presbytériens seraient plus avides d'argent que soucieux de défendre l'Évangile, regrette le patriarche chaldéen de Bagdad, Emmanuel III Delly.
L'Église chaldéenne veut lancer un appel à la communauté internationale pour qu'elle garantisse à l'Irak un véritable avenir démocratique. Les troupes de la coalition doivent «faire quelque chose» sinon leur présence «n'est plus justifiée», a expliqué Mgr Philip Najim, représentant du patriarcat chaldéen au Saint-Siège, sur les ondes de Radio Vatican.
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