10.04.2005

Les évêques chinois absents du synode

VATICAN Pékin n'a pas autorisé les quatre prélats à se rendre à Rome pour l'assemblée qui s'est ouverte hier.

Hervé Yannou
[Le Figaro, 04 octobre 2005]


POUR LA PREMIÈRE SÉANCE du synode des évêques à Rome, lundi, les quatre fauteuils des évêques chinois invités par Benoît XVI à cette assemblée consultative sont restés vides. Pékin ne leur a pas délivré leur visa. «La Chine et le Vatican sont d'accord» sur cette décision, auraient rapporté des officiels chinois, expliquant que pour organiser une telle visite, il faut des relations diplomatiques.
C'est justement l'un des grands objectifs du Saint-Siège depuis l'avènement de Benoît XVI. L'invitation lancée à trois évêques de l'Eglise officielle chinoise et à un évêque de l'Eglise clandestine fidèle à Rome avait valeur de ballon d'essai. Au Vatican, l'optimisme n'est que de façade. Comme aucune réponse officielle, positive ou négative, de Pékin n'est parvenue au Saint-Siège, on espère encore que les évêques pourront rejoindre Rome durant les trois semaines du synode.
Selon l'analyse de Mgr Nikola Eterovic, secrétaire général du synode et ancien diplomate, la République populaire de Chine, «aurait intérêt à ce qu'ils viennent, sinon ce serait le seul pays dont les évêques seraient absents» . Même le Vietnam communiste, qui n'a pas d'ambassadeur auprès du Pape, a laissé ses deux évêques participer au synode.
Dans les couloirs du Vatican, on affirme malgré tout qu'il n'est pas question de rompre le dialogue avec Pékin, même si on estime parfois avoir été «trompé». Les diplomates du pape préparaient la venue des évêques depuis un an avec l'ambassade de Chine en Italie. L'âge avancé de certains évêques invités, le fait de ne pas avoir adressé cette invitation directement à Pékin, ou les divisions au sein de l'Association patriotique de l'Eglise officielle apparaissent comme des excuses de mauvaise foi. Si les autorités l'avaient voulu, les évêques seraient venus.
Une délégation du Conseil chrétien de Chine, regroupant les Eglises protestantes du pays, n'avait pas été autorisée, à la mi-septembre, à se rendre à Rome pour participer à un colloque sur les relations entre Eglises chrétiennes chinoises et européennes. Cette interdiction avait alors été interprétée comme le signe de l'aveuglement politique de l'empire du Milieu face à la réalité religieuse.
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