4.01.2005

Les fidèles prient pour Jean Paul II sur la place Saint Pierre

Reuters 01.04.05 | 13h11

par Phil Stewart et Robin Pomeroy

CITE DU VATICAN (Reuters) - Unis dans la prière devant la basilique Saint-Pierre, plusieurs centaines de fidèles rongés par l'angoisse attendent, les yeux rivés sur les fenêtres des appartements du pape Jean Paul II.
Beaucoup serrent entre leurs mains des petites bougies ou des rosaires et fixent les fenêtres du palais apostolique où le souverain pontife, âgé de 84 ans, livre combat contre la maladie.
Certains se sont agenouillés sur la place inondée de soleil, où les touristes présents comme tous les jours sentent qu'un événement extraordinaire, l'agonie d'un pape, se déroule sous leurs yeux. "On ressent vraiment quelque chose dans l'atmosphère, comme un sentiment d'anticipation", souligne Albert de Vos, venu de Belgique.
"Les souffrances du pape devraient faire réfléchir le monde. Il souffre comme Dieu souffre lorsqu'il observe le monde", estime Maria Tari, venue avec son époux et leurs deux jeunes fils de Bari, dans le sud de l'Italie.
Son mari, Umberto, parle déjà de Karol Wojtyla au passé. "Il a défait la barrière entre l'Ouest et l'Union soviétique. Le Mur (de Berlin) interdisait aux hommes de se parler. Il a été le pape qui a parlé aux peuples et leur a dit que seule la parole pouvait régler les problèmes du monde", dit-il.
Les premiers fidèles se sont rassemblés spontanément près du haut lieu de la chrétienté dès jeudi soir, lorsque les premières informations ont circulé sur la brutale aggravation de l'état de santé du Saint-Père.
"Nous étions chez nous quand nous avons appris la nouvelle, et nous sommes venus immédiatement", explique Mounir Bahari, un Egyptien de 61 ans accompagné de son fils, sur la place Saint Pierre. "Nous espérons que le pape survivra, mais ça va être difficile."
"Nous avons appris la nouvelle et nous sommes venus prier. Nous estimons qu'en cette heure nous devons être proches du pape", déclare soeur Antonia, une nonne.
Plusieurs dizaines de policiers ont été déployés le long des barrières métalliques installées au centre de la place, bordée par une colonnade semi-circulaire menant à l'entrée de basilique Saint-Pierre, la plus grande église de la chrétienté.
Les lumières se sont éteintes jeudi à minuit dans les appartements du pape, au dernier étage du palais épiscopal, d'où il apparaît généralement au public.
Au matin, la foule a grossi.

"LE PAPE EST A L'AGONIE"

"C'est le moment le plus dramatique que l'on ait connu ces dernières semaines. Le pape est à l'agonie", souligne Marco Politi, qui couvre le Vatican pour le quotidien italien La Repubblica. "Ils lui ont administré les derniers sacrements", ajoute-t-il en référence au Saint viatique, communion réservée aux croyants proches de la mort, que le pape a reçu jeudi en début de soirée.
"Il est déjà très malade, et bien sûr nous sommes très tristes, et inquiets. Mais tout ce qui nous reste à faire, c'est prier", assure quant à elle Andrea Dominguez, une adolescente de 15 ans originaire de Tijuana, au Mexique.
Des caméras de télévision ont été installées tout autour de la place, où s'affairent des journalistes venus des quatre coins du monde.
Plusieurs personnalités politiques italiennes se sont également rendues sur place, se joignant à la foule massée contre les barricades. "Nous prions, nous prions contre tout le monde", dit le ministre de l'Agriculture, Gianni Alemanno. "Il faut être optimiste."
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