2.07.2005

Le Vatican dément tout play-back pontifical

L'entourage de Jean-Paul II nie avoir enregistré la voix du Pape pour la bénédiction d'hier

Vatican : de notre envoyée spéciale Sophie de Ravinel
[07 février 2005]

La voix de Jean-Paul II, lors de l'angélus récité hier midi devant l'hôpital Gemelli, a-t-elle été préenregistrée puis diffusée au moment où le Pape devait prononcer l'unique phrase de bénédiction qui lui était impartie ? Certains journalistes qui ont entendu le Souverain Pontife hier ont cru discerner un play-back. Si elle était avérée, cette manoeuvre digne des bons vieux temps du régime soviétique aurait été destinée à rassurer les fidèles sur l'état de santé du Pape. Le porte-parole du Saint-Siège, Joaquin Navarro Valls, a cependant démenti avec force la nouvelle.
A la fin de l'angélus, le Pape a murmuré quelques mots, d'une voix rauque et incompréhensible. Un micro a alors été approché de sa bouche par son majordome, Angelo Gugel, pendant qu'il continuait à parler. Un long espace de silence a suivi, puis la voix de Jean-Paul II est à nouveau parvenue à l'oreille des fidèles. Le timbre était plus clair et plus ferme, quoique toujours difficilement audible. Entre-temps, un collaborateur avait placé une feuille de papier devant la figure du Pape. Troublés, de nombreux médias ont alors rapidement suivi la thèse du play-back, répercutée par l'Agence France Presse. Des techniciens de Radio Vatican, chargés de transmettre le message pontifical depuis la chambre de la clinique, pourraient avoir enregistré la bénédiction quelques heures plus tôt, ou encore l'avoir repiquée sur un angélus précédent.
«Je n'ai rien à déclarer. Je ne peux ni vous le confirmer ni l'infirmer», confiait hier après-midi à l'agence de presse 1. Media le directeur des programmes de Radio Vatican, le père Federico Lombardi. Un peu gêné, ce jésuite, qui est aussi directeur général de la télévision du Vatican (CTV), a surtout souhaité mettre en valeur «les très belles images de l'angélus».
En fin d'après-midi, Joaquin Navarro Valls, le porte-parole du Saint-Siège, a apporté un démenti catégorique. «Naturellement, les paroles du Saint-Père ont été prononcées au moment même où nous les avons entendues en transmission directe, a-t-il dit. Prétendre qu'un enregistrement anticipé des paroles aurait été diffusé à ce moment-là n'a aucun sens.»
Alors, enregistrement à la soviétique ou dérapage médiatique lié à l'inquiétude ambiante ? Quoi qu'il en soit, cet épisode reflète parfaitement le malaise de ces journées d'incertitude. L'objectif des proches collaborateurs du Pape est de rassurer. Ils sont sans doute eux-mêmes sincèrement convaincus que Jean-Paul II est en voie de guérison, au moins temporairement. Ils souhaitent calmer les médias qui ont afflué en masse à Rome dès l'annonce de l'hospitalisation. Il faudra désormais attendre vendredi prochain – son rendez-vous avec les malades n'a pas été annulé – pour espérer voir et entendre à nouveau Jean Paul II. Et au Vatican tout finit toujours par se savoir, malgré la forte pression de la clause contractuelle du silence qui pèse sur les employés : prêtres, religieux ou laïques.
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