Une situation potentiellement grave, peut-être irréversible
LE MONDE | 25.02.05
La décision, prise jeudi 24 février par l'équipe médicale de l'hôpital Gemelli, de pratiquer en toute urgence une trachéotomie témoigne sans ambiguïté d'une aggravation certaine de l'état de santé de Jean Paul II. Si ce geste chirurgical n'est pas en lui-même à risque (il ne s'agit que de pratiquer une petite incision de la paroi antérieure de la trachée de manière à introduire une canule), le fait d'avoir recours à une trachéotomie indique qu'il existe, au niveau du pharynx ou du larynx, un obstacle majeur empêchant l'air d'arriver aux poumons.
La dernière hospitalisation de Jean Paul II avait été rendue nécessaire lorsque le pape, souffrant d'une infection grippale compliquée d'une inflammation de la trachée, avait été victime d'une toux persistante compliquée de crises de spasmes du larynx. Le Vatican avait alors indiqué que son état avait pu être amélioré par des "thérapies d'assistance à la respiration". L'équipe médicale - dirigée par le professeur Rodolfo Proietti, directeur du département des urgences de l'établissement hospitalier romain - n'avait pas, alors, été amenée à devoir mettre en place une réanimation intensive. Une telle réanimation pourrait, bientôt, devenir nécessaire.
Deux raisons peuvent, schématiquement, expliquer pourquoi l'équipe médicale a dû avoir recours à une trachéotomie. Le Vatican laisse entendre que Jean Paul II souffre depuis peu d'un nouvel épisode infectieux, conséquence d'une rechute de son infection grippale ou, plus vraisemblablement, d'une surinfection bactérienne. Cette rechute peut être directement à l'origine de nouvelles crises de spasmes laryngés entraînant cette fois une insuffisance respiratoire sévère. On peut aussi penser, comme c'est très fréquemment le cas chez les personnes souffrant de formes très évoluées de la maladie de Parkinson, que le pape présente désormais des troubles graves de la déglutition exposant au risque de fausse route, événement source d'infections pulmonaires.
ALTÉRATIONS NEUROLOGIQUES
En toute hypothèse, la nouvelle situation est potentiellement grave, peut-être même irréversible. Lors de la précédente hospitalisation, les gestes d'assistance à la respiration avaient rapidement permis une "stabilisation" de l'état clinique. Le Vatican avait alors précisé que les différents paramètres cardio-respiratoires et métaboliques étaient restés "dans les limites de la norme".
Cette indication pouvait laisser supposer que ces troubles respiratoires n'avaient pas, au total, eu de conséquences importantes sur l'ensemble des grandes fonctions vitales de l'organisme. Il sera sans aucun doute plus difficile, cette fois, de parvenir à un tel équilibre. Le pape est en effet désormais directement exposé à toutes les complications infectieuses inhérentes à l'alitement prolongé des personnes âgées. Les médecins doivent en outre compter avec l'ensemble des altérations neurologiques caractéristiques des stades les plus évolués de la maladie de Parkinson. On sait que ces altérations peuvent entraîner des phases de somnolence diurnes et des hallucinations, plus ou moins associées à des difficultés grandissantes de concentration et à un déclin intellectuel.
Jean-Yves Nau
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 26.02.05
La décision, prise jeudi 24 février par l'équipe médicale de l'hôpital Gemelli, de pratiquer en toute urgence une trachéotomie témoigne sans ambiguïté d'une aggravation certaine de l'état de santé de Jean Paul II. Si ce geste chirurgical n'est pas en lui-même à risque (il ne s'agit que de pratiquer une petite incision de la paroi antérieure de la trachée de manière à introduire une canule), le fait d'avoir recours à une trachéotomie indique qu'il existe, au niveau du pharynx ou du larynx, un obstacle majeur empêchant l'air d'arriver aux poumons.
La dernière hospitalisation de Jean Paul II avait été rendue nécessaire lorsque le pape, souffrant d'une infection grippale compliquée d'une inflammation de la trachée, avait été victime d'une toux persistante compliquée de crises de spasmes du larynx. Le Vatican avait alors indiqué que son état avait pu être amélioré par des "thérapies d'assistance à la respiration". L'équipe médicale - dirigée par le professeur Rodolfo Proietti, directeur du département des urgences de l'établissement hospitalier romain - n'avait pas, alors, été amenée à devoir mettre en place une réanimation intensive. Une telle réanimation pourrait, bientôt, devenir nécessaire.
Deux raisons peuvent, schématiquement, expliquer pourquoi l'équipe médicale a dû avoir recours à une trachéotomie. Le Vatican laisse entendre que Jean Paul II souffre depuis peu d'un nouvel épisode infectieux, conséquence d'une rechute de son infection grippale ou, plus vraisemblablement, d'une surinfection bactérienne. Cette rechute peut être directement à l'origine de nouvelles crises de spasmes laryngés entraînant cette fois une insuffisance respiratoire sévère. On peut aussi penser, comme c'est très fréquemment le cas chez les personnes souffrant de formes très évoluées de la maladie de Parkinson, que le pape présente désormais des troubles graves de la déglutition exposant au risque de fausse route, événement source d'infections pulmonaires.
ALTÉRATIONS NEUROLOGIQUES
En toute hypothèse, la nouvelle situation est potentiellement grave, peut-être même irréversible. Lors de la précédente hospitalisation, les gestes d'assistance à la respiration avaient rapidement permis une "stabilisation" de l'état clinique. Le Vatican avait alors précisé que les différents paramètres cardio-respiratoires et métaboliques étaient restés "dans les limites de la norme".
Cette indication pouvait laisser supposer que ces troubles respiratoires n'avaient pas, au total, eu de conséquences importantes sur l'ensemble des grandes fonctions vitales de l'organisme. Il sera sans aucun doute plus difficile, cette fois, de parvenir à un tel équilibre. Le pape est en effet désormais directement exposé à toutes les complications infectieuses inhérentes à l'alitement prolongé des personnes âgées. Les médecins doivent en outre compter avec l'ensemble des altérations neurologiques caractéristiques des stades les plus évolués de la maladie de Parkinson. On sait que ces altérations peuvent entraîner des phases de somnolence diurnes et des hallucinations, plus ou moins associées à des difficultés grandissantes de concentration et à un déclin intellectuel.
Jean-Yves Nau
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 26.02.05
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