4.24.2005

Benoît XVI appelle à l'unité des chrétiens et à la mobilisation de l'Eglise

LEMONDE.FR | 24.04.05 | 11h08  •  Mis à jour le 24.04.05 | 14h05

Benoît XVI a inauguré dimanche 24 avril son pontificat avec une messe solennelle de près de trois heures célébrée place Saint Pierre devant 350 000 fidèles. S'il n'a pas livré de "programme", le pape s'est montré habité par le souvenir de son prédécesseur Jean Paul II, et par la volonté d'agir pour l'unité de tous les chrétiens.
S'exprimant en italien durant l'office en plein air célébré sur une place Saint-Pierre inondée de soleil, le nouveau souverain pontife s'est présenté comme un "fragile serviteur de Dieu" et a demandé que l'on prie pour l'aider à assumer "cette charge inoue qui dépasse réellement toute capacité humaine". "Mon véritable programme de gouvernement est de ne pas faire ma volonté, de ne pas poursuivre mes idées, mais, avec toute l'Eglise, de me mettre à l'écoute de la parole et de la volonté du seigneur, et de me laisser guider par lui", a dit le pape allemand sous les acclamations d'une foule estimée à un demi-million de personnes.
Benoît XVI a ouvert son homélie par une évocation de son prédécesseur Jean Paul II "accompagné dans l'au-delà" par le cortège "des saints de tous les siècles", en soulignant que les jours entourant sa mort ont donné la "merveilleuse expérience" que "l'Eglise est vivante". Il a également repris le célèbre message de son prédecesseur :  "N'ayez pas peur du Christ! Il n'enlève rien et donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit au centuple", a-t-il lancé Benoît XVI.
Le pape a renouvelé l'engagement à agir pour l'unité de tous les chrétiens qu'il avait fait mercredi au lendemain de son élection. "Fais que nous ne soyons qu'un seul pasteur et qu'un seul troupeau. Ne permets pas que ton filet se déchire et aide nous à être des serviteurs de l'unité", a-t-il demandé à Dieu. Il a déclaré qu'il ne voulait pas prononcer un "programme de gouvernement", et a expliqué sa mission comme celle d'un "pasteur" et d'un "pêcheur", symbolisée par le pallium (longue écharpe de laine) et "l'anneau du pêcheur" qui lui ont été remis pendant la messe.

LES "DÉSERTS"

L'objet central de son propos concernait un monde d'aliénation, de souffrance et de mort qu'il juge menacé de vide spirituel, et une Eglise à ses yeux toujours vivante et en capable de grandir. "Il y a de nombreuses formes de désert. Il y a le désert de la pauvreté, le désert de la faim et de la soif; il y a le désert de l'abandon, de la solitude, de l'amour détruit", a-t-il dit. "Il y a le désert de l'obscurité de Dieu, du vide des âmes sans aucune conscience de leur dignité ni du chemin de l'homme. Les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands." Ce n'est qu'en se tournant vers Dieu que l'homme moderne pourra s'extirper des "eaux salées de la souffrance et de la mort" et d'un "océan d'obscurité, sans lumière", a-t-il ajouté.
Avant le célébration sur le parvis de la basilique, il était allé se recueillir dans la crypte sur le tombeau de l'apôtre Pierre, le premier des papes. Alors que les précédents papes recevaient l'allégeance des cardinaux, Benoît XVI l'a reçue de douze personnes, en mémoire des douze apôtres, représentant l'Eglise toute entière : trois cardinaux, un évêque, un prêtre, un diacre, un religieux, une religieuse, un couple marié et deux enfants.
Malgré sa réserve naturelle, le pape, âgé de 78 ans, s'est ensuite offert un bref tour en papamobile dans les allées ouvertes au milieu de la foule, contenue derrière des barrières, saluant et bénissant en souriant, tandis que les cloches de la basilique Saint-Pierre sonnaient à la volée.
Après la messe, le pape a reçu dans la basilique l'hommage des autorités civiles italiennes et les délégations étrangères, parmi lesquelles le chancelier allemand Gerhard Schröder et le roi d'Espagne Juan Carlos accompagné de son épouse la reine Sofia.

Avec AFP et Reuters
-->