4.28.2005

Les armoiries très bavaroises de Benoît XVI

Hervé Yannou (Le Vatican).
[LE FIGARO, 28 avril 2005]

Benoît XVI a choisi ses armoiries. Un emblème – une tête de Maure –, un attribut – l'ours de saint Corbinien – et un symbole – celui de la coquille Saint-Jacques. Des figures très bavaroises déjà présentes dans son blason de cardinal. Mais, petite révolution dans ce «logo» pontifical, l'écu chapé-ployé n'est plus couronné d'une tiare, mais d'une mitre d'évêque, et porte en sautoir le pallium en plus des clefs de Saint-Pierre. «C'est une mise en image de ses premiers discours sur la collégialité épiscopale», estime Edouard Bouyé, spécialiste d'héraldique. Depuis quarante ans, les papes n'utilisent plus la tiare, mais elle était restée dans leurs armoiries. «Avant d'être un souverain, Benoît XVI veut être l'évêque de Rome.» Le Pape exploite les symboles pour faire passer son message. Le plus caractéristique est l'ours de saint Corbinien. Une légende prémonitoire. Cet évêque du VIIIe siècle a évangélisé la Bavière. Au cours d'un voyage vers Rome, un ours dévora sa monture. Corbinien lui demanda alors de porter ses bagages. Arrivé dans la Cité éternelle, il libéra l'ours qui retourna dans sa forêt. C'est l'allégorie du christianisme domptant le paganisme. Quant au coquillage, il rappelle le pèlerinage, l'immensité du mystère de Dieu et le séminaire de Ratisbonne où Benoît XVI a été professeur. La tête d'Ethiopien est aussi un clin d'oeil au passé du Pape qui dirigea le diocèse de Munich. Elle appartient au blason des archevêques de la capitale bavaroise depuis le XIVe siècle.
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