6.08.2005

Le Pape appuie l’abstention au référendum italien sur la procréation

Réaffirmant les positions de l’Eglise sur la bioéthique

Le Vatican : Hervé Yannou
[Le Figaro, 08 juin 2005]

A quelques jours du référendum italien sur la procréation médicalement assistée, Benoît XVI a apporté son soutien indirect et discret aux évêques italiens qui ont appelé à l’abstention. Lundi soir, à l’occasion de l’ouverture d’un congrès sur la famille organisé par le diocèse de Rome, le Pape a, une nouvelle fois, réaffirmé avec force les positions intangibles de l’Eglise catholique en matière de mœurs, de droit à la vie et de bioéthique.
Dans sa cathédrale de Saint-Jean-de-Latran, l’évêque de Rome et primat d’Italie a fermement rappelé «l’intégrité de la vie humaine, de sa conception à son terme naturel», réitéré sa condamnation des manipulations sur «la vie qui naît», stigmatisé le relativisme qui conduit à une «liberté anarchique», au «libertinage» et à la «banalisation du corps», dont les avatars sont l’avortement, les unions libres et les «pseudo» mariages homosexuels. Sous les applaudissements de prêtres, religieux et laïcs, il a aussi condamné comme «contraire à l’amour humain, à la vocation profonde de l’homme et de la femme» le fait de «fermer systématiquement une union au don de la vie» par le biais de la contraception. Le Pape n’a pas fait directement référence au scrutin italien. Mais à ses côtés était assis le cardinal Camillo Ruini, président de la Conférence épiscopale italienne. Les paroles du Saint-Père sont donc bel et bien apparues comme une nouvelle prise de position dans le débat qui anime la Péninsule.
Derrière le cardinal Ruini, l’épiscopat italien appelle depuis plusieurs mois les électeurs à ne pas se rendre aux urnes dimanche et lundi prochains lors du référendum d’initiative populaire visant à abroger quatre aspects controversés de la loi – votée en 2004 –, sur la procréation médicalement assistée : l’interdiction de l’expérimentation sur les embryons, de la création de plus de trois embryons pour une fécondation in vitro, du recours à un donneur extérieur au couple et enfin la question des droits de l’embryon. Pour être validé, le référendum doit atteindre un quorum de 50% des voix.
Le 30 mai, devant la Conférence épiscopale italienne réunie au Vatican, le Pape avait pour la première fois clairement salué la prise de position des évêques pour «éclairer et motiver les choix des catholiques et de tous les citoyens». Dans cet engagement «clair et concret» pour que chaque être humain ne soit pas «réduit à un moyen mais à une fin», Benoît XVI les avait assurés de sa proximité par «la parole et la prière». «Nous ne travaillons pas pour les intérêts catholiques mais toujours pour l’homme», avait déclaré le Pape alors qu’une partie de la classe politique italienne crie à l’ingérence de l’Eglise dans les affaires politiques du pays.
Mais pour Benoît XVI, l’exemple italien pourrait devenir un modèle. Sa longue intervention de lundi soir était sa quatrième prise de parole en huit jours sur les thèmes de la vie, de la famille et surtout de la «menace du relativisme». En effet, l’objectif primordial du Pape est de motiver «les familles chrétiennes» à un «engagement public» contre le relativisme qui «laisse comme seule et ultime possibilité son propre JE et ses volontés», se présente «sous l’apparence de la liberté et devient une prison». Dans cette lutte, la Péninsule pourrait avoir un «grand rôle» en Europe et dans le monde grâce à son «véritable humanisme» inspiré par le christianisme.
Benoît XVI n’a pas oublié le cardinal Ratzinger, cette insistance dans la lutte contre le relativisme fait partie du «programme» de son pontificat. Le 18 avril dernier, celui qui était encore le doyen du Sacré Collège avait appelé à combattre «la dictature du relativisme» dans son homélie pour la messe précédant le début du conclave. Un discours qui n’avait pas été sans influencer le vote des cardinaux électeurs.
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