10.16.2007

La longue quête des nations unies pour chasser le Saint-Siège

Nombreux sont ceux qui essaient de chasser le Saint-Siège de l'ONU. "The Economist" est le dernier en date. Mais la diplomatie pontificale y siège et veut y rester. La quasi-totalité des états dans le monde, avec lesquels elle échange ses ambassadeurs, la soutiennent…

"In cauda venenum", dit le proverbe latin. Il y avait du venin dans la queue de cet article paru le 21 juillet 2007 dans "The Economist" et consacré à la diplomatie du Vatican. Après deux pages toutes courtoises, la conclusion de l’hebdomadaire anglais – très lu dans les chancelleries – était que le Saint-Siège devrait : « Renoncer à son statut diplomatique particulier et se définir comme ce qu’elle est, à savoir la plus grande organisation non-gouvernementale du monde ». Le Vatican n’a pas apprécié et a décidé de réagir. La réponse est tombée le 9 août, dans une interview accordée par le chef de la diplomatie pontificale, Mgr Dominique Mamberti, secrétaire pour les Rapports avec les Etats, au quotidien de la conférence des évêques d’Italie, "Avvenire" :

"Evidemment, cette proposition est irrecevable ! Elle est peut-être née d’une perception erronée de la position du Saint-Siège au sein de la communauté internationale. Cette position remonte aux débuts de la communauté internationale elle-même et s’est consolidée surtout à partir de la fin du XIXe siècle. En effet, avec la disparition des Etats pontificaux, il est devenu de plus en plus évident que la personnalité juridique internationale du Saint-Siège est indépendante du critère de la souveraineté territoriale. Cette situation est acceptée pacifiquement par la communauté internationale. Aussi bien au niveau bilatéral – je rappelle que près de 180 états entretiennent des relations diplomatiques avec le Saint-Siège – qu’au niveau multilatéral, comme en témoigne en particulier la résolution 58/314 de l’assemblée générale de l’ONU du 16 juillet 2004. Celle-ci a étendu les prérogatives et les possibilités d’intervention du Saint-Siège en tant qu’observateur permanent auprès de l’Organisation. Derrière la proposition faite au Saint-Siège de se transformer en simple ONG, on trouve probablement, en plus de l’incompréhension du statut juridique du Saint-Siège, une vision réductrice de sa mission, qui n’est pas sectorielle ou liée à des intérêts particuliers, mais universelle et comprenant toutes les dimensions de l’homme et de l’humanité. Voilà pourquoi l’action du Saint-Siège au sein de la communauté internationale est souvent un ‘signe de contradiction'. En effet, elle ne cesse d’élever la voix pour défendre la dignité de chaque personne et le caractère sacré de chaque vie humaine, en particulier les plus faibles, pour protéger la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme. Elle revendique également le droit fondamental à la liberté religieuse et encourage des rapports entre les hommes et entre les peuples fondés sur la justice et la solidarité. Dans son action internationale, le Saint-Siège est toujours au service du salut intégral de l’homme, selon le commandement reçu du Christ. Rien d’étonnant à ce que l’on cherche à diminuer la portée de sa voix ! ».
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