1.19.2005

L'Eglise espagnole dit oui aux préservatifs contre le sida
LE MONDE | 19.01.05 | 14h24


Madrid de notre correspondante

Le porte-parole de la puissante Conférence des évêques espagnole, Juan Antonio Martinez Camino, a déclaré, mardi 18 janvier dans la soirée, après avoir été reçu par la ministre de la santé, Elena Salgado, que les préservatifs "s'inscrivent dans le contexte d'une prévention intégrale et globale du sida". 42 149 personnes en sont mortes en Espagne et plus de 120 000 seraient infectées.
C'est la première fois que l'Eglise catholique espagnole reconnaît l'efficacité de l'usage des préservatifs contre le VIH. Toutefois, le représentant des évêques a nuancé cette nouvelle attitude : la position de l'Eglise, qui est "très intéressée et très préoccupée par ce grave problème", repose sur la stratégie dite "ABC" - sigle anglais pour : abstinence, fidélité, préservatif - proposée par le prestigieux journal médical The Lancet.
La réunion, dans la phase compliquée des relations entre le gouvernement socialiste et l'Eglise, depuis l'arrivée au pouvoir, en avril 2004, de José Luis Rodriguez Zapatero, a eu lieu à la demande du porte-parole des évêques pour "surmonter des polémiques contre-productives" et avancer "sur des positions communes" afin de pouvoir "collaborer de façon fructueuse". Il voulait aussi rectifier certaines "informations journalistiques" qui auraient déformé ses propos ("L'idéal est l'amour fidèle qui promeut la dignité des personnes et prévient les maladies") à propos de la campagne de prévention contre le sida, lancée en novembre 2004 par le gouvernement. Les opinions qu'il avait exprimées en faveur de l'abstinence et de la fidélité sont corroborées par les scientifiques, a-t-il fait remarquer.
Pour la ministre, l'abstinence, "bien sûr, efficace", n'est pas pour autant une proposition "réaliste" mais "une option personnelle qui ne correspond pas à la réalité pour une grande majorité de citoyens". La fidélité, a ajouté Mme Salgado, n'est pas non plus un moyen de prévention efficace pour beaucoup de femmes qui "contractent la maladie à cause du comportement des autres et à travers des relations hétérosexuelles avec leur mari ou leur compagnon. Pour ces femmes, ni le mariage, ni une union stable, ni la fidélité ne sont une protection contre le virus".

Martine Silber
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