L'Italie enquête sur le «complot»
Après les révélations du Pape sur Ali Agça
Le Parlement italien va reprendre les investigations sur la «filière bulgare» après les révélations de Jean-Paul II concernant l'existence probable d'un complot derrière la tentative d'assassinat perpétrée contre lui par le terroriste turc Ali Agça, le 13 mai 1981 place Saint-Pierre.
Rome : de notre correspondant Richard Heuzé
[LE FIGARO, 28 février 2005]
«Ali Agca, tous le disent, est un assassin professionnel. Il n'a pas pris l'initiative de l'attentat. Un autre l'a conçu. Un autre encore le lui a commandité», écrit le Pape dans son dernier livre, Mémoire et identité, à paraître jeudi (Flammarion).
Le 27 décembre 1983, le Saint-Père s'était rendu dans la prison Rebibbia de Rome pour un tête-à-tête avec le terroriste turc. Condamné en première instance à la réclusion perpétuelle, Ali Agça avait, depuis dix-huit mois, changé son système de défense pour accuser les services secrets de Sofia, très liés à l'ex-KGB, d'avoir ourdi le complot, avec la complicité des Loups gris, une organisation terroriste turque dont il se réclamait.
Avant ce livre, Jean-Paul II n'avait jamais commenté les confidences d'Ali Agça. Condamné à vingt-six ans de prison en appel et gracié par le président italien le 13 juin 2000, le terroriste turc a été extradé à Ankara, où il purge dix ans de prison pour le meurtre d'un journaliste turc, en 1979.
Pour Paolo Guzzanti, député de Forza Italia et président d'une commission parlementaire d'enquête sur les activités de l'ex-KGB, aucun doute n'est permis : «Le pape a été clair. Il a dit qu'Ali Agça était un sicaire et que sa main avait été armée par d'autres. Quand il décrit l'attentat comme l'une des dernières convulsions des idéologies de l'arrogance qui ont dominé le XXe siècle, il en explique bien la matrice communiste. Le Parlement italien a le devoir de chercher à comprendre le rôle du KGB et de l'ex-GRU (NDLR : les services secrets militaires) dans cet attentat», confie-t-il au Figaro.
Aussi va-t-il demander à acquérir «tout le matériel» des procès intentés dans le cadre de la «filière bulgare». Trois ressortissants de Sofia, dont le chef d'escale, à Rome, de la compagnie aérienne bulgare Sergueï Antonov, cinq terroristes et mafieux turcs ont été impliqués, avant d'obtenir un non-lieu qui n'a convaincu personne. «Nous avons des idées précises sur ce que nous devrons chercher. Ce qui était, hier encore, une hypothèse devient aujourd'hui plausible. Le fait que le Pape, victime de l'attentat, accrédite la version d'un complot nous contraint à la prendre en considération», insiste Paolo Guzzanti.
Le député en veut aussi pour preuve un article publié jeudi par le quotidien Avvenire. Sous le titre «Un projectile signé Moscou», l'organe de l'épiscopat italien fait état d'un document crypté du KGB et retrouvé dans les archives du STB, le service secret tchécoslovaque de l'époque. Ce texte, rédigé peu après l'avènement de Karol Wojtyla, le 16 octobre 1978, envisage deux types d'action contre l'Eglise : «La discréditer par des campagnes de désinformation. Si cela s'avère insuffisant, envisager l'élimination physique du Pape.»
Le Parlement italien va reprendre les investigations sur la «filière bulgare» après les révélations de Jean-Paul II concernant l'existence probable d'un complot derrière la tentative d'assassinat perpétrée contre lui par le terroriste turc Ali Agça, le 13 mai 1981 place Saint-Pierre.
Rome : de notre correspondant Richard Heuzé
[LE FIGARO, 28 février 2005]
«Ali Agca, tous le disent, est un assassin professionnel. Il n'a pas pris l'initiative de l'attentat. Un autre l'a conçu. Un autre encore le lui a commandité», écrit le Pape dans son dernier livre, Mémoire et identité, à paraître jeudi (Flammarion).
Le 27 décembre 1983, le Saint-Père s'était rendu dans la prison Rebibbia de Rome pour un tête-à-tête avec le terroriste turc. Condamné en première instance à la réclusion perpétuelle, Ali Agça avait, depuis dix-huit mois, changé son système de défense pour accuser les services secrets de Sofia, très liés à l'ex-KGB, d'avoir ourdi le complot, avec la complicité des Loups gris, une organisation terroriste turque dont il se réclamait.
Avant ce livre, Jean-Paul II n'avait jamais commenté les confidences d'Ali Agça. Condamné à vingt-six ans de prison en appel et gracié par le président italien le 13 juin 2000, le terroriste turc a été extradé à Ankara, où il purge dix ans de prison pour le meurtre d'un journaliste turc, en 1979.
Pour Paolo Guzzanti, député de Forza Italia et président d'une commission parlementaire d'enquête sur les activités de l'ex-KGB, aucun doute n'est permis : «Le pape a été clair. Il a dit qu'Ali Agça était un sicaire et que sa main avait été armée par d'autres. Quand il décrit l'attentat comme l'une des dernières convulsions des idéologies de l'arrogance qui ont dominé le XXe siècle, il en explique bien la matrice communiste. Le Parlement italien a le devoir de chercher à comprendre le rôle du KGB et de l'ex-GRU (NDLR : les services secrets militaires) dans cet attentat», confie-t-il au Figaro.
Aussi va-t-il demander à acquérir «tout le matériel» des procès intentés dans le cadre de la «filière bulgare». Trois ressortissants de Sofia, dont le chef d'escale, à Rome, de la compagnie aérienne bulgare Sergueï Antonov, cinq terroristes et mafieux turcs ont été impliqués, avant d'obtenir un non-lieu qui n'a convaincu personne. «Nous avons des idées précises sur ce que nous devrons chercher. Ce qui était, hier encore, une hypothèse devient aujourd'hui plausible. Le fait que le Pape, victime de l'attentat, accrédite la version d'un complot nous contraint à la prendre en considération», insiste Paolo Guzzanti.
Le député en veut aussi pour preuve un article publié jeudi par le quotidien Avvenire. Sous le titre «Un projectile signé Moscou», l'organe de l'épiscopat italien fait état d'un document crypté du KGB et retrouvé dans les archives du STB, le service secret tchécoslovaque de l'époque. Ce texte, rédigé peu après l'avènement de Karol Wojtyla, le 16 octobre 1978, envisage deux types d'action contre l'Eglise : «La discréditer par des campagnes de désinformation. Si cela s'avère insuffisant, envisager l'élimination physique du Pape.»
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