2.28.2005

Un geste de Jean Paul II rassure sans dissiper toutes les inquiétudes

ROME, 28 fév (AFP)

Un ample signe de la main derrière la fenêtre de sa chambre d'hôpital a permis à Jean Paul II de rassurer le monde sur son état, sans toutefois dissiper les inquiétudes de nombre de fidèles pour qui le vieux pape polonais approche désormais de sa fin.
Après l'apparition surprise du pape dimanche, on attendait lundi la publication, vers 11h30 GMT, d'un nouveau bulletin du Vatican sur l'évolution de l'état de santé du pape depuis son hospitalisation d'urgence jeudi et la trachéotomie qui l'a rendu silencieux.
En se montrant pendant quelques instants derrière la fenêtre fermée de sa chambre du 10ème étage de l'hôpital Gemelli, devant les télévisions du monde entier, Jean Paul II a largement fait oublier que la maladie l'a empêché, pour la première fois de son pontificat, de participer directement à la prière de l'Angélus.
Dans le message lu par l'archevêque argentin Leonardo Sandri, Jean Paul II a appelé les fidèles à "continuer à l'accompagner par leurs prières".
Il a aussi évoqué indirectement son calvaire en soulignant "la valeur de la souffrance qui, d'une manière ou d'une autre, nous touche tous". "Chaque forme humaine de douleur renferme en elle une promesse divine de salut et de joie", a-t-il souligné.
"La meilleure indication sur l'état de santé du pape, vous l'avez eue quand il a paru à la fenêtre à la fin de l'Angélus," a déclaré l'archevêque de Grenade Xavier Martines Fernandez après une visite à l'hôpital.
Le pape Jean Paul II guidera l'Eglise "même sans parler" mais il ne doit pas sortir de l'hôpital "trop vite", estime le cardinal mexicain Javier Lozano Barragan, ministre de la Santé du Vatican.
"Les informations qui arrivent de l'hôpital sont optimistes. Ce sont les médecins qui décideront de sa sortie. Mais dans le cas présent la prudence n'est pas de trop. Je me permettrais seulement de conseiller d'être moins pressé de le faire rentrer au Vatican", déclare lundi Mgr Barragan dans le quotidien La Repubblica.
Jean Paul II est apparu fatigué et fragile dimanche et les spécialistes ne cachent pas qu'un homme de près de 85 ans affaibli depuis des années par la maladie de Parkinson n'est pas à l'abri de complications dangereuses.
Un cardinal américain, Francis George, archevêque de Chicago, a dit tout haut ce que d'autres pensent sans doute tout bas en faisant valoir qu'il serait "irresponsable de ne pas penser" à la succession du pape, alors que "sa santé faiblit".
Il faut y penser "au moins dans nos coeurs et nos prières", a-t-il ajouté, en précisant qu'il s'agissait moins d'une question "de personne" que de trouver quelqu'un capable de répondre "aux défis de la mission de l'Eglise".
Selon Oskar Schindler, professeur d'audiologie et d'orthophonie à l'Université de Turin, le pape pourrait être obligé de garder de manière définitive une canule qui lui permet de respirer après sa trachéotomie et l'informatique pourrait venir à l'aide du vieux pape malade.
"Il pourrait apprendre à communiquer avec l'aide de certains instruments. Avec sa maladie, il est difficile de penser qu'il réussit encore à écrire. Nous enseignons à nos patient l'utilisation d'instruments informatiques", a-t-il déclaré dans une interview lundi au quotidien La Stampa.
"Pour ceux qui n'ont plus la finesse de mouvements nécessaire pour appuyer sur les touches d'un clavier, il existe des solutions alternatives, des sortes de joystick ou souris qui permettent de composer des mots et des phrases avec des gestes simples", a indiqué le Pr Schindler.
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