Chrétiens, juifs ou musulmans: des millions de prières pour le pape agonisant
AFP
[samedi 02 avril 2005 - 07h48]
PARIS (AFP) - De la Pologne aux Philippines, du Kenya au Pérou, qu'ils soient chrétiens fervents, juifs ou musulmans, des millions d'hommes et de femmes de tous horizons continuaient de prier samedi pour Jean Paul II, salué pour son courage et son action.
Victime d'une défaillance cardiaque et d'une septicémie jeudi, le pape luttait toujours contre la mort dans la nuit de vendredi à samedi mais le Vatican ne laissait plus d'espoir sur les chances de récupération du pape polonais, âgé de 84 ans.
Dans les grandes villes et les lieux de pèlerinage catholiques, des messes et des prières spéciales ont été dites: à New Delhi, Cologne, Paris, Moscou, Bethléem, Bagdad, New York, Sydney, Nairobi, Abidjan... mais aussi à Fatima (Portugal), Lourdes (France) ou Czestochowa (Pologne), où la basilique du monastère de Jasna Gora abrite l'icône de la Vierge noire, vénérée par le pape.
Sur l'île indonésienne de Nias, ravagée lundi par un séisme qui a tué 1.300 personnes, la cathédrale Sainte-Marie de Gunung Sitoli a été transformée en morgue, mais un office spécial devait avoir lieu "pour Sa Sainteté".
Aux Etats-Unis, le porte-parole de la Maison Blanche Scott MacClellan a indiqué que "le président (George W. Bush) et Mme Bush se joignaient à tous ceux qui dans le monde prient pour le Saint-Père".
De Chicago à Dallas ou dans le quartier italien de San Diego (ouest), des fidèles sont venus allumer des bougies dans les églises. A Boston, où il avait effectué sa première visite américaine, en 1979, des portraits de Jean Paul II ont été accrochés dans la basilique.
Au Portugal, en Irlande, en Slovaquie, en Croatie, et dans les pays latino-américains, évêques, archevêques et cardinaux ont appelé les fidèles à prier avec ardeur.
Mais sans attendre ces appels, les catholiques ont afflué spontanément par milliers vers les églises dès l'annonce de l'aggravation de la santé du pape, comme en Lituanie, où 75% de la population est catholique, ou aux Philippines.
Au Québec, la plus catholique des provinces canadiennes, ils étaient des centaines à prier dans les églises et notamment à l'Oratoire Saint-Joseph, le plus imposant édifice religieux de Montréal, dont le fondateur, le Frère André, avait été béatifié par Jean-Paul II en 1982.
L'Amérique latine, qui rassemble la moitié des catholiques du monde, suivait avec angoisse et ferveur l'agonie de Jean Paul II, priant sans discontinuer.
En Colombie, le président Alvaro Uribe a souligné la force spirituelle de Karol Woytila estimant que le pape est un "exemple de sérénité" et de "détermination de fer" qui doit inspirer les Colombiens.
Au Brésil, le plus grand pays catholique du monde, le cardinal Claudio Hummes, archevêque de Sao Paulo, pressenti comme possible successeur du pape, a appelé toute la population à prier pour Jean Paul II "afin que Dieu l'assiste et le réconforte".
Au Mexique, l'angoisse était tellement forte que le président du Sénat Diego Fernandez de Cevallos avait même annoncé le décès de Jean Paul II imposant une minute de silence avant de s'apercevoir de son erreur.
Toute la Pologne, pays natal de Jean Paul II, s'était unie vendredi dans la même ferveur de prières et de messes, dont l'une célébrée par un proche du pape, le cardinal Franciszek Macharski de Cracovie, a été retransmise en direct par la télévision.
Plus tôt, le Premier ministre Marek Belka avait exprimé sa tristesse et sa "douleur" face aux nouvelles de Rome et à son "impuissance" à "aider" et "protéger" l'enfant chéri du pays.
Les habitants de Cracovie, ville dont Karol Wojtyla a été l'archevêque avant d'être pape, se sont massés devant une fenêtre du palais des évêques, où Jean Paul II apparaissait lors de ses pèlerinages.
L'ancien président polonais et Prix Nobel de la Paix, Lech Walesa, a appelé la population à prier pour celui qui a été selon lui "le Saint Pierre de notre temps". "Sans le Pape, le communisme serait tombé dans le sang", a affirmé samedi Lech Walesa dans une interview au journal français Le Figaro.
Les juifs polonais devaient également réciter une prière spéciale au cours du sabbat à la synagogue de Varsovie. "Depuis deux mille ans, personne n'a fait autant que Jean Paul II pour la réconciliation entre les juifs et les catholiques", a souligné le Grand rabbin de Pologne Michael Schudrich.
La prière du vendredi a aussi donné le coup d'envoi de cérémonies spéciales pour le pape dans toutes les mosquées du pays, qui compte quelque 7.000 musulmans.
"Toutes nos prières vont vers le pape", a déclaré en France le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur, rendant hommage à "la dimension exceptionnelle de ce serviteur de Dieu" qui a "reçu une grande sympathie de la part des musulmans".
Mehmet Ali Agca, le Turc qui avait tenté d'assassiner Jean Paul II en 1981, priait lui aussi dans sa prison d'Istanbul.
En Italie, les partis politiques ont annulé les manifestations prévues pour la fin de la campagne électorale pour les régionales des 3 et 4 avril, en signe de respect.
Sur la place Saint-Pierre de Rome, des dizaines de milliers de fidèles ont veillé une partie de la nuit sous les fenêtres du pape, et à l'aube, ils étaient encore des centaines, déterminés à l'accompagner, par leurs chants et prières, jusqu'au bout de son agonie.
A Jérusalem et Bethléem, les Palestiniens chrétiens suivaient les nouvelles avec angoisse. Jean Paul II avait été accueilli en sauveur le 22 mars 2000 par les réfugiés palestiniens du camp de Dheicheh, près de Bethléem, d'où il avait appelé à une aide internationale pour mettre fin à leurs souffrances.
Qu'ils émanent de religieux ou d'hommes d'Etat, de croyants ou de non croyants, les hommages se multipliaient pour saluer le travail accompli par Jean Paul II pendant son pontificat.
"Exemple moral" pour le monde entier, selon le chef de l'Eglise catholique d'Angleterre et du Pays de Galles, Cormac Murphy-O'Connor. "Grand Européen" et "homme de paix" qui a contribué à faire de l'Europe "une terre réunifiée", selon le ministre français de l'Intérieur Dominique de Villepin.
En Russie, le Polonais Igor Kovalevski, secrétaire exécutif de la Conférence des évêques catholiques de Russie, a insisté sur "le rôle immense joué par le pape dans l'établissement de la démocratie dans les pays de l'Europe de l'Est et en Europe centrale".
Le président ukrainien Viktor Iouchtchenko, lui-même orthodoxe, s'est déclaré fier que "la vie du pape soit liée à l'Ukraine". Le pape a visité l'Ukraine en 2001 et y a célébré plusieurs messes, partiellement en ukrainien.
La Chine, qui n'entretient pas de relations avec le Vatican, a officiellement souhaité que le pape puisse se "rétablir rapidement".
[samedi 02 avril 2005 - 07h48]
PARIS (AFP) - De la Pologne aux Philippines, du Kenya au Pérou, qu'ils soient chrétiens fervents, juifs ou musulmans, des millions d'hommes et de femmes de tous horizons continuaient de prier samedi pour Jean Paul II, salué pour son courage et son action.
Victime d'une défaillance cardiaque et d'une septicémie jeudi, le pape luttait toujours contre la mort dans la nuit de vendredi à samedi mais le Vatican ne laissait plus d'espoir sur les chances de récupération du pape polonais, âgé de 84 ans.
Dans les grandes villes et les lieux de pèlerinage catholiques, des messes et des prières spéciales ont été dites: à New Delhi, Cologne, Paris, Moscou, Bethléem, Bagdad, New York, Sydney, Nairobi, Abidjan... mais aussi à Fatima (Portugal), Lourdes (France) ou Czestochowa (Pologne), où la basilique du monastère de Jasna Gora abrite l'icône de la Vierge noire, vénérée par le pape.
Sur l'île indonésienne de Nias, ravagée lundi par un séisme qui a tué 1.300 personnes, la cathédrale Sainte-Marie de Gunung Sitoli a été transformée en morgue, mais un office spécial devait avoir lieu "pour Sa Sainteté".
Aux Etats-Unis, le porte-parole de la Maison Blanche Scott MacClellan a indiqué que "le président (George W. Bush) et Mme Bush se joignaient à tous ceux qui dans le monde prient pour le Saint-Père".
De Chicago à Dallas ou dans le quartier italien de San Diego (ouest), des fidèles sont venus allumer des bougies dans les églises. A Boston, où il avait effectué sa première visite américaine, en 1979, des portraits de Jean Paul II ont été accrochés dans la basilique.
Au Portugal, en Irlande, en Slovaquie, en Croatie, et dans les pays latino-américains, évêques, archevêques et cardinaux ont appelé les fidèles à prier avec ardeur.
Mais sans attendre ces appels, les catholiques ont afflué spontanément par milliers vers les églises dès l'annonce de l'aggravation de la santé du pape, comme en Lituanie, où 75% de la population est catholique, ou aux Philippines.
Au Québec, la plus catholique des provinces canadiennes, ils étaient des centaines à prier dans les églises et notamment à l'Oratoire Saint-Joseph, le plus imposant édifice religieux de Montréal, dont le fondateur, le Frère André, avait été béatifié par Jean-Paul II en 1982.
L'Amérique latine, qui rassemble la moitié des catholiques du monde, suivait avec angoisse et ferveur l'agonie de Jean Paul II, priant sans discontinuer.
En Colombie, le président Alvaro Uribe a souligné la force spirituelle de Karol Woytila estimant que le pape est un "exemple de sérénité" et de "détermination de fer" qui doit inspirer les Colombiens.
Au Brésil, le plus grand pays catholique du monde, le cardinal Claudio Hummes, archevêque de Sao Paulo, pressenti comme possible successeur du pape, a appelé toute la population à prier pour Jean Paul II "afin que Dieu l'assiste et le réconforte".
Au Mexique, l'angoisse était tellement forte que le président du Sénat Diego Fernandez de Cevallos avait même annoncé le décès de Jean Paul II imposant une minute de silence avant de s'apercevoir de son erreur.
Toute la Pologne, pays natal de Jean Paul II, s'était unie vendredi dans la même ferveur de prières et de messes, dont l'une célébrée par un proche du pape, le cardinal Franciszek Macharski de Cracovie, a été retransmise en direct par la télévision.
Plus tôt, le Premier ministre Marek Belka avait exprimé sa tristesse et sa "douleur" face aux nouvelles de Rome et à son "impuissance" à "aider" et "protéger" l'enfant chéri du pays.
Les habitants de Cracovie, ville dont Karol Wojtyla a été l'archevêque avant d'être pape, se sont massés devant une fenêtre du palais des évêques, où Jean Paul II apparaissait lors de ses pèlerinages.
L'ancien président polonais et Prix Nobel de la Paix, Lech Walesa, a appelé la population à prier pour celui qui a été selon lui "le Saint Pierre de notre temps". "Sans le Pape, le communisme serait tombé dans le sang", a affirmé samedi Lech Walesa dans une interview au journal français Le Figaro.
Les juifs polonais devaient également réciter une prière spéciale au cours du sabbat à la synagogue de Varsovie. "Depuis deux mille ans, personne n'a fait autant que Jean Paul II pour la réconciliation entre les juifs et les catholiques", a souligné le Grand rabbin de Pologne Michael Schudrich.
La prière du vendredi a aussi donné le coup d'envoi de cérémonies spéciales pour le pape dans toutes les mosquées du pays, qui compte quelque 7.000 musulmans.
"Toutes nos prières vont vers le pape", a déclaré en France le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur, rendant hommage à "la dimension exceptionnelle de ce serviteur de Dieu" qui a "reçu une grande sympathie de la part des musulmans".
Mehmet Ali Agca, le Turc qui avait tenté d'assassiner Jean Paul II en 1981, priait lui aussi dans sa prison d'Istanbul.
En Italie, les partis politiques ont annulé les manifestations prévues pour la fin de la campagne électorale pour les régionales des 3 et 4 avril, en signe de respect.
Sur la place Saint-Pierre de Rome, des dizaines de milliers de fidèles ont veillé une partie de la nuit sous les fenêtres du pape, et à l'aube, ils étaient encore des centaines, déterminés à l'accompagner, par leurs chants et prières, jusqu'au bout de son agonie.
A Jérusalem et Bethléem, les Palestiniens chrétiens suivaient les nouvelles avec angoisse. Jean Paul II avait été accueilli en sauveur le 22 mars 2000 par les réfugiés palestiniens du camp de Dheicheh, près de Bethléem, d'où il avait appelé à une aide internationale pour mettre fin à leurs souffrances.
Qu'ils émanent de religieux ou d'hommes d'Etat, de croyants ou de non croyants, les hommages se multipliaient pour saluer le travail accompli par Jean Paul II pendant son pontificat.
"Exemple moral" pour le monde entier, selon le chef de l'Eglise catholique d'Angleterre et du Pays de Galles, Cormac Murphy-O'Connor. "Grand Européen" et "homme de paix" qui a contribué à faire de l'Europe "une terre réunifiée", selon le ministre français de l'Intérieur Dominique de Villepin.
En Russie, le Polonais Igor Kovalevski, secrétaire exécutif de la Conférence des évêques catholiques de Russie, a insisté sur "le rôle immense joué par le pape dans l'établissement de la démocratie dans les pays de l'Europe de l'Est et en Europe centrale".
Le président ukrainien Viktor Iouchtchenko, lui-même orthodoxe, s'est déclaré fier que "la vie du pape soit liée à l'Ukraine". Le pape a visité l'Ukraine en 2001 et y a célébré plusieurs messes, partiellement en ukrainien.
La Chine, qui n'entretient pas de relations avec le Vatican, a officiellement souhaité que le pape puisse se "rétablir rapidement".
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