Un week-end de déluge cathodique
Comment l'événement a modifié le programme des chaînes françaises.
Par Raphaël GARRIGOS et Isabelle ROBERTS
lundi 04 avril 2005 (Liberation - 06:00)
Rétrograde le pape ? C'est par un moderne SMS envoyé samedi à 21 h 52 que le Vatican prévient les journalistes de l'envoi d'une «déclaration urgente dans [leur] messagerie» électronique : la mort du pape a carrément été annoncée par... e-mail.
Immédiatement, les chaînes du monde entier, jusqu'à la télé du Hezbollah chiite libanais Al-Manar, interrompent leurs programmes. En France, TF1 coupe court à ses 100 plus grandes gamelles à 22 h 05 pour basculer sur l'édition spéciale de sa filiale LCI, puis diffuse un documentaire sur la vie du pape. Sur France 2, c'est à Arielle Dombasle qu'on coupe le sifflet pour un flash. Mais la chaîne publique préfère reprendre sa soirée de variétés en faveur du Sidaction, plutôt que de céder la place à l'adversaire du préservatif : «On a fait le choix de ne pas arrêter le Sidaction par respect envers les malades.» Les variétés, tout de même abrégées, laissent place, à 22 h 55, à une longue édition spéciale en forme de veillée funèbre. Sur France 3, un texte déroulant informe les téléspectateurs du téléfilm que le pape est mort et qu'une édition spéciale de Soir 3 suivra. A 22 h 17, M6 lance son Six Minutes (qui en dure vingt) au milieu de la série américaine Mysterious Ways.
Dimanche, c'est de nouveau pape à gogo, même si TF1 clôt son 13 heures à 13 h 24. La raison ? Cette sacrée Formule 1... Hier soir, la Une a déprogrammé le polar biblique Seven, et France 2 un film au titre un peu trop d'actualité, l'Associé du diable. Bref, un week-end de communion télévisuelle, en attendant ce matin les nombreux suppléments de la presse écrite : après un 32 pages samedi, le Figaro lui en consacre 16 nouvelles aujourd'hui tandis que l'Express publie un cahier de 32 pages. Depuis l'hospitalisation de Jean Paul II le 1er février, les médias ont vécu au rythme irrégulier du pouls papal. Du 14 au 28 février, TNS Media Intelligence recensait 1 578 sujets à la télé et à la radio (Libération du 1er mars).
Une overdose savamment orchestrée par le Vatican : de bénédictions en play-back à la fenêtre papale en caméra embarquée dans la voiture qui le transportait à sa sortie d'hôpital. Et dire qu'en 1996 un certain Karol Wojtyla prônait le jeûne cathodique...
Par Raphaël GARRIGOS et Isabelle ROBERTS
lundi 04 avril 2005 (Liberation - 06:00)
Rétrograde le pape ? C'est par un moderne SMS envoyé samedi à 21 h 52 que le Vatican prévient les journalistes de l'envoi d'une «déclaration urgente dans [leur] messagerie» électronique : la mort du pape a carrément été annoncée par... e-mail.
Immédiatement, les chaînes du monde entier, jusqu'à la télé du Hezbollah chiite libanais Al-Manar, interrompent leurs programmes. En France, TF1 coupe court à ses 100 plus grandes gamelles à 22 h 05 pour basculer sur l'édition spéciale de sa filiale LCI, puis diffuse un documentaire sur la vie du pape. Sur France 2, c'est à Arielle Dombasle qu'on coupe le sifflet pour un flash. Mais la chaîne publique préfère reprendre sa soirée de variétés en faveur du Sidaction, plutôt que de céder la place à l'adversaire du préservatif : «On a fait le choix de ne pas arrêter le Sidaction par respect envers les malades.» Les variétés, tout de même abrégées, laissent place, à 22 h 55, à une longue édition spéciale en forme de veillée funèbre. Sur France 3, un texte déroulant informe les téléspectateurs du téléfilm que le pape est mort et qu'une édition spéciale de Soir 3 suivra. A 22 h 17, M6 lance son Six Minutes (qui en dure vingt) au milieu de la série américaine Mysterious Ways.
Dimanche, c'est de nouveau pape à gogo, même si TF1 clôt son 13 heures à 13 h 24. La raison ? Cette sacrée Formule 1... Hier soir, la Une a déprogrammé le polar biblique Seven, et France 2 un film au titre un peu trop d'actualité, l'Associé du diable. Bref, un week-end de communion télévisuelle, en attendant ce matin les nombreux suppléments de la presse écrite : après un 32 pages samedi, le Figaro lui en consacre 16 nouvelles aujourd'hui tandis que l'Express publie un cahier de 32 pages. Depuis l'hospitalisation de Jean Paul II le 1er février, les médias ont vécu au rythme irrégulier du pouls papal. Du 14 au 28 février, TNS Media Intelligence recensait 1 578 sujets à la télé et à la radio (Libération du 1er mars).
Une overdose savamment orchestrée par le Vatican : de bénédictions en play-back à la fenêtre papale en caméra embarquée dans la voiture qui le transportait à sa sortie d'hôpital. Et dire qu'en 1996 un certain Karol Wojtyla prônait le jeûne cathodique...
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