Le pape Jean Paul II reste dans un état "gravissime"
Sat April 2, 2005 1:44 PM CEST
par Philip Pullella et Robin Pomeroy
CITE DU VATICAN (Reuters) - Le pape Jean Paul II, victime de pertes de connaissance temporaires, est toujours dans un état "gravissime" mais n'est pas plongé dans le coma, annonce le Vatican dans son dernier bulletin de santé diffusé à la mi-journée.
A travers le monde, les quelque 1,1 milliard de catholiques se sont unis dans une "veillée funèbre" pour accompagner l'agonie du Saint-Père, âgé de 84 ans, dont le pontificat de plus de 26 ans restera comme l'un des plus longs de l'histoire.
"L'état de santé général et les conditions cardio-respiratoires du Saint-Père sont fondamentalement inchangés et sont par conséquent gravissimes", a déclaré à la mi-journée le porte-parole de la cité pontificale, Joaquin Navarro-Valls.
"Ce matin à l'aube a été constaté le début d'un état de perte de conscience, ce qui ne veut pas dire que l'on puisse parler de coma", a-t-il ajouté. "Il semble parfois dormir, se reposer, ne pas réagir immédiatement mais cela exclut techniquement un état comateux."
Navarro-Valls, qui communique régulièrement sur la santé du pape, a précisé qu'une messe avait été célébrée à 7h30 "en présence du pape". La veille, toujours selon le Vatican, le Saint-Père avait "concélébré" la messe du matin, et la nuance est significative de la dégradation de la santé du pape ces vingt-quatre dernières heures.
Jean Paul II, qui est âgé de 84 ans, a été victime dans la nuit de jeudi à vendredi d'un arrêt cardiaque et d'une septicémie mais a refusé de se faire hospitaliser, une décision interprétée par les observateurs comme sa volonté de vivre ses dernières heures dans ses appartements privés du Vatican.
"CONSCIENT DE SE RAPPROCHER DU SEIGNEUR"
Des ecclésiastiques de haut rang ne font plus mystère de l'imminence de sa mort, et plusieurs cardinaux du monde entier commencent à arriver à Rome dans la perspective du conclave qui désignera son successeur sur le trône de Saint-Pierre.
"Le successeur de Pierre, le pêcheur, est en train de mourir", a déclaré à Chicago le cardinal américain Francis George tandis que le cardinal sud-africain Wilfred Napier confiait: "Il semble qu'il vive ses dernières heures."
Le cardinal allemand Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a pour sa part déclaré que le pape était "conscient de se rapprocher du Seigneur".
Selon la police, environ 70.000 personnes se trouvaient à l'aube sur la place Saint-Pierre, pour passer ces derniers instants à ses côtés. Certains, munis de couvertures pour se prémunir contre la fraîcheur de la nuit, jouaient d'instruments de musique, ou priaient.
Dans son dernier communiqué, Navarro-Valls a livré que le pape avait probablement, la nuit dernière, "eu à l'esprit les jeunes qu'il a rencontrés dans le monde entier durant son pontificat".
"En fait, a-t-il dit, il a semblé leur faire allusion lorsque, dans ses mots et à plusieurs reprises, il a semblé dire la phrase que l'on pourrait reconstituer de la manière suivante: 'Je vous ai cherchés, maintenant vous êtes venus à moi et je vous en remercie.'"
Les journaux italiens affichaient samedi en une des photos du pape polonais, qu'après 26 années de pontificat l'Italie considère comme l'un des siens, accompagnées de titres tels que "Au revoir, vieux pape", et "Merci, Wojtyla."
"PLUS PERSONNE POUR NOUS GUIDER"
Malgré la soudaine aggravation de son état de santé, Jean Paul II a refusé jeudi soir une nouvelle hospitalisation après deux séjours, en février et mars, à la polyclinique Gemelli de Rome, où il avait été admis pour des problèmes respiratoires, subissant notamment une trachéotomie le 24 février dernier.
Des cardinaux ont été conviés à présenter leurs hommages au pape, un homme autrefois athlétique qui n'a pas ménagé ses efforts pour répandre le message de l'Eglise en se rendant dans 129 pays et territoires lors de 104 voyages hors d'Italie.
Dans La Repubblica, le cardinal Mario Francesco Pompedda raconte cette rencontre, peut-être la dernière: "J'ai vu qu'il voulait me saluer et qu'il a tenté de dire quelques mots, mais il en a été incapable."
A Varsovie, les églises sont restées ouvertes toute la nuit et les Polonais, qui voient en Jean Paul II l'homme qui les a délivrés de 40 années de domination soviétique, ont prié dans les rues, formant l'espoir d'un miracle.
"S'il venait à nous quitter, nous n'aurions plus personne pour nous guider, pour nous aider à comprendre le monde", estimait Maria Danecka, venue dans la basilique de Wadowice, ville où Karol Wojtyla est né en 1920.
Au Brésil, le plus grand pays catholique du monde, les fidèles ont pris part à des messes spéciales et le Notre père a résonné dans l'enceinte du Sénat.
Même les régimes communistes de Chine et de Cuba, où l'archevêque de La Havane Jaime Ortega a été exceptionnellement autorisé à s'exprimer sur l'antenne de la télévision publique, se sont associés à cette "veillée funèbre planétaire".
CONCLAVE
Wojtyla devenait pape le 16 octobre 1978, à la surprise générale, son prédécesseur, Jean Paul Ier, étant décédé un mois seulement après son élection.
Si son rôle dans l'effondrement des régimes communistes d'Europe de l'Est est généralement portée à son crédit, son orthodoxie stricte lui a attiré l'inimitié de catholiques libéraux lui reprochant sa rigidité sur des questions telles que la contraception, l'avortement, le mariage des prêtres et le clergé féminin.
A Washington, un porte-parole de George Bush a déclaré que "les effusions d'amour sur toute la planète sont un témoignage de la grandeur du pape". Pour la secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, le pape fut "l'un des plus grands acteurs" de la chute du communisme en Europe.
Après le décès de Jean Paul II, les cardinaux électeurs du monde entier se réuniront en conclave au Vatican pour élire son successeur. Aucun favori ne se dégage a priori, entre les tenants d'un "pontificat court" et les avocats du "parti internationaliste" qui souhaite placer sur le trône de Saint-Pierre un pape issu d'un pays en voie de développement - l'Amérique latine, qui représente environ la moitié des catholiques, ou l'Asie.
par Philip Pullella et Robin Pomeroy
CITE DU VATICAN (Reuters) - Le pape Jean Paul II, victime de pertes de connaissance temporaires, est toujours dans un état "gravissime" mais n'est pas plongé dans le coma, annonce le Vatican dans son dernier bulletin de santé diffusé à la mi-journée.
A travers le monde, les quelque 1,1 milliard de catholiques se sont unis dans une "veillée funèbre" pour accompagner l'agonie du Saint-Père, âgé de 84 ans, dont le pontificat de plus de 26 ans restera comme l'un des plus longs de l'histoire.
"L'état de santé général et les conditions cardio-respiratoires du Saint-Père sont fondamentalement inchangés et sont par conséquent gravissimes", a déclaré à la mi-journée le porte-parole de la cité pontificale, Joaquin Navarro-Valls.
"Ce matin à l'aube a été constaté le début d'un état de perte de conscience, ce qui ne veut pas dire que l'on puisse parler de coma", a-t-il ajouté. "Il semble parfois dormir, se reposer, ne pas réagir immédiatement mais cela exclut techniquement un état comateux."
Navarro-Valls, qui communique régulièrement sur la santé du pape, a précisé qu'une messe avait été célébrée à 7h30 "en présence du pape". La veille, toujours selon le Vatican, le Saint-Père avait "concélébré" la messe du matin, et la nuance est significative de la dégradation de la santé du pape ces vingt-quatre dernières heures.
Jean Paul II, qui est âgé de 84 ans, a été victime dans la nuit de jeudi à vendredi d'un arrêt cardiaque et d'une septicémie mais a refusé de se faire hospitaliser, une décision interprétée par les observateurs comme sa volonté de vivre ses dernières heures dans ses appartements privés du Vatican.
"CONSCIENT DE SE RAPPROCHER DU SEIGNEUR"
Des ecclésiastiques de haut rang ne font plus mystère de l'imminence de sa mort, et plusieurs cardinaux du monde entier commencent à arriver à Rome dans la perspective du conclave qui désignera son successeur sur le trône de Saint-Pierre.
"Le successeur de Pierre, le pêcheur, est en train de mourir", a déclaré à Chicago le cardinal américain Francis George tandis que le cardinal sud-africain Wilfred Napier confiait: "Il semble qu'il vive ses dernières heures."
Le cardinal allemand Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a pour sa part déclaré que le pape était "conscient de se rapprocher du Seigneur".
Selon la police, environ 70.000 personnes se trouvaient à l'aube sur la place Saint-Pierre, pour passer ces derniers instants à ses côtés. Certains, munis de couvertures pour se prémunir contre la fraîcheur de la nuit, jouaient d'instruments de musique, ou priaient.
Dans son dernier communiqué, Navarro-Valls a livré que le pape avait probablement, la nuit dernière, "eu à l'esprit les jeunes qu'il a rencontrés dans le monde entier durant son pontificat".
"En fait, a-t-il dit, il a semblé leur faire allusion lorsque, dans ses mots et à plusieurs reprises, il a semblé dire la phrase que l'on pourrait reconstituer de la manière suivante: 'Je vous ai cherchés, maintenant vous êtes venus à moi et je vous en remercie.'"
Les journaux italiens affichaient samedi en une des photos du pape polonais, qu'après 26 années de pontificat l'Italie considère comme l'un des siens, accompagnées de titres tels que "Au revoir, vieux pape", et "Merci, Wojtyla."
"PLUS PERSONNE POUR NOUS GUIDER"
Malgré la soudaine aggravation de son état de santé, Jean Paul II a refusé jeudi soir une nouvelle hospitalisation après deux séjours, en février et mars, à la polyclinique Gemelli de Rome, où il avait été admis pour des problèmes respiratoires, subissant notamment une trachéotomie le 24 février dernier.
Des cardinaux ont été conviés à présenter leurs hommages au pape, un homme autrefois athlétique qui n'a pas ménagé ses efforts pour répandre le message de l'Eglise en se rendant dans 129 pays et territoires lors de 104 voyages hors d'Italie.
Dans La Repubblica, le cardinal Mario Francesco Pompedda raconte cette rencontre, peut-être la dernière: "J'ai vu qu'il voulait me saluer et qu'il a tenté de dire quelques mots, mais il en a été incapable."
A Varsovie, les églises sont restées ouvertes toute la nuit et les Polonais, qui voient en Jean Paul II l'homme qui les a délivrés de 40 années de domination soviétique, ont prié dans les rues, formant l'espoir d'un miracle.
"S'il venait à nous quitter, nous n'aurions plus personne pour nous guider, pour nous aider à comprendre le monde", estimait Maria Danecka, venue dans la basilique de Wadowice, ville où Karol Wojtyla est né en 1920.
Au Brésil, le plus grand pays catholique du monde, les fidèles ont pris part à des messes spéciales et le Notre père a résonné dans l'enceinte du Sénat.
Même les régimes communistes de Chine et de Cuba, où l'archevêque de La Havane Jaime Ortega a été exceptionnellement autorisé à s'exprimer sur l'antenne de la télévision publique, se sont associés à cette "veillée funèbre planétaire".
CONCLAVE
Wojtyla devenait pape le 16 octobre 1978, à la surprise générale, son prédécesseur, Jean Paul Ier, étant décédé un mois seulement après son élection.
Si son rôle dans l'effondrement des régimes communistes d'Europe de l'Est est généralement portée à son crédit, son orthodoxie stricte lui a attiré l'inimitié de catholiques libéraux lui reprochant sa rigidité sur des questions telles que la contraception, l'avortement, le mariage des prêtres et le clergé féminin.
A Washington, un porte-parole de George Bush a déclaré que "les effusions d'amour sur toute la planète sont un témoignage de la grandeur du pape". Pour la secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, le pape fut "l'un des plus grands acteurs" de la chute du communisme en Europe.
Après le décès de Jean Paul II, les cardinaux électeurs du monde entier se réuniront en conclave au Vatican pour élire son successeur. Aucun favori ne se dégage a priori, entre les tenants d'un "pontificat court" et les avocats du "parti internationaliste" qui souhaite placer sur le trône de Saint-Pierre un pape issu d'un pays en voie de développement - l'Amérique latine, qui représente environ la moitié des catholiques, ou l'Asie.
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