Parmi les «papabile», les Italiens sont favoris
JEAN-PAUL II Plus du tiers des électeurs, qui se réuniront le moment venu en conclave pour nommer le 265 e pape de l'histoire, ont été choisis par le Pape
Sophie de Ravinel
[Le Figaro, 02 avril 2005]
Sur les 117 cardinaux qui entreront en conclave pour élire le 265e pape de l'histoire, 114 ont été choisis et créés cardinaux par Jean-Paul II, les trois autres par Paul VI. Parmi ces derniers se trouve le cardinal Joseph Ratzinger, doyen du Sacré Collège et préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Le cardinal allemand a donc une certaine expérience derrière lui en matière de conclave. Son influence doctrinale et spirituelle sur l'Eglise catholique a été essentielle depuis son arrivée au Vatican, en 1981.
Certains voient en lui un éventuel successeur, mais cette probabilité est très faible. Son rôle essentiel sera sans doute l'exhortation spirituelle. Il veillera pourtant probablement à ce que les cardinaux soient bien conscients des défis devant lesquels se trouve l'Eglise et qui, pour lui, sont essentiellement la sécularisation ou la perte de la foi en Occident, le respect de la culture de la vie – un des piliers de l'actuel pontificat – ainsi que le maintien d'une tradition doctrinale vivante telle que Jean-Paul II la concevait.
L'élection de Jean-Paul II, polonais, a créé un choc considérable en 1978. Pour la première fois depuis 1522, un non-Italien n'avait pas été élu pape. Or, un certain nombre de cardinaux ont laissé entendre ces derniers temps qu'il serait peut-être bon de revenir aux Italiens, en particulier pour les qualités qu'on leur prête en matière de gouvernement, à la fois souples, habiles et déterminés.
Le 23 mars dernier, dans une interview accordée au quotidien argentin La Nacion, le cardinal archevêque de Varsovie et primat de Pologne, Jozef Glemp, a affirmé ouvertement ce que certains pensent tout bas : «J'y suis très favorable (NDLR : à l'élection d'un Italien) parce que parmi eux il y a vraiment des hommes très habiles, qui savent ce qu'ils font.» Parmi les vingt cardinaux italiens qui entreront en conclave, deux sont particulièrement placés sous l'oeil des caméras et l'oeil observateur des autres cardinaux : le cardinal archevêque de Venise, Angelo Scola, et le cardinal archevêque de Milan, Dionigio Tettamanzi. Angelo Scola est âgé de 64 ans. Cette figure incontournable de l'épiscopat italien est un universitaire formé à Fribourg qui a parcouru le monde dans le cadre de la fondation des Instituts Jean-Paul II, consacrés à la famille. Ancien recteur de l'université pontificale du Latran, il est connu pour son franc parler. Son engagement doctrinal se situe dans la droite ligne de l'enseignement de Jean-Paul II et il est particulièrement engagé dans le dialogue entre l'Orient et l'Occident. Quant à l'archevêque de Milan, âgé de 71 ans, il a été ordonné prêtre par le futur pape Paul VI. Le successeur du cardinal Carlo Maria Martini – qui pourrait jouer un rôle de poids au conclave afin d'unir les voix italiennes – est connu pour son engagement pastoral dynamique, son caractère rond et habile. Il a écrit de nombreux ouvrages de théologie morale et évolue aussi bien dans la sphère ecclésiale qu'économique ou politique.
Pourtant, ces rumeurs concernant un retour en force des Italiens peuvent aussi masquer les inquiétudes des cardinaux en matière de choix dans un collège électeur qui n'a jamais été aussi international. Revenir à l'Italie pourrait aussi être une solution de «repli». Les 117 électeurs sont en effet originaires de 67 pays différents et 77 d'entre eux sont actuellement à la tête d'un diocèse, ce qui ne favorise pas l'homogénéité ou tout simplement la connaissance mutuelle.
Malgré tout, l'Amérique du Sud devrait aussi jouer un rôle de poids avec des candidats qui font une forte impression dans le collège et dans leurs Eglises locales. Parmi eux se trouvent le Brésilien Claudio Hummes, archevêque de Sao Paulo ; le Hondurien Oscar Andrés Rogriguez Maradiaga, archevêque de Tegucigalpa ; mais aussi l'Argentin
Jorge Mario Bergoglio, archevêque de Buenos Aires, cela malgré une polémique récemment relancée dans son pays sur son rôle et ses positions politiques durant la dictature militaire. Un autre cardinal, moins connu à l'extérieur du collège des cardinaux, est le Chilien Francisco Javier Errazuriz Ossa, archevêque de Santiago du Chili.
Enfin, le continent asiatique étant «le continent du troisième millénaire», une figure est à observer de très près, il s'agit de l'Indien Ivan Dias, archevêque de Bombay.
Ce polyglotte a effectué une très grande partie de sa carrière dans la diplomatie pontificale. Proche des charismatiques et rigoureux en matière doctrinale, il a parcouru le monde avant de s'ancrer dans son diocèse. Les figures qui sortent du lot ne sont pas très nombreuses, mais le collège est très vaste. Les analyses sur les successions ont souvent été imprécises dans l'histoire. Les cardinaux font confiance à l'Esprit saint et ils affirment que ses vues ne sont pas toujours celles des hommes.
Sophie de Ravinel
[Le Figaro, 02 avril 2005]
Sur les 117 cardinaux qui entreront en conclave pour élire le 265e pape de l'histoire, 114 ont été choisis et créés cardinaux par Jean-Paul II, les trois autres par Paul VI. Parmi ces derniers se trouve le cardinal Joseph Ratzinger, doyen du Sacré Collège et préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Le cardinal allemand a donc une certaine expérience derrière lui en matière de conclave. Son influence doctrinale et spirituelle sur l'Eglise catholique a été essentielle depuis son arrivée au Vatican, en 1981.
Certains voient en lui un éventuel successeur, mais cette probabilité est très faible. Son rôle essentiel sera sans doute l'exhortation spirituelle. Il veillera pourtant probablement à ce que les cardinaux soient bien conscients des défis devant lesquels se trouve l'Eglise et qui, pour lui, sont essentiellement la sécularisation ou la perte de la foi en Occident, le respect de la culture de la vie – un des piliers de l'actuel pontificat – ainsi que le maintien d'une tradition doctrinale vivante telle que Jean-Paul II la concevait.
L'élection de Jean-Paul II, polonais, a créé un choc considérable en 1978. Pour la première fois depuis 1522, un non-Italien n'avait pas été élu pape. Or, un certain nombre de cardinaux ont laissé entendre ces derniers temps qu'il serait peut-être bon de revenir aux Italiens, en particulier pour les qualités qu'on leur prête en matière de gouvernement, à la fois souples, habiles et déterminés.
Le 23 mars dernier, dans une interview accordée au quotidien argentin La Nacion, le cardinal archevêque de Varsovie et primat de Pologne, Jozef Glemp, a affirmé ouvertement ce que certains pensent tout bas : «J'y suis très favorable (NDLR : à l'élection d'un Italien) parce que parmi eux il y a vraiment des hommes très habiles, qui savent ce qu'ils font.» Parmi les vingt cardinaux italiens qui entreront en conclave, deux sont particulièrement placés sous l'oeil des caméras et l'oeil observateur des autres cardinaux : le cardinal archevêque de Venise, Angelo Scola, et le cardinal archevêque de Milan, Dionigio Tettamanzi. Angelo Scola est âgé de 64 ans. Cette figure incontournable de l'épiscopat italien est un universitaire formé à Fribourg qui a parcouru le monde dans le cadre de la fondation des Instituts Jean-Paul II, consacrés à la famille. Ancien recteur de l'université pontificale du Latran, il est connu pour son franc parler. Son engagement doctrinal se situe dans la droite ligne de l'enseignement de Jean-Paul II et il est particulièrement engagé dans le dialogue entre l'Orient et l'Occident. Quant à l'archevêque de Milan, âgé de 71 ans, il a été ordonné prêtre par le futur pape Paul VI. Le successeur du cardinal Carlo Maria Martini – qui pourrait jouer un rôle de poids au conclave afin d'unir les voix italiennes – est connu pour son engagement pastoral dynamique, son caractère rond et habile. Il a écrit de nombreux ouvrages de théologie morale et évolue aussi bien dans la sphère ecclésiale qu'économique ou politique.
Pourtant, ces rumeurs concernant un retour en force des Italiens peuvent aussi masquer les inquiétudes des cardinaux en matière de choix dans un collège électeur qui n'a jamais été aussi international. Revenir à l'Italie pourrait aussi être une solution de «repli». Les 117 électeurs sont en effet originaires de 67 pays différents et 77 d'entre eux sont actuellement à la tête d'un diocèse, ce qui ne favorise pas l'homogénéité ou tout simplement la connaissance mutuelle.
Malgré tout, l'Amérique du Sud devrait aussi jouer un rôle de poids avec des candidats qui font une forte impression dans le collège et dans leurs Eglises locales. Parmi eux se trouvent le Brésilien Claudio Hummes, archevêque de Sao Paulo ; le Hondurien Oscar Andrés Rogriguez Maradiaga, archevêque de Tegucigalpa ; mais aussi l'Argentin
Jorge Mario Bergoglio, archevêque de Buenos Aires, cela malgré une polémique récemment relancée dans son pays sur son rôle et ses positions politiques durant la dictature militaire. Un autre cardinal, moins connu à l'extérieur du collège des cardinaux, est le Chilien Francisco Javier Errazuriz Ossa, archevêque de Santiago du Chili.
Enfin, le continent asiatique étant «le continent du troisième millénaire», une figure est à observer de très près, il s'agit de l'Indien Ivan Dias, archevêque de Bombay.
Ce polyglotte a effectué une très grande partie de sa carrière dans la diplomatie pontificale. Proche des charismatiques et rigoureux en matière doctrinale, il a parcouru le monde avant de s'ancrer dans son diocèse. Les figures qui sortent du lot ne sont pas très nombreuses, mais le collège est très vaste. Les analyses sur les successions ont souvent été imprécises dans l'histoire. Les cardinaux font confiance à l'Esprit saint et ils affirment que ses vues ne sont pas toujours celles des hommes.
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