4.02.2005

Des dizaines de milliers de Romains ont prié place Saint-Pierre

AFP
[samedi 02 avril 2005 - 08h11]

CITE DU VATICAN (AFP) - Près de 70.000 Romains, rejoints par d'autres fidèles émus et attristés, ont convergé jusqu'à une heure avancée de la nuit de vendredi à samedi place Saint-Pierre, sous les fenêtres du pape, pour accompagner Jean Paul II mourant par des prières égrenées avec ferveur.
L'immense place, où Jean Paul II a présidé tant de célébrations, a accueilli une foule aussi diverse que la ville, avec ses cohortes de séminaristes, de prêtres, de religieuses venues de tous les continents pour parfaire à Rome leur formation théologique, mais aussi des familles entières, des couples d'amoureux, des notables en costume sombre.
Une étudiante en théologie originaire de New York, Marijane, 21 ans, venue avec deux amies portant des bougies, confie son espoir ténu que le pape puisse encore se rétablir: "Un miracle est toujours possible mais que la volonté de Dieu soit faite", dit-elle, un rosaire à la main.
La conférence épiscopale italienne avait appelé la population à venir réciter la prière du rosaire pour le pape, alors que le dernier bulletin de santé laissait prévoir sa fin proche.
La foule, et parmi elle de très nombreux jeunes et adolescents, est arrivée une demi-heure avant la prière et beaucoup sont restés ou sont venus après, malgré un ciel menaçant et la fraîcheur de la nuit.
Des petits groupes déplient des couvertures et des duvets, d'autres s'asseoient en cercle pour chanter, et tous sont visiblement décidés à vivre au plus près les derniers moments de vie du vieux pape polonais.
"Quand le père souffre, ses enfants se serrent à ses côtés, quand le père meurt, ils s'agenouillent et lui offrent affection, admiration et gratitude", a déclaré en introduction Mgr Angelo Comastri, vicaire du pape pour la Cité du Vatican.
"Avant, on venait sur la place pour prier pour la santé du Saint-Père, maintenant on prie pour qu'il passe de ce monde-là au royaume de Dieu", confie un prêtre français de Montpellier, Guy Tardivy.
A 21h00 (19h00 GMT), quelque 30.000 personnes ont envahi l'esplanade, et l'atmosphère retenue était tout autre que celle encore décontractée de l'après-midi, lorsque touristes et curieux se mêlaient aux petits groupes de fidèles. Vers minuit, la police avançait le chiffre de près de 50.000 à 70.000 personnes massées devant la basilique symbole du catholicisme.
Certains, venus en moto, ont le casque sous le bras, d'autres gardent le téléphone portable à l'oreille, des enfants courent, mais peu à peu le recueillement gagne l'assistance.
Pourtant, malgré l'invitation à se rapprocher du parvis de la basilique Saint-Pierre dominant la place, où plusieurs dizaines de prélats debout entourent Mgr Comastri, la plupart préfèrent rester sous les fenêtres des appartements du pape dont les rectangles lumineux se découpent dans la nuit.
"La fenêtre de sa chambre est celle où la lumière est faible", croit savoir soeur Julia, une religieuse franciscaine de la région de Naples, "elle attire tous nos regards".
Sous la conduite du prélat, la foule égrène à mi-voix des "Je vous salue Marie", la prière à la Sainte Vierge à qui Jean Paul II voue un culte fervent. Des célébrants lisent des extraits des Evangiles et de discours de Jean Paul II, dont l'un, qu'il n'avait pu lui-même prononcer, datant du dimanche des Rameaux, le 21 mars.
Le rosaire s'achève par le Salve Regina, une autre prière à la Vierge, et par la litanie des saints. Certains suivent l'invitation de Mgr Comastri à rentrer chez eux mais beaucoup préfèrent rester et attendre.
Ephrem, 31 ans, un étudiant en théologie africain, se dit "heureux de voir un tel soutien au pape. C'est le signe qu'il est très aimé de tous les chrétiens".
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