5.09.2005

Benoît XVI affiche résolument sa constance doctrinale

RELIGION A Rome, en la basilique Saint-Jean-de-Latran, le Pape a réitéré les principes édictés sous son prédécesseur

Sophie de Ravinel
[Le Figaro, 09 mai 2005]

Samedi en la basilique de Saint-Jean-de-Latran, Benoît XVI a manifesté son intention de ne pas s'écarter d'un iota des positions de son prédécesseur en matière doctrinale. Il a aussi confirmé l'impression perçue dès ses premières interventions que rien, ni personne, ne pourrait le faire dévier de ce qu'il considère comme son devoir de pasteur : faire en sorte que la parole de Dieu «continue à être présente dans sa grandeur et à retentir dans sa pureté afin qu'elle ne soit pas mise en pièce par les changements constants de la mode».
Au cours d'une homélie prononcée dans la basilique majeure dont il prenait possession comme évêque de Rome, Benoît XVI a centré son propos sur la responsabilité du successeur de Pierre. Il a choisi de mettre en valeur le point crucial pour l'Église catholique de «l'inviolabilité de l'être humain de sa conception jusqu'à sa mort naturelle». «La liberté de tuer, a-t-il dit sans ambiguïté, n'est pas une vraie liberté, mais une tyrannie qui réduit l'être humain à l'esclavage.» Une salve d'applaudissements a suivi. Plusieurs milliers de Romains étaient venus entourer leur nouvel évêque dans sa cathédrale. Ces propos ont été analysés en Italie comme un avertissement, à cinq semaines du référendum, visant à abroger une loi restrictive sur la fécondation assistée et sur les manipulations génétiques.
Benoît XVI n'est pas du genre à tourner autour du pot pour transmettre son message en veillant à ne blesser personne et à coller aux attentes «séculières». Dans la période immédiate qui a précédé son élection, que ce soit lors du vendredi saint ou de la messe d'ouverture du conclave, il avait exprimé simplement ce qui lui semblait important, sans se préoccuper de la manière dont ses propos pouvaient être perçus. Une transparence et une fermeté doctrinale qui aura finalement joué en sa faveur.
Lors de sa messe d'intronisation, le 20 avril dernier, le nouveau Pape avait ainsi demandé aux fidèles : «Priez pour moi afin que je ne me dérobe pas, par peur, devant les loups.» «En me choisissant comme évêque de Rome, le Seigneur m'a voulu pour vicaire, il m'a voulu «pierre» sur laquelle tous puissent s'appuyer en sécurité», avait-il ajouté.
Samedi soir, serein et détendu face à la foule, il a développé à nouveau ce thème de la responsabilité pontificale. Concernant l'interprétation des «Saintes Écritures», s'il a ainsi estimé que les travaux d'interprétation des experts étaient «importants et précieux», il a aussi souligné que la science seule, «n'est pas en mesure de nous fournir (...) cette certitude avec laquelle nous pouvons vivre et pour laquelle nous pouvons aussi mourir». Seul un mandat plus grand – «celui de l'Église confiée à Pierre et au collège des apôtres» – peut «aller au-delà des seules capacités humaines».
Le pouvoir d'enseigner – qui est une des trois responsabilités pontificales avec celles de gouverner et de sanctifier – «fait peur a beaucoup d'hommes dans l'Église et en dehors», a souligné Benoît XVI. «Ils se demandent s'il ne s'agit pas là de menaces à la liberté de conscience». Pour lui, il s'agit bien plutôt «d'un mandat pour servir». «Le Pape n'est pas un souverain absolu dont la pensée et volonté sont autant de lois», a-t-il précisé. «Le ministère du Pape est la garantie de l'obéissance envers le Christ et sa parole (...) face à toutes les tentatives visant à l'adapter ou à l'atténuer.»
Benoît XVI a manifesté dans cette homélie son intention de rester ferme dans la proclamation de la foi et a encore souligné, comme il l'avait déjà dit en tant que préfet pour la doctrine de la foi, que sa mission spirituelle doit transcender sa propre personnalité humaine.
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