Premier appel solennel de Benoît XVI à la paix, surtout au Togo
ZF05050201
2005-05-02
ROME, Lundi 2 mai 2005 (ZENIT.org) – Le pape Benoît XVI a lancé son premier appel solennel à la paix, en particulier au Togo, dimanche à midi, depuis la fenêtre de son bureau, qui donne place Saint-Pierre.
C’était la première fois que Benoît XVI s’exprimait de cette fenêtre. Il a repris cette habitude de Jean-Paul II de lancer un appel en lien direct avec l’actualité, le dimanche après la prière mariale de midi. C’est de cette fenêtre que Jean-Paul II a appelé sans se lasser à la paix et au dialogue, ou à la libération des otages en Irak.
« En ces jours, confiait Benoît XVI, je me retrouve souvent à penser à tous les peuples qui souffrent de la guerre, des maladies et de la pauvreté ».
Il soulignait : « En particulier, je suis proche aujourd’hui des chères populations du Togo, bouleversées par de douloureuses luttes internes. »
« Pour toutes ces nations, concluait le pape, j’implore le don de la concorde et de la paix ».
On sait que le pape Benoît XVI a indiqué lui-même avoir choisi ce nom de Benoît en référence à son prédécesseur Benoît XV, élu en 1914 et infatigable promoteur de la paix en Europe. Il a aussi choisi ce nom en référence à saint Benoît de Nursie. Or, la devise bénédictine est la paix : « Pax ».
Benoît XVI a déclaré dès le premier jour de son service pétrinien vouloir lui aussi travailler à la réconciliation et à la paix entre les hommes.
Ses premières paroles, à l’issue de sa première messe comme pape, le 20 avril, en la chapelle Sixtine, ont été ce vœu : « Grâce et paix en abondance à vous tous ! ».
Dans ce discours-programme, il disait encore : « J'invoque de Dieu l'unité et la paix pour la famille humaine et je déclare la disponibilité de tous les catholiques à coopérer pour un développement social authentique, respectueux de la dignité de chaque être humain ».
Au Togo, des violences ont éclaté à la suite de la victoire électorale, dimanche dernier, 24 avril, du candidat gouvernemental à la présidentielle, Faure Gbnassingbé.
Selon l’agence missionnaire italienne Misna, une mission conjointe de l'Union Africaine (UA) et de la Communauté économique de l'Afrique Occidentale (CEDEAO) se compose de représentants ministériels du Nigeria – qui avec le chef d'État Olusegun Obasanjo détient la présidence en charge de l'UA – et du Niger, dont le président dirige en ce moment la CEDEAO.
L'organisation régionale avait envoyé 162 observateurs électoraux pour la consultation du 24 avril; dans leur rapport final, ils affirment que la consultation peut être considérée crédible, malgré une série d'incorrections.
L'opposition, déjà avant le vote, avait attaqué la CEDEAO, l'accusant de connivence avec le parti au pouvoir du président défunt Étienne Gnassingbé Éyadéma, mort en février après avoir passé 38 ans au pouvoir.
Les résultats provisoires du vote, dans l'attente de la confirmation de la Cour Constitutionnelle du Togo, ont attribué la victoire au fils du dictateur disparu, Faure Gnassingbé, avec 60% des préférences.
La CEDEAO comme le Nigeria ont qualifié « d'inconstitutionnel » le fait que le candidat de l'opposition mis en échec, Emmanuel Akitani-Bob, qui a exhorté mercredi dernier le peuple togolais à ne pas accepter l'issue des urnes, se soit proclamé président.
Un appel à « user du dialogue » et à « utiliser les voies légales de recours existantes » pour résoudre les divergences a été lancé par la CEDEAO et par l'OUA au terme d'une série de rencontres, samedi, organisées à Lomé avec des représentants du pouvoir et de l'opposition pour tenter de résoudre la crise.
« La violence ne peut que nuire aux efforts déployés pour bâtir une démocratie stable au Togo » indique un communiqué des deux organismes, cité par Misna.
Entre temps, la vie reprend lentement son cours dans la capitale, où ce matin un bon nombre d'habitants se sont rendus au travail, bien que des sources de Misna signalent que les zones de Bé et de Dékon se sont en grande partie vidées de leurs habitants, surtout des femmes et des enfants, par crainte de répression militaire sur les sympathisants de la formation d'opposition.
Certaines écoles ont rouvert leurs portes, mais dans celle d'Ablogamé (non loin de Bé) par exemple aucun élève ne s'est présenté et plusieurs enseignants manquent à l'appel. « Un sentiment de peur diffusée règne dans la ville et dans le pays » a déclaré à Misna Faustin Eyigbé, directeur de Radio Marie, la principale radio catholique du Togo, que les autorités ont fait fermer il y a quelques jours.
« La police nous a ordonné de suspendre toutes nos activités: j'ai moi-même été menacé de nuit chez moi et à présent je suis en clandestinité » a ajouté le directeur, contacté par téléphone dans une localité tenue secrète.
Comme lui, bien des Togolais ont choisi d'abandonner Lomé parce qu'ils craignent la violence des militaires ou de la police, et notamment les religieux, membres de l'Église catholique, évangélique ou méthodiste.
Des sources de Misna réfèrent qu'au moins deux pasteurs de l'Église presbytérienne ont été hospitalisés après avoir été passés à tabac. Les « bérets rouges » – unité spéciale de l'armée – auraient fait une incursion dans une église méthodiste mais son responsable avait déjà pris la fuite.
L'archevêque de Lomé, Mgr Philippe Fanoko Kossi Kpodzro, aurait également par précaution quitté le siège épiscopal de Lomé; il aurait été semble-t-il accusé par le pouvoir (Rassemblement du peuple togolais, RPT) d'être trop proche de l'opposition. La situation serait tendue en outre à Atakpamé (environ 150 kilomètres au nord de Lomé) d'où arrivent des informations concernant la mort d'une soixantaine de personnes dans des affrontements entre sympathisants de l'opposition et les forces armées.
Les faits se seraient produits mardi et mercredi derniers mais ce bilan n'a été indiqué que récemment par des sources de la société civile locale. Il y aurait également 150 blessés et un nombre imprécis de disparus et de civils en fuite.
Des sources de Misna sur place confirment que de graves violences ont eu lieu ces derniers jours : « Il est difficile d'indiquer un bilan précis parce que les autorités sanitaires locales ont fourni un bilan d'environ 20 morts à l'hôpital, mais les victimes sont certainement plus nombreuses et les familles les ont déjà enterrées dans la brousse en dehors de la ville », a ajouté la même source.
2005-05-02
ROME, Lundi 2 mai 2005 (ZENIT.org) – Le pape Benoît XVI a lancé son premier appel solennel à la paix, en particulier au Togo, dimanche à midi, depuis la fenêtre de son bureau, qui donne place Saint-Pierre.
C’était la première fois que Benoît XVI s’exprimait de cette fenêtre. Il a repris cette habitude de Jean-Paul II de lancer un appel en lien direct avec l’actualité, le dimanche après la prière mariale de midi. C’est de cette fenêtre que Jean-Paul II a appelé sans se lasser à la paix et au dialogue, ou à la libération des otages en Irak.
« En ces jours, confiait Benoît XVI, je me retrouve souvent à penser à tous les peuples qui souffrent de la guerre, des maladies et de la pauvreté ».
Il soulignait : « En particulier, je suis proche aujourd’hui des chères populations du Togo, bouleversées par de douloureuses luttes internes. »
« Pour toutes ces nations, concluait le pape, j’implore le don de la concorde et de la paix ».
On sait que le pape Benoît XVI a indiqué lui-même avoir choisi ce nom de Benoît en référence à son prédécesseur Benoît XV, élu en 1914 et infatigable promoteur de la paix en Europe. Il a aussi choisi ce nom en référence à saint Benoît de Nursie. Or, la devise bénédictine est la paix : « Pax ».
Benoît XVI a déclaré dès le premier jour de son service pétrinien vouloir lui aussi travailler à la réconciliation et à la paix entre les hommes.
Ses premières paroles, à l’issue de sa première messe comme pape, le 20 avril, en la chapelle Sixtine, ont été ce vœu : « Grâce et paix en abondance à vous tous ! ».
Dans ce discours-programme, il disait encore : « J'invoque de Dieu l'unité et la paix pour la famille humaine et je déclare la disponibilité de tous les catholiques à coopérer pour un développement social authentique, respectueux de la dignité de chaque être humain ».
Au Togo, des violences ont éclaté à la suite de la victoire électorale, dimanche dernier, 24 avril, du candidat gouvernemental à la présidentielle, Faure Gbnassingbé.
Selon l’agence missionnaire italienne Misna, une mission conjointe de l'Union Africaine (UA) et de la Communauté économique de l'Afrique Occidentale (CEDEAO) se compose de représentants ministériels du Nigeria – qui avec le chef d'État Olusegun Obasanjo détient la présidence en charge de l'UA – et du Niger, dont le président dirige en ce moment la CEDEAO.
L'organisation régionale avait envoyé 162 observateurs électoraux pour la consultation du 24 avril; dans leur rapport final, ils affirment que la consultation peut être considérée crédible, malgré une série d'incorrections.
L'opposition, déjà avant le vote, avait attaqué la CEDEAO, l'accusant de connivence avec le parti au pouvoir du président défunt Étienne Gnassingbé Éyadéma, mort en février après avoir passé 38 ans au pouvoir.
Les résultats provisoires du vote, dans l'attente de la confirmation de la Cour Constitutionnelle du Togo, ont attribué la victoire au fils du dictateur disparu, Faure Gnassingbé, avec 60% des préférences.
La CEDEAO comme le Nigeria ont qualifié « d'inconstitutionnel » le fait que le candidat de l'opposition mis en échec, Emmanuel Akitani-Bob, qui a exhorté mercredi dernier le peuple togolais à ne pas accepter l'issue des urnes, se soit proclamé président.
Un appel à « user du dialogue » et à « utiliser les voies légales de recours existantes » pour résoudre les divergences a été lancé par la CEDEAO et par l'OUA au terme d'une série de rencontres, samedi, organisées à Lomé avec des représentants du pouvoir et de l'opposition pour tenter de résoudre la crise.
« La violence ne peut que nuire aux efforts déployés pour bâtir une démocratie stable au Togo » indique un communiqué des deux organismes, cité par Misna.
Entre temps, la vie reprend lentement son cours dans la capitale, où ce matin un bon nombre d'habitants se sont rendus au travail, bien que des sources de Misna signalent que les zones de Bé et de Dékon se sont en grande partie vidées de leurs habitants, surtout des femmes et des enfants, par crainte de répression militaire sur les sympathisants de la formation d'opposition.
Certaines écoles ont rouvert leurs portes, mais dans celle d'Ablogamé (non loin de Bé) par exemple aucun élève ne s'est présenté et plusieurs enseignants manquent à l'appel. « Un sentiment de peur diffusée règne dans la ville et dans le pays » a déclaré à Misna Faustin Eyigbé, directeur de Radio Marie, la principale radio catholique du Togo, que les autorités ont fait fermer il y a quelques jours.
« La police nous a ordonné de suspendre toutes nos activités: j'ai moi-même été menacé de nuit chez moi et à présent je suis en clandestinité » a ajouté le directeur, contacté par téléphone dans une localité tenue secrète.
Comme lui, bien des Togolais ont choisi d'abandonner Lomé parce qu'ils craignent la violence des militaires ou de la police, et notamment les religieux, membres de l'Église catholique, évangélique ou méthodiste.
Des sources de Misna réfèrent qu'au moins deux pasteurs de l'Église presbytérienne ont été hospitalisés après avoir été passés à tabac. Les « bérets rouges » – unité spéciale de l'armée – auraient fait une incursion dans une église méthodiste mais son responsable avait déjà pris la fuite.
L'archevêque de Lomé, Mgr Philippe Fanoko Kossi Kpodzro, aurait également par précaution quitté le siège épiscopal de Lomé; il aurait été semble-t-il accusé par le pouvoir (Rassemblement du peuple togolais, RPT) d'être trop proche de l'opposition. La situation serait tendue en outre à Atakpamé (environ 150 kilomètres au nord de Lomé) d'où arrivent des informations concernant la mort d'une soixantaine de personnes dans des affrontements entre sympathisants de l'opposition et les forces armées.
Les faits se seraient produits mardi et mercredi derniers mais ce bilan n'a été indiqué que récemment par des sources de la société civile locale. Il y aurait également 150 blessés et un nombre imprécis de disparus et de civils en fuite.
Des sources de Misna sur place confirment que de graves violences ont eu lieu ces derniers jours : « Il est difficile d'indiquer un bilan précis parce que les autorités sanitaires locales ont fourni un bilan d'environ 20 morts à l'hôpital, mais les victimes sont certainement plus nombreuses et les familles les ont déjà enterrées dans la brousse en dehors de la ville », a ajouté la même source.
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