5.06.2005

Benoît XVI adresse un signal d'apaisement aux protestants français

RELIGION Les réformés avaient réagi avec méfiance à son élection

Aix-en-Provence: de notre envoyée spéciale Sophie de Ravinel
[Le Figaro, 06 mai 2005]


C'est un geste inattendu et inédit. Benoît XVI, par le canal de la secrétairerie d'Etat du Vatican, a envoyé un message à l'Eglise réformée de France réunie en assemblée synodale annuelle jusqu'à dimanche.
Dans ce texte lu hier après-midi par Mgr Claude Feidt, archevêque d'Aix-en-Provence, le Pape a salué cordialement les participants, souhaitant qu'ils puissent «prendre avec audace leur part de l'annonce de l'Évangile» afin de rendre témoignage au Christ, «par leurs paroles et par leurs actes à Celui qui est venu en ce monde pour visiter tous ceux qui attendent le salut». Il a particulièrement souligné «le souci de l'unité», essentiel pour l'évangélisation dans «la société actuelle».
Répondant aux critiques et aux réactions de méfiance émises fin avril par les protestants après l'élection de Benoît XVI, ce message veut marquer la volonté des catholiques de poursuivre la voie de l'œcuménisme entreprise par Jean-Paul II. Mgr Feidt avait prévenu Rome, par le biais de la nonciature apostolique, de sa participation à cette assemblée et leur avait sans doute fait savoir qu'un geste marquant le dialogue serait bienvenu.
Hier, il était visiblement réjoui de pouvoir transmettre le message qui, selon lui, «n'a rien de diplomatique». D'autant que ce dernier contient le terme «Eglise» pour qualifier les protestants réformés, et non pas «communauté ecclésiale», comme cela avait été le cas dans le document controversé «Dominus Iesus», signé par le cardinal Ratzinger en l'an 2000. Déjà, dimanche dernier, à l'occasion de la Pâque célébrée par les orthodoxes, Benoît XVI avait envoyé un message aux «Eglises orthodoxes». Pour Mgr Feidt, «ce mot n'a pas été choisi au hasard.
Et malgré ce que l'on a pu dire sur le Pape, d'abord cardinal Ratzinger, son début de pontificat a été marqué par une claire volonté de dialogue».
Pour sa part, le pasteur Marcel Manoël, président de l'Eglise réformée de France, a accueilli ce texte «avec surprise». «C'est un geste positif», a-t-il estimé en ajoutant que cela ne serait pas «sans conséquences pour la suite».
Une réponse sera envoyée au Pape dans les prochaines semaines. «Pour parler très franchement, a affirmé Marcel Manoël, l'élection de Benoît XVI a été une surprise pour nous en raison des positions qu'il avait prises en matière œcuménique.» «Mais le théologien Ratzinger est quelqu'un qui connaît très bien le protestantisme par son origine allemande. Jean-Paul II, lui, le connaissait plus affectivement que théologiquement.»
Pour le pasteur, «le Pape actuel est capable de mesurer ce qui nous sépare et son travail à la Doctrine de la foi peut aussi l'aider à comprendre et à accepter qu'il puisse y avoir une seule Eglise de Jésus-Christ au travers de plusieurs visages».
Quant à Jean-Arnold de Clermont, président de la Fédération protestante de France, il a «apprécié» ce message, qui a, cependant, «été sans doute voulu par la hiérarchie catholique en France comme marque d'apaisement». Une manière de prendre de la distance avec la portée du message.
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