Le procès en béatification de Jean-Paul II s'ouvre ce soir
VATICAN Le vicaire de Rome, Camillo Ruini, célébrera le début officiel de la procédure en la basilique Saint-Jean de Latran
Le Vatican : Hervé Yannou
[Le Figaro, 28 juin 2005]
Benoît XVI avait annoncé que pout Jean-Paul II il dérogerait à la règle selon laquelle un procès de ce type ne peut débuter que cinq ans après la mort d'un individu.
«Santo subito», criaient les fidèles place Saint-Pierre lors des funérailles de Jean-Paul II. Ce soir, dans la basilique Saint-Jean de Latran, le cardinal Camillo Ruini, vicaire de Rome, ouvrira officiellement la phase diocésaine de son procès en béatification. Le 13 mai dernier, jour anniversaire de l'attentat de 1981 qui faillit coûter la vie à son prédécesseur, Benoît XVI annonçait qu'il dérogeait à la règle selon laquelle un procès de ce type ne peut débuter que cinq ans après la mort d'un individu. Seuls 85 jours auront été nécessaires pour que l'enquête débute. Un record dans l'histoire moderne de l'Eglise catholique, auparavant détenu par Mère Teresa, béatifiée en 2003. Son procès s'était ouvert en 1998, un an après sa mort.
Pour Salwomir Oder, prêtre polonais de Rome nommé postulateur de la cause – une sorte de juge d'instruction –, il est «absolument impossible» d'estimer combien de temps durera le procès. Le processus est long et tenu par le secret que jureront d'observer ce soir les avocats canonistes et les notaires apostoliques chargés de l'enquête. Ces juges incorruptibles – ils ne peuvent accepter aucune forme de don – doivent garder jalousement le nombre et l'identité des personnes appelées à témoigner de la vie et du gouvernement de Jean-Paul II. Cardinaux et laïcs, non-catholiques, hommes politiques et amis du pape seront nombreux à se succéder à la barre. Leur interrogatoire à huis clos pourrait commencer dès septembre. L'un des premiers témoins sera Mgr Stanislas Dziwisz, nouvel archevêque de Cracovie et secrétaire particulier de Jean-Paul II durant près de quarante ans. Il y a quelques semaines, il a avoué avoir conservé des papiers privés du pontife. Il est prêt à les remettre aux enquêteurs, ainsi que le journal qu'il a rédigé. Quant à Benoît XVI, qui a servi Karol Wojtyla durant vingt-quatre ans, il ne peut être à la fois juge et témoin.
Dans ce procès, tout le monde aura le droit à la parole. Le 18 mai dernier, jour du 85e anniversaire de Karol Wojtyla, le cardinal Ruini avait signé un édit appelant à faire connaître tous les témoignages et les écrits favorables, ou défavorables, à la «réputation de sainteté» de Jean-Paul II. Un site Internet a été créé pour participer au procès et faire connaître les «grâces reçues» du pape *. 22 000 personnes sont déjà venues le visiter. Une souscription est aussi ouverte, car le procès coûtera cher.
En plus des témoins, près de 630 documents seraient d'ores et déjà réunis. Il revient aux enquêteurs romains de les compiler et de les adresser au Vatican. La Congrégation pour la cause des saints consultera à son tour des collèges et des commissions de théologiens, d'historiens et de médecins pour le miracle posthume nécessaire à toute béatification. Ceux accomplis par Jean-Paul II de son vivant ne suffisent pas. Enfin, la décision finale reviendra au Pape. Il décidera si le plus grand «faiseur de saints» de l'histoire rejoindra sur les autels les 1 342 béatifiés et les 483 canonisés de son pontificat.
* www.beatificazionegiovannipaoloII.org
Le Vatican : Hervé Yannou
[Le Figaro, 28 juin 2005]
Benoît XVI avait annoncé que pout Jean-Paul II il dérogerait à la règle selon laquelle un procès de ce type ne peut débuter que cinq ans après la mort d'un individu.
«Santo subito», criaient les fidèles place Saint-Pierre lors des funérailles de Jean-Paul II. Ce soir, dans la basilique Saint-Jean de Latran, le cardinal Camillo Ruini, vicaire de Rome, ouvrira officiellement la phase diocésaine de son procès en béatification. Le 13 mai dernier, jour anniversaire de l'attentat de 1981 qui faillit coûter la vie à son prédécesseur, Benoît XVI annonçait qu'il dérogeait à la règle selon laquelle un procès de ce type ne peut débuter que cinq ans après la mort d'un individu. Seuls 85 jours auront été nécessaires pour que l'enquête débute. Un record dans l'histoire moderne de l'Eglise catholique, auparavant détenu par Mère Teresa, béatifiée en 2003. Son procès s'était ouvert en 1998, un an après sa mort.
Pour Salwomir Oder, prêtre polonais de Rome nommé postulateur de la cause – une sorte de juge d'instruction –, il est «absolument impossible» d'estimer combien de temps durera le procès. Le processus est long et tenu par le secret que jureront d'observer ce soir les avocats canonistes et les notaires apostoliques chargés de l'enquête. Ces juges incorruptibles – ils ne peuvent accepter aucune forme de don – doivent garder jalousement le nombre et l'identité des personnes appelées à témoigner de la vie et du gouvernement de Jean-Paul II. Cardinaux et laïcs, non-catholiques, hommes politiques et amis du pape seront nombreux à se succéder à la barre. Leur interrogatoire à huis clos pourrait commencer dès septembre. L'un des premiers témoins sera Mgr Stanislas Dziwisz, nouvel archevêque de Cracovie et secrétaire particulier de Jean-Paul II durant près de quarante ans. Il y a quelques semaines, il a avoué avoir conservé des papiers privés du pontife. Il est prêt à les remettre aux enquêteurs, ainsi que le journal qu'il a rédigé. Quant à Benoît XVI, qui a servi Karol Wojtyla durant vingt-quatre ans, il ne peut être à la fois juge et témoin.
Dans ce procès, tout le monde aura le droit à la parole. Le 18 mai dernier, jour du 85e anniversaire de Karol Wojtyla, le cardinal Ruini avait signé un édit appelant à faire connaître tous les témoignages et les écrits favorables, ou défavorables, à la «réputation de sainteté» de Jean-Paul II. Un site Internet a été créé pour participer au procès et faire connaître les «grâces reçues» du pape *. 22 000 personnes sont déjà venues le visiter. Une souscription est aussi ouverte, car le procès coûtera cher.
En plus des témoins, près de 630 documents seraient d'ores et déjà réunis. Il revient aux enquêteurs romains de les compiler et de les adresser au Vatican. La Congrégation pour la cause des saints consultera à son tour des collèges et des commissions de théologiens, d'historiens et de médecins pour le miracle posthume nécessaire à toute béatification. Ceux accomplis par Jean-Paul II de son vivant ne suffisent pas. Enfin, la décision finale reviendra au Pape. Il décidera si le plus grand «faiseur de saints» de l'histoire rejoindra sur les autels les 1 342 béatifiés et les 483 canonisés de son pontificat.
* www.beatificazionegiovannipaoloII.org
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