6.21.2005

Autour de Benoît XVI

NOUVELOBS.COM | 21.06.05 | 16:23

Autour de Benoît XVI "Benoît XVI, les clés d’une vie",
de Constance Colonna-Cesari,
n'a pas plu au critique du Monde.
Qui l'a écrit. Et à qui répond l'auteur.


SPECIALISTE des questions religieuses, Constance Colonna-Cesari, journaliste, est régulièrement interviewée sur nouvelobs.com, pour qui elle est devenue une consultante avertie. Son dernier ouvrage, "Benoît XVI, les clés d’une vie" (éd. Philippe Rey, 198 p., 14,90 euros), sorti dans la foulée de l'élection du nouveau pape, a été proprement éreinté par le critique du Monde, Henri Tincq.
L'auteur a ensuite répondu à son critique.
Un joli moment de polémique.
C'est pourquoi nous publions ici des extraits de l'article d’Henri Tincq (la législation sur le droit de citation interdit la reproduction intégrale d'un article) ainsi que la lettre-réponse de Constance Colonna-Cesari.

Extrait de l'article d’Henri Tincq paru dans Le Monde des livres, vendredi 10 juin 2005, sous le titre : "Benoît XVI, star éditoriale":
Publicité

(…)"Ainsi ose-t-on présenter comme une biographie ("Benoît XVI les clés d’une vie", de Constance Colonna-Cesari, éd Philippe Rey) le livre d’une journaliste inconnue à Rome qui réécrit les dépêches d’agence et les articles parus lors du conclave, dépeint l’élection du cardinal Ratzinger comme la machination d’un clan ultra-conservateur et détaille avec une assurance désarmante les manœuvres des quatre scrutins. Un cardinal latino-américain aurait obtenu 50 voix ! Le "candidat progressiste" Martini aurait souhaité "un nouveau concile Vatican III". Que d’erreurs et d’approximation ! (…)
Il aurait fallu du temps, étudier les racines bavaroises du nouveau pape, tenter de comprendre les raidissements de sa pensée après Vatican II, essayer d’expliquer son action à Rome par son conflit originel et personnel avec son collègue progressiste de Tübingen. (…)

Réponse de l’auteur à Henri Tincq, le 13 juin 2005:

"Monsieur,
Pauvre et humble journaliste "inconnue à Rome", vous me refusez cette année mon diplôme de vaticaniste… J’en suis évidemment très triste, puisque vous êtes bien sûr le détenteur de cette science savante réservée à un cercle d’initiés dont vous délimitez avec autorité le contour... Sachez pourtant qu’un grand nombre de vos confrères (à La Croix, Radio Vatican, KTO, pour ne citer ici que des titres catholiques, et donc "autorisés") ont fait de "Benoît XVI, les clés d’une vie" une critique beaucoup moins partiale. J’imagine qu’ils l’avaient tout simplement lu.
N’ayez pas peur ! ai-je envie de vous écrire. Ouvrez toutes grandes les portes de l’information à caractère religieux ! Acceptez d’y voir entrer d’autres plumes, dont l’une, soit dit en passant, planche sur le sujet depuis les années 1984 et connaît elle aussi de l’intérieur ce monde fermé que vous jugez impénétrable. Et surtout, sortez de la "Sala stampa vaticana" lorsque vous êtes à Rome ! Vous pourriez rencontrer bien des gens, cardinaux, monsignor, prêtres ou ambassadeurs qui me connaissent et, pire, osent apprécier mes livres !
Si, si ! même à l’intérieur des enceintes de la Porte de Bronze, je vous assure !
L’ironie de votre article –et donc de votre lecture de mon livre, réduite au mieux à quelques lignes du chapitre sur le conclave- est que, comme vous l’écrivez, "il aurait fallu étudier les racines bavaroises du nouveau pape, tenter de comprendre les raidissements de sa pensée après Vatican II, essayer d’expliquer son action à Rome par son conflit originel et personnel avec son collègue progressiste de Tübingen". Je me demande comment vous avez pu passer à côté de tous ces chapitres puisqu’ils constituent précisément le corps de mon texte ! Etes-vous aveugle à l’évidence ou simplement d’une mauvaise foi inouïe ? A vous lire, je me demande même s’il ne vaut pas mieux demeurer ad vitam aeternam une "vaticaniste en herbe", plutôt que risquer de devenir une branche desséchée, oublieuse des principes d’objectivité et d’ouverture qui fondent la belle mission d’information dévolue aux journalistes…
J’ignore d’où vous vient cette rancune. Une explication est peut-être la bonne : vous aviez, paraît-il, vous aussi, le projet d’un livre rapide sur le successeur de Jean-Paul II (ou serait-ce encore l’une de mes spéculations ?).
J’espère que cet ouvrage ne tardera plus et que vous nous démontrerez très vite votre capacité à trouver un ton et un traitement plus honorables, simplement destinés à informer les lecteurs. Ceux du Monde le méritent comme les autres. La défense de votre "pré carré" les intéresse sans doute bien moins que le contenu réel et l’analyse objective de ces livres que vous mettez si hâtivement à l’index …
Que vous limitiez mon travail -alors que vous n’avez pas fait le vôtre- à la réécriture de dépêches d’agence me semble l’injustice la plus criante et la plus malhonnête de votre article. J’aime écrire, et de nombreux lecteurs m’ont déjà fait l’obligeance de souligner que mon style aussi faisait partie des qualités qu’ils avaient appréciées dans mon livre. Apparu à certains critiques comme "solide et documenté" (Le Nouvel Obs), ou encore fidèle à l’exercice "d’une biographie, au sens classique du terme" (La Croix), "Benoît XVI, les clés d’une vie" méritait au moins de votre part une vraie critique, au lieu de ce parti pris méprisant qui vous a conduit à ne pas même juger utile de lire vraiment avant d’écrire.

Constance Colonna-Cesari"
-->