6.09.2005

Benoît XVI s'engage à poursuivre le rapprochement avec les juifs

LEMONDE.FR | 09.06.05 | 20h04 • Mis à jour le 09.06.05 | 20h18

Le pape Benoît XVI s'est engagé à poursuivre le rapprochement de l'Eglise catholique avec le peuple juif et a appelé à poursuivre le travail de mémoire sur la Shoah, au cours d'une rencontre avec les représentants du judaïsme mondial, jeudi 9 juin au Vatican.
Le pape Joseph Ratzinger a réservé sa première audience avec une délégation religieuse non chrétienne à vingt-cinq représentants de divers courants du judaïsme religieux et laïc, qu'il connaissait presque tous pour les avoir déjà rencontrés alors qu'il était le théologien du Vatican.
Dès son élection, Benoît XVI avait dit sa volonté de "poursuivre le dialogue" et de "renforcer la collaboration" avec la communauté juive.
Jeudi, il a réservé à ses hôtes un accueil qui a encore "dépassé en chaleur" celui du pape Jean Paul II, grand artisan de la réconciliation entre l'Eglise catholique et le judaïsme, a souligné le rabbin David Rosen, directeur international pour les affaires interreligieuses à l'American Jewish Committee.
La délégation était conduite par le rabbin américain Israël Singer, président du Comité juif international pour les consultations interreligieuses, et comprenait le président du Congrès juif mondial, Edgar Bronfman, ainsi que, entre autres, le Français Ady Steg, président de l'Alliance israélite universelle.

PLUS GRANDE COMPRÉHENSION MUTUELLE ET DEVOIR DE MÉMOIRE

Dans une brève intervention en anglais, Benoît XVI s'est placé dans la continuité de la déclaration "Nostra Aetate" du concile Vatican II, qui avait appelé "à une plus grande compréhension et une estime entre chrétiens et juifs et déploré les manifestations de haine, de persécution et d'antisémitisme".
"Au tout début de mon pontificat, je souhaite vous assurer que l'Eglise reste fermement engagée, dans sa catéchèse comme dans tous les aspects de sa vie, à développer cet enseignement fondamental", a-t-il dit. "Mes prédécesseurs Paul VI et tout particulièrement Jean Paul II ont accompli des pas significatifs dans le développement des relations avec le peuple juif", à la suite de Vatican II. "Mon intention est de poursuivre ce chemin", a-t-il souligné.
Benoît XVI a ajouté que "la mémoire du passé reste pour les deux communautés (juive et chrétienne) un impératif moral (...) Cet impératif doit comprendre une réflexion continue sur les questions historiques, morales et théologiques posées par l'expérience de la Shoah".
Israël Singer avait auparavant déclaré que "dans un monde de haine et de peur, où les gouvernements échouent à donner la sécurité aux peuples", les espoirs se tournent vers "les hommes de foi".
L'atmosphère qui a dominé la rencontre "confirme le profond engagement du pape dans les relations avec le peuple juif", a commenté David Rosen. Ceux qui avaient peur de l'élection de ce pape allemand "ne connaissaient pas le cardinal Ratzinger", a-t-il estimé.
David Rosen a rappelé que le cardinal Ratzinger avait écrit, en 2000, dans l'Osservatore Romano, le journal du Vatican, un texte sur Abraham, l'ancêtre des croyants juifs comme chrétiens, qui "allait plus loin que Jean Paul II n'était allé et reflétait ses sentiments profonds", a-t-il estimé.
Par ailleurs, interrogé par des journalistes sur le dossier en béatification du pape Pie XII ouvert au Vatican, David Rosen a déclaré que ce n'était pas aux organisations juives "de dire à l'Eglise quels sont ses saints", et qu'en outre, le rôle de Pie XII durant la période nazie faisait l'objet d'un débat entre historiens. "Mais dans le monde juif, beaucoup verraient une béatification de Pie XII comme un acte d'insensibilité intentionnelle", a-t-il souligné.

Avec AFP
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