2.02.2005

Les règles de l'intérim et de la désignation du souverain pontife

LE MONDE | 02.02.05 | 14h34

La mort du pape ouvrirait une période de vacance de trois semaines à la tête de l'Eglise catholique, pendant laquelle deux hommes assureront l'essentiel du pouvoir, tous les cardinaux de la Curie, chefs de dicastère (ministères), devant renoncer à leurs fonctions.
Ces deux hommes sont les suivants : le cardinal "camerlingue", qui est l'Espagnol Eduardo Martinez Somalo, né le 31 mars 1927, ancien préfet de congrégation, qui avait été nommé à ce poste par Jean Paul II le 5 avril 1993. Il expédie les affaires courantes. Puis le doyen du Sacré Collège, élu par ses pairs en 2002, actuellement le cardinal allemand Josef Ratzinger, né le 16 avril 1927. Le doyen est très influent dans les "congrégations générales" de cardinaux qui précédent l'ouverture du conclave.
Le conclave est l'assemblée des cardinaux appelés à élire le nouveau pape. Il ne doit pas dépasser le nombre de 120 participants, "plafond" fixé en 1975 par Paul VI et maintenu depuis par Jean Paul II. Pour entrer au conclave et faire valoir leur droit à élection, les cardinaux doivent être âgés de moins de 80 ans. C'est encore Paul VI qui avait ainsi privé les cardinaux octogénaires de participer au scrutin. Malgré les pressions exercées par les victimes de cette limitation du droit de vote, la règle de l'âge a survécu aux deux conclaves d'août et d'octobre 1978 qui avaient élu Jean Paul Ier et Jean Paul II.
Depuis le décès du cardinal belge Jan Schotte, début janvier 2005, il se trouve que le nombre-plafond des cardinaux de moins de 80 ans, électeurs du pape, est exactement de 120 : 60 sont des Européens, 36 des Américains (dont 22 latino-américains), 12 des Africains, 12 des Asiatiques et 2 Océaniens.
Le conclave aura lieu, comme le veut la tradition, à la Chapelle Sixtine. Mais les cardinaux électeurs ne seront plus logés comme autrefois dans de petits appartements de fortune. Pour la première fois, ils résideront à la maison Sainte-Marthe, nouvelle maison des hôtes du Vatican, conçue et aménagée sous Jean Paul II. Ils bénéficieront de chambres plus spacieuses et confortables. Comme par le passé, la Chapelle Sixtine, où auront lieu les opérations de délibération et de vote, sera isolée du reste du monde. Un luxe de détails est donné par Jean Paul II, dans un texte de 1996 sur les règles de l'élection, pour maintenir le secret le plus absolu.

AUCUN CONTACT AVEC L'EXTÉRIEUR

Durant le temps du conclave, tous les accès seront scellés et leur surveillance assurée de l'intérieur et de l'extérieur. Les électeurs n'auront de relations à la Chapelle Sixtine et à la maison Sainte-Marthe qu'avec le personnel indispensable à leurs besoins. Ils ne devront avoir "aucun contact avec des personnes extérieures aux lieux où l'élection se déroule". Les lieux du conclave seront minutieusement inspectés par "deux techniciens dignes de confiance" pour empêcher l'utilisation d'appareils d'écoute clandestins.
L'élection du pape a lieu à bulletins secrets et à majorité qualifiée : deux tiers des voix des cardinaux. Mais afin d'empêcher une minorité intransigeante du tiers des voix de bloquer l'élection d'un candidat faisant la course en tête, Jean Paul II a instauré une nouvelle règle. Si, après trente-quatre tours de scrutin (deux par jour) en douze jours, le conclave ne parvient toujours pas à élire un candidat à la majorité des deux tiers, l'élection se fait à la majorité absolue (si ce principe est accepté par le conclave).
A ce moment, le choix est limité aux deux cardinaux qui ont obtenu le plus grand nombre de voix lors du dernier scrutin à la règle des deux tiers. Cette disposition a toutefois peu de chances d'être appliquée. Depuis 1831, aucun conclave n'a duré plus de quatre jours.

Henri Tincq
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 03.02.05
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