2.10.2005

Après un séjour de dix jours, le pape a quitté l'hôpital
LEMONDE.FR | 10.02.05 | 19h44

Le pape Jean Paul II, à bord de sa papamobile, a quitté jeudi soir l'hôpital Gemelli de Rome, où il avait été hospitalisé d'urgence pour des troubles respiratoires aigus il y a dix jours.
Jean Paul II a été applaudi par la foule qui s'était massée le long du parcours emprunté par sa papamobile, et de nombreuses personnes l'attendent place Saint-Pierre. Le pape, hospitalisé le 1er février pour une laryngo-trachéite aiguë, a salué la foule de la main.
Dans la journée, Joaquim Navarro-Valls, porte-parole principal de la cité pontificale, avait précisé à la presse que le chef de l'Eglise catholique avait surmonté ses difficultés respiratoires et ajouté que son état de santé général s'était amélioré, autorisant sa sortie après dix jours de soins.
Son hospitalisation, la première en huit ans, a relancé un vif débat sur la fin du pontificat du premier pape polonais de l'Histoire, même si le Vatican s'est quotidiennement attaché à communiquer son optimisme sur sa santé.
"Ces deux derniers jours, les examens médicaux, y compris un scanner, ont exlu tout problème d'un autre type. Nous pouvons dire que le Saint-Père rentrera aujourd'hui [jeudi] au Vatican", avait déclaré Joaquin Navarro-Valls, parlant d'une "progression favorable". "La laryngotrachéite aiguë ayant nécessité l'hospitalisation d'urgence du Saint-Père a été soignée", avait-il ajouté.
Souffrant de la maladie de Parkinson depuis au moins 1992, atteint d'arthrose, Jean Paul II avait été victime d'une brutale dégradation de son état de santé, avec l'apparition de spasmes aigus du larynx.
Ces spasmes, qui se traduisent par une fermeture des muscles du larynx, ne sont généralement pas mortels, mais pouvaient entraîner des complications en raison de la fragilité du pape.
Cette hospitalisation a contraint le Vatican à annuler une série d'engagements publics de Jean Paul II. Pour la première fois depuis le début de son pontificat, il y a vingt-six ans, le pape n'a pu ainsi présider l'office du mercredi des Cendres, qui marque l'entrée dans le carême, le jeûne de quarante jours qui précède la célébration catholique de Pâques.

SPÉCULATIONS SUR LA FIN DU PONTIFICAT

Elle a aussi relancé les spéculations sur la fin du pontificat de Karol Wojtyla, plusieurs voix d'importance s'élevant dans le monde catholique pour douter des capacités physiques et mentales du Saint-Père à poursuivre sa mission.

Sa brève apparition, dimanche, à la fenêtre du dixième étage de l'hôpital Gemelli n'a pas apaisé les inquiétudes, loin de là : s'il a fait savoir qu'il continuerait à "servir l'Eglise et l'humanité entière", le pape a paru extrêmement affaibli, et sa voix est devenue presque inintelligible alors qu'il prononçait lui-même une courte bénédiction.

Le lendemain de cette apparition, le cardinal Angelo Sodano, secrétaire d'Etat du Vatican, évoquait même publiquement une éventuelle renonciation du pape. "Laissons cela à la conscience du pape. Nous avons confiance en lui. Il sait ce qu'il doit faire", précisait le numéro deux de la curie romaine.
Un théologien suisse, Hans Kueng, connu pour ses prises de position hétérodoxes, a estimé jeudi que le pape devait se démettre pour le bien de l'Eglise.
"Un pape peut renoncer par nécessité pour l'Eglise. Je pense que cette occasion est désormais arrivée. (...) Nous ne pouvons pas continuer de la sorte", a-t-il dit sur la chaîne de télévision allemande ARD.
Aux journalistes lui demandant comment se passerait son retour au Vatican, Joaquin Navarro-Valls a expliqué jeudi que le pape déciderait avec ses médecins du calendrier de reprise de ses activités normales.
Au Vatican, certaines sources avancent que Jean Paul II espère être en mesure d'apparaître dimanche au balcon dominant la place Saint-Pierre. Il pourrait ensuite effectuer sa traditionnelle retraite du carême d'une semaine au Vatican, au cours de laquelle toutes ses audiences publiques et privées sont annulées.

Avec AFP et Reuters
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