VATICAN - Hystérie médiatique autour de la santé du pape
Courrier international - n° 745 - 10 févr. 2005
Europe
Lorsque les camions équipés d’antennes paraboliques ont commencé à assiéger l’hôpital Gemelli de Rome, tout le monde a compris ce qui se passait. Le pape était de nouveau là, et ce n’était pas une bonne nouvelle. Pendant des nuits entières, la polyclinique, éclairée comme en plein jour, a été le plateau involontaire du neuvième tournage de la même séquence, celle des hospitalisations de Jean-Paul II. Caméras montées sur perches, téléobjectifs pointés sur le dixième étage, chroniqueurs battant la semelle pour combattre le froid et râlant contre le service d’ordre mis en place par la police : le “cirque médiatique” était à pied d’œuvre.
Le correspondant de CNN, plus stressé que jamais, explique au téléphone dans deux directs : “Vingt personnes sont arrivées en renfort de Londres. Les deux premières liaisons, nous les avons faites par téléphone, les suivantes depuis notre bureau qui a vue sur le Vatican, et maintenant nous les faisons depuis les installations en position devant l’hôpital.” D’autres, comme la BBC, ont mobilisé d’encore plus gros contingents. “Trente-cinq personnes viennent d’arriver, et nous sommes prêts à renforcer encore nos effectifs en fonction des événements”, dit le correspondant. C’est la course à qui sera le plus rapide et le plus proche. Chacun revendique un record personnel. “Nos partenaires d’AP.com, affirme le directeur d’Associated Press, ont été les premiers à donner l’alerte. Nous avons engagé douze personnes supplémentaires et nous sommes fin prêts : depuis des années, les télévisions, à commencer par la RAI, ont loué les terrasses et les toits qui donnent sur le Vatican pour les prises de vues.” Et on dit que les principales chaînes de télévision américaines auraient loué, depuis des temps immémoriaux, l’accès au satellite pour les dix premières minutes de chaque heure, afin d’être sûres de pouvoir transmettre immédiatement.
Du point de vue journalistique, Karol Wojtyla est “le” personnage total. “Il a un poids énorme en Amérique, confirme Mario Biasetti, producteur à Fox News. Où qu’il aille, il remplit toujours les stades.” Une performance inattendue, de la part du successeur de saint Pierre. Au Vatican, la salle de presse est prête pour le grand ouragan médiatique. En cas d’événements extraordinaires, plus de 200 envoyés spéciaux peuvent s’ajouter aux 462 journalistes de 33 pays munis d’accréditations permanentes. Des Japonais, des Australiens, et surtout des Polonais, les plus inquiets, s’agitent nerveusement autour de la clinique. Les malades hospitalisés, en robe de chambre et pantoufles, regardaient, depuis l’intérieur, le spectacle de la rue. Dehors, les reporters, indifférents à cette pyjama-party improvisée, n’avaient d’yeux que pour le dixième étage.
Paolo G. Brera et Riccardo Staglianò
La Repubblica
Europe
Lorsque les camions équipés d’antennes paraboliques ont commencé à assiéger l’hôpital Gemelli de Rome, tout le monde a compris ce qui se passait. Le pape était de nouveau là, et ce n’était pas une bonne nouvelle. Pendant des nuits entières, la polyclinique, éclairée comme en plein jour, a été le plateau involontaire du neuvième tournage de la même séquence, celle des hospitalisations de Jean-Paul II. Caméras montées sur perches, téléobjectifs pointés sur le dixième étage, chroniqueurs battant la semelle pour combattre le froid et râlant contre le service d’ordre mis en place par la police : le “cirque médiatique” était à pied d’œuvre.
Le correspondant de CNN, plus stressé que jamais, explique au téléphone dans deux directs : “Vingt personnes sont arrivées en renfort de Londres. Les deux premières liaisons, nous les avons faites par téléphone, les suivantes depuis notre bureau qui a vue sur le Vatican, et maintenant nous les faisons depuis les installations en position devant l’hôpital.” D’autres, comme la BBC, ont mobilisé d’encore plus gros contingents. “Trente-cinq personnes viennent d’arriver, et nous sommes prêts à renforcer encore nos effectifs en fonction des événements”, dit le correspondant. C’est la course à qui sera le plus rapide et le plus proche. Chacun revendique un record personnel. “Nos partenaires d’AP.com, affirme le directeur d’Associated Press, ont été les premiers à donner l’alerte. Nous avons engagé douze personnes supplémentaires et nous sommes fin prêts : depuis des années, les télévisions, à commencer par la RAI, ont loué les terrasses et les toits qui donnent sur le Vatican pour les prises de vues.” Et on dit que les principales chaînes de télévision américaines auraient loué, depuis des temps immémoriaux, l’accès au satellite pour les dix premières minutes de chaque heure, afin d’être sûres de pouvoir transmettre immédiatement.
Du point de vue journalistique, Karol Wojtyla est “le” personnage total. “Il a un poids énorme en Amérique, confirme Mario Biasetti, producteur à Fox News. Où qu’il aille, il remplit toujours les stades.” Une performance inattendue, de la part du successeur de saint Pierre. Au Vatican, la salle de presse est prête pour le grand ouragan médiatique. En cas d’événements extraordinaires, plus de 200 envoyés spéciaux peuvent s’ajouter aux 462 journalistes de 33 pays munis d’accréditations permanentes. Des Japonais, des Australiens, et surtout des Polonais, les plus inquiets, s’agitent nerveusement autour de la clinique. Les malades hospitalisés, en robe de chambre et pantoufles, regardaient, depuis l’intérieur, le spectacle de la rue. Dehors, les reporters, indifférents à cette pyjama-party improvisée, n’avaient d’yeux que pour le dixième étage.
Paolo G. Brera et Riccardo Staglianò
La Repubblica
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