Jean Paul II est hospitalisé en urgence pour troubles respiratoires
LE MONDE | 02.02.05 | 14h34
La grippe qui a atteint le pape dimanche soir s'est brusquement aggravée mardi.
Rome de notre correspondant
Dès l'annonce de l'hospitalisation du pape pour des troubles respiratoires, mardi 1er février en fin de soirée, les camionnettes des télévisions, hérissées d'antennes et de paraboles, ont pris position devant les grilles de l'Université catholique du Sacré Cœur, où se trouve la polyclinique Gemelli à Rome. Dans la nuit, malgré le froid intense, quelques habitants du quartier sont venus se mêler aux dizaines d'envoyés spéciaux de la presse internationale "pour prier pour Jean Paul II et l'aider dans ses souffrances physiques".
Des carabiniers, des policiers et des membres de la sécurité vaticane veillaient avec bonhomie sur l'effervescence créée devant l'établissement hospitalier par les journalistes, les curieux et les personnels de l'hôpital. Au petit matin, tous scrutaient les fenêtres du dixième étage, là où se trouve "l'appartement du pape". C'est ainsi qu'on appelle, à l'hôpital Gemelli, cet ensemble de plusieurs pièces, dont deux chambres et une petite chapelle, où Jean Paul II a déjà été hospitalisé à cinq reprises depuis l'attentat dont il a été victime en 1981 sur la place Saint-Pierre.
Agé de 84 ans, affaibli par la maladie de Parkinson et par plusieurs accidents de santé, le vieil homme avait passé une "assez bonne nuit", selon l'agence de presse italienne Ansa. Le fait que son médecin personnel, le docteur Renato Buzzonetti, ait quitté l'hôpital peu après minuit pour n'y revenir que vers 6 heures du matin avait été interprété comme un signe rassurant.
Un porte-parole de la polyclinique avait précisé que la situation n'avait rien de grave. Un premier bulletin de santé officiel avait été annoncé pour mercredi matin à 9 heures. Mais sa publication a été reportée sans autre précision, Jean Paul II devant subir une série d'examens complémentaires dans la matinée. "Nous devons être tranquilles", a simplement déclaré, mercredi matin, le porte parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls.
La veille, pour expliquer "la décision de l'hospitaliser d'urgence", le porte-parole avait déclaré : "La grippe qui affecte le Saint Père depuis trois jours s'est compliquée ce soir avec une laryngo-trachéite aiguë et des crises de spasmes du larynx." C'est une toux persistante, avec les risques d'étouffement par encombrement des bronches propres aux malades atteints de Parkinson, qui a incité son entourage médical à le transférer "par précaution" à l'hôpital. Le pape n'a pas été mis sous assistance respiratoire, était-il précisé alors.
Jean Paul II est arrivé à l'hôpital peu avant 23 heures dans une ambulance banalisée. Un peu plus tôt dans la journée, M. Navarro-Valls s'était pourtant montré rassurant. "Le Saint Père a la grippe avec ses symptômes que tant de millions d'Italiens connaissent si bien en cette saison", avait-il déclaré sur Radio Vatican. L'épidémie atteint son pic dans la péninsule avec plus de 600 000 cas recensés ces derniers jours.
Lors de sa dernière apparition au balcon de Saint-Pierre, pour la prière de l'Angelus, dimanche 30 janvier, le pape était apparu enroué, et dès le lendemain, les symptômes de la grippe s'étant affirmés, la quasi-totalité de ses rendez-vous avaient été annulés. Un peu plus tard, le Vatican annonçait aussi l'annulation de l'audience générale du mercredi 2 février, ainsi que le report de visites prévues au cours de la semaine, notamment l'audience du président espagnol du parlement européen, Josep Borell. La rencontre prévue le 8 février avec le Secrétaire d'Etat américain, Condoleezza Rice, était évoquée au conditionnel.
Cet épisode inquiétant pour la santé du chef de l'Eglise catholique intervient après plusieurs mois de répit au cours desquels Jean Paul II a pu faire face, même au prix de nombreuses difficultés et souffrances, à la quasi totalité de ses obligations. Selon les milieux médicaux, cette stabilisation de son état de santé serait dû à un "réglage" de son traitement médicamenteux.
Il avait même pu reprendre ses voyages à l'étranger, comme les brèves visites en Suisse et en France qu'il a effectuées au cours de l'année 2004. Un court voyage en Allemagne est programmé cette année. La dernière annulation d'une audience générale remonte au 25 septembre 2003, quelques jours après son retour d'une visite pastorale épuisante en Slovaquie.
Lors de ce déplacement, le pape était apparu à bout de forces, ne parvenant à lire que quelques brefs passages de ses discours. Les images d'un homme souffrant le martyr avaient fait le tour du monde à l'occasion des cérémonies du 25e anniversaire de son pontificat, en octobre 2003. Le Vatican, qui jusque là s'efforçait de minimiser ses ennuis de santé, avait dû changer sa manière de communiquer.
Le chef de l'Eglise catholique est suivi en permanence dans ses déplacements par une équipe fortement médicalisée. L'organisme de celui qu'on appelait "l'athlète de Dieu" a été gravement affaibli par les séquelles de l'attentat de 1981, puis des différentes interventions chirurgicales qu'il a subies entre 1993 et 1996 (luxation de l'épaule, fracture du fémur, opération de l'appendicite). Les médecins redoutent par dessus tout les complications respiratoires liées à la maladie de Parkinson. C'est précisément ce qui les a conduit à l'hospitaliser "par précaution".
Jean-Jacques Bozonnet
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 03.02.05
La grippe qui a atteint le pape dimanche soir s'est brusquement aggravée mardi.
Rome de notre correspondant
Dès l'annonce de l'hospitalisation du pape pour des troubles respiratoires, mardi 1er février en fin de soirée, les camionnettes des télévisions, hérissées d'antennes et de paraboles, ont pris position devant les grilles de l'Université catholique du Sacré Cœur, où se trouve la polyclinique Gemelli à Rome. Dans la nuit, malgré le froid intense, quelques habitants du quartier sont venus se mêler aux dizaines d'envoyés spéciaux de la presse internationale "pour prier pour Jean Paul II et l'aider dans ses souffrances physiques".
Des carabiniers, des policiers et des membres de la sécurité vaticane veillaient avec bonhomie sur l'effervescence créée devant l'établissement hospitalier par les journalistes, les curieux et les personnels de l'hôpital. Au petit matin, tous scrutaient les fenêtres du dixième étage, là où se trouve "l'appartement du pape". C'est ainsi qu'on appelle, à l'hôpital Gemelli, cet ensemble de plusieurs pièces, dont deux chambres et une petite chapelle, où Jean Paul II a déjà été hospitalisé à cinq reprises depuis l'attentat dont il a été victime en 1981 sur la place Saint-Pierre.
Agé de 84 ans, affaibli par la maladie de Parkinson et par plusieurs accidents de santé, le vieil homme avait passé une "assez bonne nuit", selon l'agence de presse italienne Ansa. Le fait que son médecin personnel, le docteur Renato Buzzonetti, ait quitté l'hôpital peu après minuit pour n'y revenir que vers 6 heures du matin avait été interprété comme un signe rassurant.
Un porte-parole de la polyclinique avait précisé que la situation n'avait rien de grave. Un premier bulletin de santé officiel avait été annoncé pour mercredi matin à 9 heures. Mais sa publication a été reportée sans autre précision, Jean Paul II devant subir une série d'examens complémentaires dans la matinée. "Nous devons être tranquilles", a simplement déclaré, mercredi matin, le porte parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls.
La veille, pour expliquer "la décision de l'hospitaliser d'urgence", le porte-parole avait déclaré : "La grippe qui affecte le Saint Père depuis trois jours s'est compliquée ce soir avec une laryngo-trachéite aiguë et des crises de spasmes du larynx." C'est une toux persistante, avec les risques d'étouffement par encombrement des bronches propres aux malades atteints de Parkinson, qui a incité son entourage médical à le transférer "par précaution" à l'hôpital. Le pape n'a pas été mis sous assistance respiratoire, était-il précisé alors.
Jean Paul II est arrivé à l'hôpital peu avant 23 heures dans une ambulance banalisée. Un peu plus tôt dans la journée, M. Navarro-Valls s'était pourtant montré rassurant. "Le Saint Père a la grippe avec ses symptômes que tant de millions d'Italiens connaissent si bien en cette saison", avait-il déclaré sur Radio Vatican. L'épidémie atteint son pic dans la péninsule avec plus de 600 000 cas recensés ces derniers jours.
Lors de sa dernière apparition au balcon de Saint-Pierre, pour la prière de l'Angelus, dimanche 30 janvier, le pape était apparu enroué, et dès le lendemain, les symptômes de la grippe s'étant affirmés, la quasi-totalité de ses rendez-vous avaient été annulés. Un peu plus tard, le Vatican annonçait aussi l'annulation de l'audience générale du mercredi 2 février, ainsi que le report de visites prévues au cours de la semaine, notamment l'audience du président espagnol du parlement européen, Josep Borell. La rencontre prévue le 8 février avec le Secrétaire d'Etat américain, Condoleezza Rice, était évoquée au conditionnel.
Cet épisode inquiétant pour la santé du chef de l'Eglise catholique intervient après plusieurs mois de répit au cours desquels Jean Paul II a pu faire face, même au prix de nombreuses difficultés et souffrances, à la quasi totalité de ses obligations. Selon les milieux médicaux, cette stabilisation de son état de santé serait dû à un "réglage" de son traitement médicamenteux.
Il avait même pu reprendre ses voyages à l'étranger, comme les brèves visites en Suisse et en France qu'il a effectuées au cours de l'année 2004. Un court voyage en Allemagne est programmé cette année. La dernière annulation d'une audience générale remonte au 25 septembre 2003, quelques jours après son retour d'une visite pastorale épuisante en Slovaquie.
Lors de ce déplacement, le pape était apparu à bout de forces, ne parvenant à lire que quelques brefs passages de ses discours. Les images d'un homme souffrant le martyr avaient fait le tour du monde à l'occasion des cérémonies du 25e anniversaire de son pontificat, en octobre 2003. Le Vatican, qui jusque là s'efforçait de minimiser ses ennuis de santé, avait dû changer sa manière de communiquer.
Le chef de l'Eglise catholique est suivi en permanence dans ses déplacements par une équipe fortement médicalisée. L'organisme de celui qu'on appelait "l'athlète de Dieu" a été gravement affaibli par les séquelles de l'attentat de 1981, puis des différentes interventions chirurgicales qu'il a subies entre 1993 et 1996 (luxation de l'épaule, fracture du fémur, opération de l'appendicite). Les médecins redoutent par dessus tout les complications respiratoires liées à la maladie de Parkinson. C'est précisément ce qui les a conduit à l'hospitaliser "par précaution".
Jean-Jacques Bozonnet
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 03.02.05
posted by coldipeccio at 2:34 PM
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