3.02.2005

VATICAN - Comment Jean-Paul II a verrouillé sa succession

Depuis dix ans, le pape Jean-Paul II est régulièrement malade, parfois hospitalisé, toujours rétabli. A chacune de ses défaillances, les spéculations sur son successeur vont bon train. Mais rien ne filtrera des coulisses du Vatican, car "en 1996 Karol Wojtyla a réglé dans les moindres détails les modalités d'élection du futur pape dans la 'Constitution apostolique Universi Dominici Gregis sur la vacance du siège apostolique et l'élection du pontife romain'", explique Le Temps. Le paragraphe 81 de la Constitution est éloquent : "Que les cardinaux électeurs s'abstiennent de toute espèce de pactes, accords, promesses ou autres engagements de quelque ordre que ce soit, qui pourraient les contraindre à donner ou à refuser leur vote à un ou plusieurs candidats. Si ces choses se produisaient de fait, même sous serment, je décrète qu'un tel engagement est nul et non avenu, et que personne n'est obligé de le tenir ; et, dès à présent, je frappe d'excommunication 'latae sententiae' les transgresseurs de cette interdiction."
"On l'aura compris : l'élection du successeur se déroulera sans candidat ni programme électoral", commente le quotidien suisse. "Les princes de l'Eglise ne pourront évoquer la succession de Jean-Paul II qu'après la mort de ce dernier, lors des réunions préparatoires qui précéderont le conclave." Pour Le Temps, "cette obsession du secret s'explique par la mystique personnelle de Jean-Paul II. Selon lui, le choix des cardinaux doit être l'expression de la volonté divine, et non celle des pouvoirs civils ou médiatiques. Aucune ingérence extérieure ne sera donc tolérée."
Pour verrouiller totalement le secret, Jean-Paul II a prévu d'isoler le Collège cardinalice en interdisant pendant toute la durée du conclave l'introduction dans la chapelle Sixtine de "tout genre d'appareils techniques qui servent à enregistrer, à reproduire ou à transmettre les voix, les images ou les écrits", précise Le Temps, avant de rappeler : "En 1978, lors du conclave qui élut Karol Wojtyla à la papauté, les cardinaux, électeurs ou non, avaient encore la possibilité de s'entretenir avec les médias lors de la phase préparatoire. Cette faveur ne leur sera plus accordée."
Le pape n’a rien laissé au hasard. La Constitution apostolique Universi Dominici Gregis règle tous les détails et les procédures de l'élection, "du format du bulletin de vote aux prières à prononcer", souligne le quotidien. Malgré tout, l'archevêque de Chicago, Francis George, n'a pu s'empêcher de déclarer, le dimanche 27 février, qu'il serait "irresponsable de ne pas penser à la succession du pape alors que sa santé faiblit". Chaque cardinal doit bien avoir son favori, mais, sous peine d'excommunication, il se garde bien d’en parler en public ou même de partager ses réflexions avec ses collègues.
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