Le testament spirituel de Jean-Paul II
«Le testament du 6 mars 1979 (et ajouts successifs)»
«Totus Tuus ego sum
Au nom de la Très sainte Trinité. Amen.
'Veillez car vous ne savez pas en quel jour votre Seigneur viendra' (cf. Mt 24, 42) - ces paroles me rappellent le dernier appel qui se produira quand le Seigneur le voudra. Je désire Le suivre et je désire que tout ce qui fait partie de ma vie sur terre me prépare à ce moment. Je ne sais pas quand cela se produira, mais je remets ce moment, comme tout le reste, entre les mains de la Mère de mon Maître: Totus Tuus. Je laisse entre les mêmes mains maternelles tout et tous ceux auxquels ma vie et ma vocation m'ont liés. Je laisse surtout l'Eglise entre ces mains, et aussi ma Nation et l'humanité entière. Je remercie tout le monde. Je demande pardon à tous. Je demande aussi la prière pour que la Miséricorde de Dieu se montre plus grande que ma faiblesse et que mon indignité.
Au cours des exercices spirituels, j'ai relu le testament du Saint-Père Paul VI. Cette lecture m'a poussé à écrire le présent testament.
Je ne laisse derrière moi aucune propriété dont il serait nécessaire de disposer. Quant aux choses d'utilisation quotidienne qui me servaient, je demande qu'elles soient distribuées de la manière qui semblera opportune. Les notes personnelles devront être brûlées. Je demande que don Stanislaw (NDLR, don Stanislaw Dziwisz, secrétaire particulier de Karol Wojtyla) veille sur cela et je le remercie pour sa collaboration et son aide aussi prolongée et aussi compréhensive. Tous les autres remerciements en revanche, je les laisse dans le coeur, devant Dieu lui-même, car il est difficile de les exprimer.
En ce qui concerne les funérailles, je repète les dispositions données par le Saint-Père Paul VI. (NDLR, les services du Vatican précisent qu'à cet endroit du texte, Jean Paul II a fait le 13 mars 1992 un rajout en marge, précisant: »la sépulture dans la terre, pas dans un sarcophage«)
'apud Dominum misericordia et copiosa apud Eum redemptio'
Rome, 6 mars 1979
Jean Paul II»
«Après la mort, je demande des Saintes Messes et des prières.
5 mars 1990»
Feuillet sans date (NDLR, précision du Vatican)
«J'exprime la plus profonde confiance que, malgré toute ma faiblesse, le Seigneur me concèdera toute la grâce nécessaire pour affronter selon Sa volonté toute tâche, épreuve et souffrance qu'il voudra demander à Son serviteur au cours de la vie. J'ai également confiance qu'il ne permettra jamais que je puisse trahir mes obligations en ce Saint-Siège de Pierre à travers une de mes attitudes: paroles, actes ou omissions».
«24 février-1er mars 1980
Au cours de ces exercices spirituels j'ai également réfléchi sur la vérité du Sacerdoce du Christ dans la perspective de ce passage qui pour chacun d'entre nous est le moment de sa propre mort. Du départ de ce monde - pour naître à l'autre, au monde futur, dont la résurrection du Christ est un signe éloquent. (NDLR, le Vatican précise qu'au-dessus de ce dernier mot, Jean Paul II a ensuite ajouté: «décisif»)
J'ai donc lu la retranscription de mon testament de l'année dernière, faite elle aussi au cours des exercices spirituels, je l'ai comparée au testament de mon grand Prédécesseur et Père, Paul VI, avec ce sublime témoignage sur la mort d'un chrétien et d'un pape - et j'ai renouvelé en moi la conscience des questions auxquelles se réfèrent la transcription du 6 mars 1979 que j'avais préparée (de façon plutôt provisoire).
Aujourd'hui je désire ajouter seulement ceci, que chacun doit garder présente la perspective de la mort. Et doit se tenir prêt à se présenter devant le Seigneur et le Juge - et en même temps Rédempteur et Père. Alors moi aussi je prends cela continuellement en considération, en confiant ce moment décisif à la Mère du Christ et de l'Eglise, à la Mère de mon espoir.
Les temps dans lesquels nous vivons sont indubitablement difficiles et troublés. Le chemin de l'Eglise est lui aussi devenu difficile et tendu, caractéristique de ces temps, autant pour les Fidèles que pour les Pasteurs. Dans certains pays (comme par exemple celui sur lequel j'ai lu pendant les exercices spirituels) l'Eglise traverse une période de persécution qui n'est en rien inférieure à celle des premiers siècles, elle les dépasse même dans le degré d'inhumanité et de haine. 'Sanguis martyrum semen christianorum'. Et en plus, tant de personnes disparaissent alors qu'elles sont innocentes, même dans ce pays dans lequel nous vivons.
Je désire encore une fois m'en remettre totalement à la grâce du Seigneur. Lui-même décidera quand et comment je dois finir ma vie terrestre et mon ministère pastoral. Dans la vie et dans la mort 'Totus Tuus' à travers l'Immaculée. En acceptant dès maintenant cette mort, j'espère que le Christ me donnera la grâce pour l'ultime passage, c'est-à-dire la (ma) Pâques. J'espère aussi qu'il la rendra utile à cette autre cause plus importante, à laquelle je cherche à servir: le salut des hommes, la sauvegarde de la famille humaine et en elle de toutes les nations et des peuples (entre ceux-ci je m'adresse de manière particulière à ma Patrie sur terre), utile pour les personnes qu'il m'a confiées de manière particulière, pour les questions de l'Eglise et pour la gloire de Dieu même.
Je ne désire pas ajouter quoi que ce soit à ce que j'ai déjà écrit il y a un an - exprimer seulement cette disponibilité et donc parallèlement cette confiance, à laquelle les exercices spirituels présents m'ont disposé à nouveau.
Jean Paul II»
«'Totus Tuus ego sum'
5 mars 1982 Au cours des exercices spirituels de cette année, j'ai lu (à plusieurs reprises) le texte du testament du 6 mars 1979. Malgré le fait que maintenant encore je le considère comme provisoire (non définitif), je le laisse dans sa forme existante. Je ne change rien (pour le moment) et je n'ajoute rien non plus en ce qui concerne les dispositions qu'il contient.
L'attentat à ma vie du 13 mai 1981 a confirmé d'une certaine manière l'exactitude des paroles écrites dans la période des exercices spirituels de 1980 (du 24 février au 1er mars).
Je sens d'autant plus profondément que je me trouve totalement entre les Mains de Dieu - et je reste continuellement à disposition de mon Seigneur et je me confie à Lui dans sa Mère Immaculée (Totus Tuus)
Jean Paul II»
«5 mars 1982
Concernant la dernière phrase de mon testament du 6 mars 1979 («Sur le lieu/ c'est-à-dire le lieu des funérailles/ que décident le Collège des cardinaux et les Compatriotes») - je clarifie ce que j'ai à l'esprit : le métropolite de Cracovie ou le Conseil Général de l'Episcopat de Pologne - je demande donc au Collège des cardinaux de satisfaire dans la mesure du possible aux demandes éventuelles des sus-mentionnés».
«1er mars 1985 (au cours des exercices spirituels)
Encore - en ce qui concerne l'expression «Collège des cardinaux et les Compatriotes»: le collège des cardinaux n'a aucune obligation d'interroger sur cette question «les Compatriotes»; il peut cependant le faire si pour quelle que raison que ce soit il le tient pour justifié».
«Les exercices spirituels de l'année jubilaire 2000 (12 au 18 mars)
(pour le testament)
# 1. Quand au cours de la journée du 16 octobre 1978, le conclave des cardinaux choisit Jean Paul II, le Primat de Pologne, le cardinal Stefan Wyszynski me dit: 'le devoir du nouveau pape sera d'introduire l'Eglise dans le Troisième Millénaire'. Je ne sais pas si je répète la phrase fidèlement mais c'était au moins le sens de ce que j'ai entendu à ce moment-là. C'est l'homme qui est passé à l'Histoire comme Primat du Millénaire qui prononça ces mots. Un grand Primat. J'ai été témoin de sa mission, de sa confiance totale. De ses luttes : de sa victoire. 'La victoire, quand elle se produira, sera une victoire due à Marie' - le Primat du Millénaire avait l'habitude de répéter ces paroles de son prédécesseur, le cardinal August Hlond.
De cette manière j'ai été en quelque sorte préparé à la tâche qui s'est présentée à moi le 16 octobre 1978. Au moment où j'écris ces paroles, l'Année jubilaire 2000 est déjà une réalité en cours. La porte symbolique du Grand Jubilée de la Basilique Saint-Pierre a été ouverte dans la nuit du 24 décembre 1999, puis par la suite celle de Saint-Jean-de-Latran, puis de Sainte-Marie-Majeure - pour Nouvel An, et le 19 janvier la porte de la Basilique de Saint-Paul-Hors-les-Murs. Ce dernier événement, de par son caractère oecuménique, a marqué la mémoire de manière particulière».
# 2. A mesure que l'Année Jubilaire 2000 avance, de jour en jour le XXème siècle s'achève derrière nous et le XXIème siècle s'ouvre. Selon les desseins de la Providence, il m'a été donné de vivre en ce siècle difficile qui disparaît dans le passé, et maintenant dans l'année dans laquelle l'âge de ma vie se rapproche de 80 («octogesima adveniens»), il faut se demander si le temps n'est pas venu de répéter avec le Siméon biblique 'Nunc dimittis'.
Le 13 mai 1981, le jour de l'attentat contre le Pape au cours de l'audience générale place Saint-Pierre, la Divine Providence m'a sauvé de la mort d'une manière miraculeuse. Celui qui est l'unique Seigneur de la vie et de la mort, Lui-même m'a prolongé cette vie, dans un certain sens il me l'a donnée de nouveau. A partir de ce moment, celle-ci lui appartient davantage encore. J'espère qu'il m'aidera à reconnaître jusqu'à quand je dois continuer ce service auquel il m'a appelé le 16 octobre 1978. Je lui demande de bien vouloir me rappeler quand lui-même le voudra. 'Dans la vie et dans la mort, nous appartenons au Seigneur... nous sommes du Seigneur' (cf. Rm 14, 8). J'espère aussi que, tant qu'il me sera donné d'accomplir le service de Pierre dans l'Eglise, la Miséricorde de Dieu me prêtera les forces nécessaires pour ce service.
# 3. Comme chaque année au cours des exercices spirituels, j'ai lu mon testament datant du 6 mars 1979. Je continue à maintenir les dispositions contenus dans celui-ci. Ce qui à l'époque, et également au cours des exercices spirituels successifs, a été ajouté, constitue un reflet de la situation générale difficile et tendue qui a marqué les années 80. A partir de l'automne 1989, cette situation a changé. La dernière décennie du siècle passé a été libre des tensions précédentes; ceci ne signifie pas qu'elle n'ait pas porté en elle de nouveaux problèmes et de nouvelles difficultés. Je loue de manière particulière la Providence Divine pour cette raison, que la période appelée +guerre froide+ se soit achevée sans le violent conflit nucléaire qui pesait sur le monde dans la période précédente.
# 4. Etant au seuil du troisième millénaire 'in medio Ecclesiae', je désire encore une fois exprimer ma gratitude au Saint Esprit pour le grand don du Concile Vatican II auquel, avec l'Eglise tout entière, et surtout avec l'épiscopat entier, je me sens redevable. Je suis convaincu qu'il sera donné encore longtemps aux nouvelles générations de puiser dans les richesses que ce Concile du XXème siècle nous a prodiguées. En tant qu'évêque ayant participé au Concile du premier au dernier jour, je désire confier ce grand patrimoine à tous ceux qui sont et seront appelés à le réaliser dans l'avenir. Pour ma part, je remercie le Pasteur éternel qui m'a permis de servir cette cause grandissime au cours de toutes les années de mon pontificat.
'In medio Ecclesiae'... dès les premières années de services épiscopal - et justement grâce au Concile - il m'a été donné d'expérimenter la communion fraternelle de l'épiscopat. En tant que prêtre de l'archidiocèse de Cracovie, j'avais expérimenté ce qu'était la communion fraternelle du presbytère - le Concile a donné une nouvelle dimension à cette expérience.
# 5. Combien de personnes devrais-je citer ici ! Le Seigneur Dieu a probablement rappelé à lui la majorité d'entre elles, quant à celles qui se trouvent encore parmi nous les paroles de ce testament pensent à elles, toutes et partout, où qu'elles se trouvent.
Depuis plus de vingt ans que j'exerce le service de Pierre 'in medio Ecclesiae', j'ai expérimenté la collaboration bienveillante et si féconde de tant de cardinaux, archevêques et évêques, de tant de prêtres, de tant de personnes consacrées, Frères et Soeurs, et enfin de tant de personnes laïques, dans l'environnement de la Curie, dans le Vicariat du diocèse de Rome, ainsi qu'en-dehors de ces milieux.
Comment ne pas étreindre avec une mémoire pleine de gratitude tous les Episcopats du monde que j'ai rencontrés au cours des visites 'ad limina Apostolorum' ! Comment ne pas se souvenir aussi de tant de Frères chrétiens - non catholiques ! Et le rabbin de Rome et de si nombreux représentants des religions non chrétiennes ! Et que de représentants du monde de la culture, de la science, de la politique, des moyens de communication sociale !
# 6. A mesure que la limite de ma vie sur terre approche, mon esprit retourne au début, à mes Parents, au Frère et à la Soeur (que je n'ai pas connue car elle mourut avant ma naissance), à la paroisse de Wadowice, où j'ai été baptisé, à cette ville de mon amour, à mes contemporains, compagnons et compagnes de l'école élémentaire, du lycée, de l'université jusqu'aux temps de l'occupation où je travaillais comme ouvrier et ensuite à la paroisse de Niegowice, à celle de Saint-Florian à Cracovie, à la pastorale universitaire, au milieu... à de nombreux milieux... à Cracovie et à Rome... aux personnes qui d'une manière spéciale m'ont été confiées par le Seigneur.
Atous je veux dire une seule chose : 'Dieu vous récompense'
'In manus Tuas, Domine, commendo spiritum meum'
A.D.
17 mars 2000»
«Totus Tuus ego sum
Au nom de la Très sainte Trinité. Amen.
'Veillez car vous ne savez pas en quel jour votre Seigneur viendra' (cf. Mt 24, 42) - ces paroles me rappellent le dernier appel qui se produira quand le Seigneur le voudra. Je désire Le suivre et je désire que tout ce qui fait partie de ma vie sur terre me prépare à ce moment. Je ne sais pas quand cela se produira, mais je remets ce moment, comme tout le reste, entre les mains de la Mère de mon Maître: Totus Tuus. Je laisse entre les mêmes mains maternelles tout et tous ceux auxquels ma vie et ma vocation m'ont liés. Je laisse surtout l'Eglise entre ces mains, et aussi ma Nation et l'humanité entière. Je remercie tout le monde. Je demande pardon à tous. Je demande aussi la prière pour que la Miséricorde de Dieu se montre plus grande que ma faiblesse et que mon indignité.
Au cours des exercices spirituels, j'ai relu le testament du Saint-Père Paul VI. Cette lecture m'a poussé à écrire le présent testament.
Je ne laisse derrière moi aucune propriété dont il serait nécessaire de disposer. Quant aux choses d'utilisation quotidienne qui me servaient, je demande qu'elles soient distribuées de la manière qui semblera opportune. Les notes personnelles devront être brûlées. Je demande que don Stanislaw (NDLR, don Stanislaw Dziwisz, secrétaire particulier de Karol Wojtyla) veille sur cela et je le remercie pour sa collaboration et son aide aussi prolongée et aussi compréhensive. Tous les autres remerciements en revanche, je les laisse dans le coeur, devant Dieu lui-même, car il est difficile de les exprimer.
En ce qui concerne les funérailles, je repète les dispositions données par le Saint-Père Paul VI. (NDLR, les services du Vatican précisent qu'à cet endroit du texte, Jean Paul II a fait le 13 mars 1992 un rajout en marge, précisant: »la sépulture dans la terre, pas dans un sarcophage«)
'apud Dominum misericordia et copiosa apud Eum redemptio'
Rome, 6 mars 1979
Jean Paul II»
«Après la mort, je demande des Saintes Messes et des prières.
5 mars 1990»
Feuillet sans date (NDLR, précision du Vatican)
«J'exprime la plus profonde confiance que, malgré toute ma faiblesse, le Seigneur me concèdera toute la grâce nécessaire pour affronter selon Sa volonté toute tâche, épreuve et souffrance qu'il voudra demander à Son serviteur au cours de la vie. J'ai également confiance qu'il ne permettra jamais que je puisse trahir mes obligations en ce Saint-Siège de Pierre à travers une de mes attitudes: paroles, actes ou omissions».
«24 février-1er mars 1980
Au cours de ces exercices spirituels j'ai également réfléchi sur la vérité du Sacerdoce du Christ dans la perspective de ce passage qui pour chacun d'entre nous est le moment de sa propre mort. Du départ de ce monde - pour naître à l'autre, au monde futur, dont la résurrection du Christ est un signe éloquent. (NDLR, le Vatican précise qu'au-dessus de ce dernier mot, Jean Paul II a ensuite ajouté: «décisif»)
J'ai donc lu la retranscription de mon testament de l'année dernière, faite elle aussi au cours des exercices spirituels, je l'ai comparée au testament de mon grand Prédécesseur et Père, Paul VI, avec ce sublime témoignage sur la mort d'un chrétien et d'un pape - et j'ai renouvelé en moi la conscience des questions auxquelles se réfèrent la transcription du 6 mars 1979 que j'avais préparée (de façon plutôt provisoire).
Aujourd'hui je désire ajouter seulement ceci, que chacun doit garder présente la perspective de la mort. Et doit se tenir prêt à se présenter devant le Seigneur et le Juge - et en même temps Rédempteur et Père. Alors moi aussi je prends cela continuellement en considération, en confiant ce moment décisif à la Mère du Christ et de l'Eglise, à la Mère de mon espoir.
Les temps dans lesquels nous vivons sont indubitablement difficiles et troublés. Le chemin de l'Eglise est lui aussi devenu difficile et tendu, caractéristique de ces temps, autant pour les Fidèles que pour les Pasteurs. Dans certains pays (comme par exemple celui sur lequel j'ai lu pendant les exercices spirituels) l'Eglise traverse une période de persécution qui n'est en rien inférieure à celle des premiers siècles, elle les dépasse même dans le degré d'inhumanité et de haine. 'Sanguis martyrum semen christianorum'. Et en plus, tant de personnes disparaissent alors qu'elles sont innocentes, même dans ce pays dans lequel nous vivons.
Je désire encore une fois m'en remettre totalement à la grâce du Seigneur. Lui-même décidera quand et comment je dois finir ma vie terrestre et mon ministère pastoral. Dans la vie et dans la mort 'Totus Tuus' à travers l'Immaculée. En acceptant dès maintenant cette mort, j'espère que le Christ me donnera la grâce pour l'ultime passage, c'est-à-dire la (ma) Pâques. J'espère aussi qu'il la rendra utile à cette autre cause plus importante, à laquelle je cherche à servir: le salut des hommes, la sauvegarde de la famille humaine et en elle de toutes les nations et des peuples (entre ceux-ci je m'adresse de manière particulière à ma Patrie sur terre), utile pour les personnes qu'il m'a confiées de manière particulière, pour les questions de l'Eglise et pour la gloire de Dieu même.
Je ne désire pas ajouter quoi que ce soit à ce que j'ai déjà écrit il y a un an - exprimer seulement cette disponibilité et donc parallèlement cette confiance, à laquelle les exercices spirituels présents m'ont disposé à nouveau.
Jean Paul II»
«'Totus Tuus ego sum'
5 mars 1982 Au cours des exercices spirituels de cette année, j'ai lu (à plusieurs reprises) le texte du testament du 6 mars 1979. Malgré le fait que maintenant encore je le considère comme provisoire (non définitif), je le laisse dans sa forme existante. Je ne change rien (pour le moment) et je n'ajoute rien non plus en ce qui concerne les dispositions qu'il contient.
L'attentat à ma vie du 13 mai 1981 a confirmé d'une certaine manière l'exactitude des paroles écrites dans la période des exercices spirituels de 1980 (du 24 février au 1er mars).
Je sens d'autant plus profondément que je me trouve totalement entre les Mains de Dieu - et je reste continuellement à disposition de mon Seigneur et je me confie à Lui dans sa Mère Immaculée (Totus Tuus)
Jean Paul II»
«5 mars 1982
Concernant la dernière phrase de mon testament du 6 mars 1979 («Sur le lieu/ c'est-à-dire le lieu des funérailles/ que décident le Collège des cardinaux et les Compatriotes») - je clarifie ce que j'ai à l'esprit : le métropolite de Cracovie ou le Conseil Général de l'Episcopat de Pologne - je demande donc au Collège des cardinaux de satisfaire dans la mesure du possible aux demandes éventuelles des sus-mentionnés».
«1er mars 1985 (au cours des exercices spirituels)
Encore - en ce qui concerne l'expression «Collège des cardinaux et les Compatriotes»: le collège des cardinaux n'a aucune obligation d'interroger sur cette question «les Compatriotes»; il peut cependant le faire si pour quelle que raison que ce soit il le tient pour justifié».
«Les exercices spirituels de l'année jubilaire 2000 (12 au 18 mars)
(pour le testament)
# 1. Quand au cours de la journée du 16 octobre 1978, le conclave des cardinaux choisit Jean Paul II, le Primat de Pologne, le cardinal Stefan Wyszynski me dit: 'le devoir du nouveau pape sera d'introduire l'Eglise dans le Troisième Millénaire'. Je ne sais pas si je répète la phrase fidèlement mais c'était au moins le sens de ce que j'ai entendu à ce moment-là. C'est l'homme qui est passé à l'Histoire comme Primat du Millénaire qui prononça ces mots. Un grand Primat. J'ai été témoin de sa mission, de sa confiance totale. De ses luttes : de sa victoire. 'La victoire, quand elle se produira, sera une victoire due à Marie' - le Primat du Millénaire avait l'habitude de répéter ces paroles de son prédécesseur, le cardinal August Hlond.
De cette manière j'ai été en quelque sorte préparé à la tâche qui s'est présentée à moi le 16 octobre 1978. Au moment où j'écris ces paroles, l'Année jubilaire 2000 est déjà une réalité en cours. La porte symbolique du Grand Jubilée de la Basilique Saint-Pierre a été ouverte dans la nuit du 24 décembre 1999, puis par la suite celle de Saint-Jean-de-Latran, puis de Sainte-Marie-Majeure - pour Nouvel An, et le 19 janvier la porte de la Basilique de Saint-Paul-Hors-les-Murs. Ce dernier événement, de par son caractère oecuménique, a marqué la mémoire de manière particulière».
# 2. A mesure que l'Année Jubilaire 2000 avance, de jour en jour le XXème siècle s'achève derrière nous et le XXIème siècle s'ouvre. Selon les desseins de la Providence, il m'a été donné de vivre en ce siècle difficile qui disparaît dans le passé, et maintenant dans l'année dans laquelle l'âge de ma vie se rapproche de 80 («octogesima adveniens»), il faut se demander si le temps n'est pas venu de répéter avec le Siméon biblique 'Nunc dimittis'.
Le 13 mai 1981, le jour de l'attentat contre le Pape au cours de l'audience générale place Saint-Pierre, la Divine Providence m'a sauvé de la mort d'une manière miraculeuse. Celui qui est l'unique Seigneur de la vie et de la mort, Lui-même m'a prolongé cette vie, dans un certain sens il me l'a donnée de nouveau. A partir de ce moment, celle-ci lui appartient davantage encore. J'espère qu'il m'aidera à reconnaître jusqu'à quand je dois continuer ce service auquel il m'a appelé le 16 octobre 1978. Je lui demande de bien vouloir me rappeler quand lui-même le voudra. 'Dans la vie et dans la mort, nous appartenons au Seigneur... nous sommes du Seigneur' (cf. Rm 14, 8). J'espère aussi que, tant qu'il me sera donné d'accomplir le service de Pierre dans l'Eglise, la Miséricorde de Dieu me prêtera les forces nécessaires pour ce service.
# 3. Comme chaque année au cours des exercices spirituels, j'ai lu mon testament datant du 6 mars 1979. Je continue à maintenir les dispositions contenus dans celui-ci. Ce qui à l'époque, et également au cours des exercices spirituels successifs, a été ajouté, constitue un reflet de la situation générale difficile et tendue qui a marqué les années 80. A partir de l'automne 1989, cette situation a changé. La dernière décennie du siècle passé a été libre des tensions précédentes; ceci ne signifie pas qu'elle n'ait pas porté en elle de nouveaux problèmes et de nouvelles difficultés. Je loue de manière particulière la Providence Divine pour cette raison, que la période appelée +guerre froide+ se soit achevée sans le violent conflit nucléaire qui pesait sur le monde dans la période précédente.
# 4. Etant au seuil du troisième millénaire 'in medio Ecclesiae', je désire encore une fois exprimer ma gratitude au Saint Esprit pour le grand don du Concile Vatican II auquel, avec l'Eglise tout entière, et surtout avec l'épiscopat entier, je me sens redevable. Je suis convaincu qu'il sera donné encore longtemps aux nouvelles générations de puiser dans les richesses que ce Concile du XXème siècle nous a prodiguées. En tant qu'évêque ayant participé au Concile du premier au dernier jour, je désire confier ce grand patrimoine à tous ceux qui sont et seront appelés à le réaliser dans l'avenir. Pour ma part, je remercie le Pasteur éternel qui m'a permis de servir cette cause grandissime au cours de toutes les années de mon pontificat.
'In medio Ecclesiae'... dès les premières années de services épiscopal - et justement grâce au Concile - il m'a été donné d'expérimenter la communion fraternelle de l'épiscopat. En tant que prêtre de l'archidiocèse de Cracovie, j'avais expérimenté ce qu'était la communion fraternelle du presbytère - le Concile a donné une nouvelle dimension à cette expérience.
# 5. Combien de personnes devrais-je citer ici ! Le Seigneur Dieu a probablement rappelé à lui la majorité d'entre elles, quant à celles qui se trouvent encore parmi nous les paroles de ce testament pensent à elles, toutes et partout, où qu'elles se trouvent.
Depuis plus de vingt ans que j'exerce le service de Pierre 'in medio Ecclesiae', j'ai expérimenté la collaboration bienveillante et si féconde de tant de cardinaux, archevêques et évêques, de tant de prêtres, de tant de personnes consacrées, Frères et Soeurs, et enfin de tant de personnes laïques, dans l'environnement de la Curie, dans le Vicariat du diocèse de Rome, ainsi qu'en-dehors de ces milieux.
Comment ne pas étreindre avec une mémoire pleine de gratitude tous les Episcopats du monde que j'ai rencontrés au cours des visites 'ad limina Apostolorum' ! Comment ne pas se souvenir aussi de tant de Frères chrétiens - non catholiques ! Et le rabbin de Rome et de si nombreux représentants des religions non chrétiennes ! Et que de représentants du monde de la culture, de la science, de la politique, des moyens de communication sociale !
# 6. A mesure que la limite de ma vie sur terre approche, mon esprit retourne au début, à mes Parents, au Frère et à la Soeur (que je n'ai pas connue car elle mourut avant ma naissance), à la paroisse de Wadowice, où j'ai été baptisé, à cette ville de mon amour, à mes contemporains, compagnons et compagnes de l'école élémentaire, du lycée, de l'université jusqu'aux temps de l'occupation où je travaillais comme ouvrier et ensuite à la paroisse de Niegowice, à celle de Saint-Florian à Cracovie, à la pastorale universitaire, au milieu... à de nombreux milieux... à Cracovie et à Rome... aux personnes qui d'une manière spéciale m'ont été confiées par le Seigneur.
Atous je veux dire une seule chose : 'Dieu vous récompense'
'In manus Tuas, Domine, commendo spiritum meum'
A.D.
17 mars 2000»
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