Blasphème cathodique aux Guignols
Isabelle Roberts
La Libre Belgique, 12/05/2005
Canal+ a été mise en demeure par le CSA suite à un sketch sur Benoît XVI.
Les chaînes de la «télévision numérique terrestre» (TNT) attribuées, on craignait que le Conseil supérieur de l'audiovisuel français ne s'ennuie. Mais le CSA s'est trouvé une nouvelle occupation: la chasse au blasphème cathodique. Mardi, les neuf sages ont voté, «à la majorité, pas à l'unanimité», précise l'un d'entre eux, la mise en demeure de la chaîne à péage Canal+ à propos d'un sketch des «Guignols» sur le pape Benoît XVI.
Diffusé au lendemain de l'élection du chef de file des catholiques, le sketch avait fortement déplu à ses représentants en France, les évêques, qui avaient estimé la séquence «particulièrement injurieuse à l'égard du pape Benoît XVI» et avaient illico saisi le CSA. Cohérent: attaqué, le goupillon sort son sabre. Moins banal: le Conseil représentatif des institutions juives de France s'était également indigné. La raison de cette ire? Dans le sketch des «Guignols», on voyait le nouveau Pape bénir les fidèles «au nom du Père, du Fils et du IIIe Reich», tandis qu'un sous-titre indiquait: «Adolf II», une référence à son appartenance aux Jeunesses hitlériennes.
Pas deux fois!
Très opportunément, Canal+ avait présenté ses plates excuses, en cette période où le CSA était en plein examen des candidatures à la TNT, pour lesquelles la chaîne cryptée jouait gros, ayant plusieurs projets en lice.
La semaine dernière, convoqué au Conseil supérieur de l'audiovisuel, Rodolphe Belmer, directeur des programmes de Canal+, s'est fait souffler dans les bronches. Certains conseillers sont «violemment catholiques», glisse un salarié de l'organe de régulation. De plus, les sages du CSA n'apprécient guère que Canal+, alors pris dans la tourmente de sa rocambolesque histoire d'espionnage (avec cette fois Bruno Gaccio, membre des «Guignols», dans la peau de la victime), ne leur envoie que son numéro 2, alors que c'est Bertrand Méheut, le PDG, qui devait initialement être présent.
Résultat, pour Canal+, une mise en demeure de respecter sa convention. Une décision symboliquement forte: à la prochaine incartade, ce sera la sanction, notamment financière. Du jamais vu en presque dix-sept ans de «Guignols». Le CSA rappelle à la chaîne cryptée qu'elle s'est engagée «à respecter les différentes sensibilités, politiques, culturelles et religieuses, du public». Oubliant sans doute au passage que les «Guignols» font dans la caricature, soit l'art de grossir le trait pour se moquer. Pour rire.
(source: Libération)
La Libre Belgique, 12/05/2005
Canal+ a été mise en demeure par le CSA suite à un sketch sur Benoît XVI.
Les chaînes de la «télévision numérique terrestre» (TNT) attribuées, on craignait que le Conseil supérieur de l'audiovisuel français ne s'ennuie. Mais le CSA s'est trouvé une nouvelle occupation: la chasse au blasphème cathodique. Mardi, les neuf sages ont voté, «à la majorité, pas à l'unanimité», précise l'un d'entre eux, la mise en demeure de la chaîne à péage Canal+ à propos d'un sketch des «Guignols» sur le pape Benoît XVI.
Diffusé au lendemain de l'élection du chef de file des catholiques, le sketch avait fortement déplu à ses représentants en France, les évêques, qui avaient estimé la séquence «particulièrement injurieuse à l'égard du pape Benoît XVI» et avaient illico saisi le CSA. Cohérent: attaqué, le goupillon sort son sabre. Moins banal: le Conseil représentatif des institutions juives de France s'était également indigné. La raison de cette ire? Dans le sketch des «Guignols», on voyait le nouveau Pape bénir les fidèles «au nom du Père, du Fils et du IIIe Reich», tandis qu'un sous-titre indiquait: «Adolf II», une référence à son appartenance aux Jeunesses hitlériennes.
Pas deux fois!
Très opportunément, Canal+ avait présenté ses plates excuses, en cette période où le CSA était en plein examen des candidatures à la TNT, pour lesquelles la chaîne cryptée jouait gros, ayant plusieurs projets en lice.
La semaine dernière, convoqué au Conseil supérieur de l'audiovisuel, Rodolphe Belmer, directeur des programmes de Canal+, s'est fait souffler dans les bronches. Certains conseillers sont «violemment catholiques», glisse un salarié de l'organe de régulation. De plus, les sages du CSA n'apprécient guère que Canal+, alors pris dans la tourmente de sa rocambolesque histoire d'espionnage (avec cette fois Bruno Gaccio, membre des «Guignols», dans la peau de la victime), ne leur envoie que son numéro 2, alors que c'est Bertrand Méheut, le PDG, qui devait initialement être présent.
Résultat, pour Canal+, une mise en demeure de respecter sa convention. Une décision symboliquement forte: à la prochaine incartade, ce sera la sanction, notamment financière. Du jamais vu en presque dix-sept ans de «Guignols». Le CSA rappelle à la chaîne cryptée qu'elle s'est engagée «à respecter les différentes sensibilités, politiques, culturelles et religieuses, du public». Oubliant sans doute au passage que les «Guignols» font dans la caricature, soit l'art de grossir le trait pour se moquer. Pour rire.
(source: Libération)
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