7.27.2005

Le Pape veut promouvoir le dialogue avec l'Islam

H. Y.
[Le Figaro, 27 juillet 2005]

Après les attentats de Londres, le fondamentalisme religieux et la lutte contre le terrorisme apparaissent plus que jamais comme des défis majeurs du nouveau pontificat. Benoît XVI compte sur sa visite d'une mosquée et sa rencontre avec des musulmans, lors de son séjour à Cologne, pour progresser dans cette lutte. Mais il l'a rappelé dimanche, dans ce combat, «l'Europe sans frontières» doit être consciente de son unité spirituelle fondée sur des valeurs chrétiennes, où «la foi et la raison» doivent coopérer avec «un dialogue fécond» pour «l'édification d'une paix authentique».
Lors de la messe d'inauguration de son pontificat quelques jours après son élection, Benoît XVI avait souligné la volonté de l'Eglise catholique de «continuer à construire des ponts d'amitié» entre les religions et avait appelé toutes les traditions religieuses à être des «artisans de paix». Il avait alors salué «les progrès du dialogue entre musulmans et chrétiens» effectués sous Jean-Paul II. Mais ces déclarations n'avaient pas connu de suite immédiate.
Les derniers attentats ont remis cette question sur le devant de la scène. Le Pape n'a pas cessé de dénoncer lors de ses apparitions publiques, aux micros des journalistes ou dans les télégrammes qu'il a adressés à l'Angleterre, à la Turquie et à l'Egypte, ces «actions répugnantes», ces «attentats exécrables» conduits par des «petits groupes de fanatiques». Il a demandé aux terroristes extrémistes islamistes de s'arrêter «au nom de Dieu», car le Pape refuse l'idée d'un «conflit de civilisations» entre l'Occident chrétien et le monde musulman. Les attentats ne sont pas «spécifiquement contre le christianisme». «Le terrorisme est irrationnel», a-t-il expliqué, et le dialogue interreligieux doit être «au moins un élément, une invitation à abandonner le terrorisme». Il faut cependant rechercher dans l'Islam «les meilleurs éléments» pour ce dialogue et l'éradication du fondamentalisme passerait aussi par les choix philosophiques de l'Europe.
En effet, avant son élection, le cardinal Ratzinger n'écartait pas que cette dernière tentée par «une dictature du relativisme» soit un facteur du fondamentalisme. Ainsi, personnellement opposé à l'entrée de la Turquie – «un continent différent, toujours en opposition avec l'Europe» –, dans l'Union européenne, il a combattu l'idée selon laquelle l'Europe devait refuser ses racines chrétiennes par crainte d'offenser les musulmans présents sur son sol. «Ce qui offense l'Islam, avait déclaré le futur Benoît XVI, est l'absence de référence à Dieu, l'arrogance de la raison, qui provoque le fondamentalisme», alors que «la renaissance de l'Islam» est surtout due à «la conscience qu'il est capable d'offrir un fondement spirituel valide, un fondement qui semble avoir échappé des mains de la vieille Europe». Une Europe laïque et relativiste serait donc impuissante face à l'Islam. Et dans le contexte «d'une société multiculturelle», la foi chrétienne demeure un facteur «capable de fournir une force morale et culturelle» aux Européens.
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