Le pape Benoît XVI dénonce la Shoah à Auschwitz mais provoque un léger malaise
LEMONDE.FR | 28.05.06 | 17h49 • Mis à jour le 28.05.06 | 20h17
Dans son discours prononcé devant le monument de Birkenau à la mémoire des victimes de toutes origines mortes dans ce camp - plus de 1,1 million dont un million de juifs - le pape Benoît XVI a parlé dimanche de la "Shoah", un mot que Jean Paul II n'avait pas prononcé lors de sa visite en 1979. Mais il a provoqué une certaine gêne quand il a semblé dédouaner le peuple allemand de toute responsabilité dans les crimes nazis. Il les a attribués à "un groupe de criminels" qui par la démagogie et la terreur ont "abusé" du peuple allemand pour s'en servir "comme instrument de leur soif de destruction et de domination".
PRIÈRE EN ALLEMAND
Le pape Benoît XVI, qui avait été enrôlé dans les jeunesses hitlériennes pendant la guerre, a prié en allemand à la mémoire de toutes les victimes et souligné que les crimes perpétrés par le régime nazi restent "sans équivalent dans l'histoire". Il a souligné la difficulté particulière "pour un chrétien et pour un pape allemand" de s'exprimer à Auschwitz-Birkenau.
Malgré la difficulté, "je ne pouvais pas ne pas venir", a souligné le pape. "C'était et c'est un devoir vis-à-vis de la vérité et des droits de ceux qui ont souffert, un devoir devant Dieu". Après Jean Paul II, venu à Auschwitz "comme fils du peuple polonais", Benoît XVI a précisé qu'il accomplissait ce pèlerinage "comme fils du peuple allemand".
Le pape Benoît XVI a parlé de "Shoah" alors que Jean Paul II avait parlé de "Golgotha du monde contemporain", usant d'un terme chrétien désignant le lieu où le Christ a vécu son martyre. Cette formule avait alors été vivement critiquée par les organisations juives, qui y avaient vu une tentative de récupération de leur histoire par l'Eglise. Benoît XVI a également évoqué la déportation et l'assassinat des tziganes, que le pape polonais n'avait pas mentionné.
Le pape a en revanche souligné que des Allemands aussi étaient morts à Auschwitz, comme par exemple la philosophe Edith Stein, juive convertie au christianisme et canonisée par Jean Paul II. Benoît XVI a prononcé son discours devant plusieurs milliers de personnes, parmi lesquels des responsables politiques polonais, des survivants d'Auschwitz ou d'autres camp de déportés, et des représentants d'organisations juives.
"DES CHOSES UN PEU PLUS FORTES"
Sous le sceau de l'anonymat, certains d'entre eux ont confié leur malaise quand le pape a cité Jean Paul II parlant des "six millions de victimes polonaises de la guerre", sans mentionner que la moitié d'entre elles étaient juives. "C'est un discours très émouvant mais il y aurait pu y avoir des choses qui auraient pu être un peu plus fortes", a dit à l'AFP le grand rabbin de Pologne, Michael Schudrich. "Mais sa simple présence ici était très importante, c'est un cri contre l'antisémitisme".
Malgré des maladresses, Jean Paul II avait su conquérir le coeur de nombreux juifs en étant le premier pape à se rendre à Auschwitz, symbole du génocide perpétré par les nazis, et en allant prier à Jérusalem devant le mur des Lamentations.
Benoît XVI s'est engagé au début de son pontificat à poursuivre les efforts de réconciliation avec le judaïsme entrepris par son prédécesseur. En août 2005, à l'occasion des journées mondiales de la jeunesse de Cologne (Allemagne) il s'est rendu à la synagogue de la ville pour y prier et y parler du "crime inouï" de la Shoah.
Mais dimanche, il a voulu d'abord délivrer sa propre vision de l'Holocauste, une vision religieuse où des nazis, hostiles à la religion chrétienne, ont chercher à éliminer les juifs, peuple témoin de Dieu, parce qu'ils voulaient "tuer Dieu". Cette conception reste un sujet de controverse entre l'Eglise catholique et les responsables juifs, qui au contraire estiment que l'antisémitisme génocidaire du régime nazi a pu se développer sur le terreau de l'antijudaïsme chrétien.
Avec AFP
Dans son discours prononcé devant le monument de Birkenau à la mémoire des victimes de toutes origines mortes dans ce camp - plus de 1,1 million dont un million de juifs - le pape Benoît XVI a parlé dimanche de la "Shoah", un mot que Jean Paul II n'avait pas prononcé lors de sa visite en 1979. Mais il a provoqué une certaine gêne quand il a semblé dédouaner le peuple allemand de toute responsabilité dans les crimes nazis. Il les a attribués à "un groupe de criminels" qui par la démagogie et la terreur ont "abusé" du peuple allemand pour s'en servir "comme instrument de leur soif de destruction et de domination".
PRIÈRE EN ALLEMAND
Le pape Benoît XVI, qui avait été enrôlé dans les jeunesses hitlériennes pendant la guerre, a prié en allemand à la mémoire de toutes les victimes et souligné que les crimes perpétrés par le régime nazi restent "sans équivalent dans l'histoire". Il a souligné la difficulté particulière "pour un chrétien et pour un pape allemand" de s'exprimer à Auschwitz-Birkenau.
Malgré la difficulté, "je ne pouvais pas ne pas venir", a souligné le pape. "C'était et c'est un devoir vis-à-vis de la vérité et des droits de ceux qui ont souffert, un devoir devant Dieu". Après Jean Paul II, venu à Auschwitz "comme fils du peuple polonais", Benoît XVI a précisé qu'il accomplissait ce pèlerinage "comme fils du peuple allemand".
Le pape Benoît XVI a parlé de "Shoah" alors que Jean Paul II avait parlé de "Golgotha du monde contemporain", usant d'un terme chrétien désignant le lieu où le Christ a vécu son martyre. Cette formule avait alors été vivement critiquée par les organisations juives, qui y avaient vu une tentative de récupération de leur histoire par l'Eglise. Benoît XVI a également évoqué la déportation et l'assassinat des tziganes, que le pape polonais n'avait pas mentionné.
Le pape a en revanche souligné que des Allemands aussi étaient morts à Auschwitz, comme par exemple la philosophe Edith Stein, juive convertie au christianisme et canonisée par Jean Paul II. Benoît XVI a prononcé son discours devant plusieurs milliers de personnes, parmi lesquels des responsables politiques polonais, des survivants d'Auschwitz ou d'autres camp de déportés, et des représentants d'organisations juives.
"DES CHOSES UN PEU PLUS FORTES"
Sous le sceau de l'anonymat, certains d'entre eux ont confié leur malaise quand le pape a cité Jean Paul II parlant des "six millions de victimes polonaises de la guerre", sans mentionner que la moitié d'entre elles étaient juives. "C'est un discours très émouvant mais il y aurait pu y avoir des choses qui auraient pu être un peu plus fortes", a dit à l'AFP le grand rabbin de Pologne, Michael Schudrich. "Mais sa simple présence ici était très importante, c'est un cri contre l'antisémitisme".
Malgré des maladresses, Jean Paul II avait su conquérir le coeur de nombreux juifs en étant le premier pape à se rendre à Auschwitz, symbole du génocide perpétré par les nazis, et en allant prier à Jérusalem devant le mur des Lamentations.
Benoît XVI s'est engagé au début de son pontificat à poursuivre les efforts de réconciliation avec le judaïsme entrepris par son prédécesseur. En août 2005, à l'occasion des journées mondiales de la jeunesse de Cologne (Allemagne) il s'est rendu à la synagogue de la ville pour y prier et y parler du "crime inouï" de la Shoah.
Mais dimanche, il a voulu d'abord délivrer sa propre vision de l'Holocauste, une vision religieuse où des nazis, hostiles à la religion chrétienne, ont chercher à éliminer les juifs, peuple témoin de Dieu, parce qu'ils voulaient "tuer Dieu". Cette conception reste un sujet de controverse entre l'Eglise catholique et les responsables juifs, qui au contraire estiment que l'antisémitisme génocidaire du régime nazi a pu se développer sur le terreau de l'antijudaïsme chrétien.
Avec AFP
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