9.16.2006

Face à la crise, Benoît XVI reste silencieux

Hervé Yannou .
Le Figaro 16 septembre 2006
Actualisé le 16 septembre 2006 : 06h00

Un Français, Mgr Dominque Mamberti, a été nommé à la tête de la diplomatie du Vatican

BENOÎT XVI préfère se taire. Sommé par les représentants musulmans du monde entier de s'expliquer sur ses propos à l'encontre de l'islam, il n'a pas saisi, hier, l'occasion de l'intronisation de son nouveau secrétaire d'État, le cardinal Tarcisio Bertone, pour tenter de désamorcer publiquement la crise.

Dans son discours à ses collaborateurs, le Pape a souhaité rappeler la vocation «pastorale» de ses services diplomatiques. C'est son «premier ministre» sortant, le cardinal Angelo Sodano, qui a fait une allusion aux «nouveaux défis que l'Église doit sans cesse affronter pour l'évangélisation du monde». Il a aussi rappelé que le Pape se trouve bien «à la proue» de l'Église catholique.

Contrairement à son prédécesseur, le cardinal Bertone n'a aucune expérience diplomatique, alors que Benoît XVI se montre lui-même peu diplomate. Fidèle parmi les fidèles, le cardinal Bertone a cependant déjà expliqué que l'Église catholique «a un rôle de médiation et de recherche de la paix», qu'elle «oeuvre pour renouer les liens brisés par la violence» et «la rencontre nécessaire avec les autres religions».

Une mauvaise interprétation

C'est surtout à un Français que revient désormais la charge de la diplomatie du Saint-Siège. Le Pape a en effet nommé Mgr Dominque Mamberti au poste de «ministre des Affaires étrangères». Âgé de 54 ans, il est loin d'ignorer l'islam. Né à Marrakech, au Maroc, ce Corse a été, entre autres, en poste en Algérie, au Liban, en Somalie, au Soudan et se trouve actuellement en Érythrée.

Le Vatican a officiellement déploré la mauvaise interprétation des propos du Souverain Pontife, le détournement, voire l'instrumentalisation de son discours prononcé à l'université de Ratisbonne. Il n'était pas destiné à «offenser la sensibilité des croyants musulmans», mais constituait «une claire et radicale réfutation de la motivation religieuse de la violence».

Devant l'avalanche des réactions hostiles, Benoît XVI pourrait choisir d'apporter un éclairage sur son texte lors de la traditionnelle prière de l'Angélus, demain midi, ou, plus vraisemblablement, lors de l'audience générale de mercredi.
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