Plus de théologie, moins de diplomatie
Exit les voyages médiatiques de l’ère Jean-PaulII. Grand théologien, le Pape entend centrer son pontificat sur l’enseignement de l’Église.
DANS l’hommage qu’elle lui a rendu hier, la chancelière allemande ne s’est pas trompée. Elle a reconnu en Benoît XVI la « force de rayonnement théologique », la « conviction personnelle » et « la clarté du témoignage chrétien » . Le message qu’Angela Merkel a adressé à son compatriote pour son double anniversaire – ses 80 ans coïncident avec le second anniversaire de son élection, le 19 avril 2005 – résume la ligne que le Pape veut donner à son pontificat.
Benoît XVI est un professeur de théologie pugnace, centré sur les permanences de l’Église. Des choix « politiques » qui enthousiasment les uns, désireux de voir revigorer l’Église catholique sur ses fondements, et déçoivent les autres, qui souhaitent des réformes spectaculaires.
Défenseur intransigeant de la vie
Si le rythme de son pontificat semble lent, parce que moins itinérant et moins médiatique, c’est aussi que Benoît XVI a une vision très théologique de sa charge. Il ne s’avance qu’exceptionnellement sur le terrain purement diplomatique. La publication en Allemagne, la semaine dernière, des actes du séminaire organisé par ses anciens élèves sur les théories de Charles Darwin, mais surtout son premier livre, Jésus de Nazareth, le montrent bien. Le Pape met très en avant sa figure de grand théologien, au point de dérouter lorsqu’il écrit que « chacun est libre de le contredire » . Mais comment contester les propos d’un pape ?
Benoît XVI n’entend pas que cette liberté d’esprit s’exerce dans tous les domaines. Il a pour objectif de réaffirmer les valeurs et l’identité de la culture catholique, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Église. Il développe ainsi sa vision pessimiste d’un monde sécularisé et relativiste. Hier, place Saint-Pierre, il a ainsi évoqué les « ténèbres » qui le menacent. Elles ne pourraient être vaincues que par « la miséricorde » , non par « la paix selon la mentalité du monde », mais par « une réalité nouvelle, fruit de l’amour de Dieu » .
Cette diplomatie spirituelle se retrouve dans ses textes centrés sur les questions de morale et d’éthique. Il s’est fait le défenseur intransigeant de la vie, « de sa conception à sa fin naturelle » . Ce discours n’est pas rhétorique. Le Pape ne cesse de rappeler les hommes politiques à leur conscience et les catholiques à l’objection deconscience faceauxlois sur l’avortement, lesunionshomosexuellesou l’euthanasie. Des questions qui constituent un terrain d’action commun avec les autres confessions chrétiennes.
Ce discours identitaire est aussi affiché dans le dialogue difficile avec l’islam, mais surtout dans le désir du Pape de maintenir ou de reconstituer l’unité de l’Église catholique. Pour atteindre ce but, il doit publier une lettre aux catholiques chinois, écartelés entre une Église officielle dépendant de Pékin et une Église clandestine fidèle à Rome, et le décret libéralisant la messe tridentine chère aux intégristes catholiques.
Hervé Yannou
DANS l’hommage qu’elle lui a rendu hier, la chancelière allemande ne s’est pas trompée. Elle a reconnu en Benoît XVI la « force de rayonnement théologique », la « conviction personnelle » et « la clarté du témoignage chrétien » . Le message qu’Angela Merkel a adressé à son compatriote pour son double anniversaire – ses 80 ans coïncident avec le second anniversaire de son élection, le 19 avril 2005 – résume la ligne que le Pape veut donner à son pontificat.
Benoît XVI est un professeur de théologie pugnace, centré sur les permanences de l’Église. Des choix « politiques » qui enthousiasment les uns, désireux de voir revigorer l’Église catholique sur ses fondements, et déçoivent les autres, qui souhaitent des réformes spectaculaires.
Défenseur intransigeant de la vie
Si le rythme de son pontificat semble lent, parce que moins itinérant et moins médiatique, c’est aussi que Benoît XVI a une vision très théologique de sa charge. Il ne s’avance qu’exceptionnellement sur le terrain purement diplomatique. La publication en Allemagne, la semaine dernière, des actes du séminaire organisé par ses anciens élèves sur les théories de Charles Darwin, mais surtout son premier livre, Jésus de Nazareth, le montrent bien. Le Pape met très en avant sa figure de grand théologien, au point de dérouter lorsqu’il écrit que « chacun est libre de le contredire » . Mais comment contester les propos d’un pape ?
Benoît XVI n’entend pas que cette liberté d’esprit s’exerce dans tous les domaines. Il a pour objectif de réaffirmer les valeurs et l’identité de la culture catholique, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Église. Il développe ainsi sa vision pessimiste d’un monde sécularisé et relativiste. Hier, place Saint-Pierre, il a ainsi évoqué les « ténèbres » qui le menacent. Elles ne pourraient être vaincues que par « la miséricorde » , non par « la paix selon la mentalité du monde », mais par « une réalité nouvelle, fruit de l’amour de Dieu » .
Cette diplomatie spirituelle se retrouve dans ses textes centrés sur les questions de morale et d’éthique. Il s’est fait le défenseur intransigeant de la vie, « de sa conception à sa fin naturelle » . Ce discours n’est pas rhétorique. Le Pape ne cesse de rappeler les hommes politiques à leur conscience et les catholiques à l’objection deconscience faceauxlois sur l’avortement, lesunionshomosexuellesou l’euthanasie. Des questions qui constituent un terrain d’action commun avec les autres confessions chrétiennes.
Ce discours identitaire est aussi affiché dans le dialogue difficile avec l’islam, mais surtout dans le désir du Pape de maintenir ou de reconstituer l’unité de l’Église catholique. Pour atteindre ce but, il doit publier une lettre aux catholiques chinois, écartelés entre une Église officielle dépendant de Pékin et une Église clandestine fidèle à Rome, et le décret libéralisant la messe tridentine chère aux intégristes catholiques.
Hervé Yannou
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