Benoît XVI ''attristé'' d'avoir été mal compris
Hervé Yannou .
Publié le 18 septembre 2006
Actualisé le 18 septembre 2006 : 07h17
Le Saint Père ne regrette pas son discours mais déplore qu'il ait offensé la sensibilité des musulmans.
JAMAIS dans l'histoire moderne, le Saint-Siège n'avait dû affronter une telle tempête médiatique et diplomatique à l'échelle mondiale. Jamais surtout un Pape n'avait été forcé de revenir publiquement sur le contenu d'un texte écrit de sa main en plein exercice de son magistère.
Devant la vague d'indignations dans le monde musulman contre le discours qu'il a prononcé mardi dernier à l'université de Ratisbonne, Benoît XVI s'est donc déclaré, hier, «vivement attristé» des réactions suscitées «par un bref passage» de son exposé «considéré comme offensant pour la sensibilité des croyants musulmans». Mais il n'a pas fait marche arrière. Alors que des trombes d'eau s'abattaient sur les fidèles réunis dans la cour de sa résidence d'été de Castel Gandolfo, le Saint Père a expliqué que la citation incriminée avait été mal interprétée et relevait «d'un texte médiéval qui n'exprime en aucune manière (sa) pensée personnelle».
Le sens de son discours «était et est une invitation au dialogue franc et sincère, avec un grand respect réciproque». Le Pape a alors appelé à l'apaisement des esprits. Ce qui n'est pas acquis. L'ancien président iranien Mohammed Khatami a certes estimé que le texte avait bien été détourné par «des personnes mal informées et fanatiques». Mais les Frères musulmans d'Égypte, eux, ont applaudi à ce qu'ils considèrent comme une humiliante «rétractation» pontificale et attendent toujours des excuses formelles. Samedi, une première déclaration du nouveau cardinal secrétaire d'État, Tarcisio Bertone, n'était déjà pas arrivée à éteindre l'incendie. Le Pape se déclarait pourtant «absolument désolé» du quiproquo. Il semble que ses regrets ne suffisent pas aux plus extrémistes.
Le niveau d'alerte antiterroriste relevé
Alors que des églises sont prises pour cible dans les territoires palestiniens, en Cisjordanie et en Irak, l'inquiétude est vive au Vatican pour la sécurité des minorités chrétiennes dans ces régions. L'Église copte d'Égypte et l'Église orthodoxe ont soigneusement pris leurs distances vis-à-vis du discours de Benoît XVI. «Nous suivons avec préoccupation les conséquences de la vague de haine» déclenchée par le texte du Pape «en espérant qu'elles n'auront pas de conséquences graves pour l'Église dans le monde», a déclaré le père Federico Lomardi, directeur du bureau de presse du Saint-Siège. Il a espéré que l'assassinat d'une religieuse italienne dans la capitale somalienne resterait «un acte isolé». Autre inquiétude, la sécurité du Souverain Pontife. Sur Internet, deux groupes armés irakiens menacent de frapper Rome et le Vatican. Le groupe Asaeb al-Irak al-jihadiya appelle ainsi «tous les musulmans» à riposter contre «les chrétiens et les juifs, dont les religions sont hostiles à l'islam». Le ministère italien de l'Intérieur a relevé le niveau d'alerte antiterroriste.
Au Saint-Siège, on s'interroge pour savoir comment on en est arrivé là. La communication autour de Benoît XVI n'a pas fonctionné. Son entourage n'a-t-il pas pesé les risques d'une mauvaise interprétation du discours ? Il avait pourtant été alerté par les journalistes.
Publié le 18 septembre 2006
Actualisé le 18 septembre 2006 : 07h17
Le Saint Père ne regrette pas son discours mais déplore qu'il ait offensé la sensibilité des musulmans.
JAMAIS dans l'histoire moderne, le Saint-Siège n'avait dû affronter une telle tempête médiatique et diplomatique à l'échelle mondiale. Jamais surtout un Pape n'avait été forcé de revenir publiquement sur le contenu d'un texte écrit de sa main en plein exercice de son magistère.
Devant la vague d'indignations dans le monde musulman contre le discours qu'il a prononcé mardi dernier à l'université de Ratisbonne, Benoît XVI s'est donc déclaré, hier, «vivement attristé» des réactions suscitées «par un bref passage» de son exposé «considéré comme offensant pour la sensibilité des croyants musulmans». Mais il n'a pas fait marche arrière. Alors que des trombes d'eau s'abattaient sur les fidèles réunis dans la cour de sa résidence d'été de Castel Gandolfo, le Saint Père a expliqué que la citation incriminée avait été mal interprétée et relevait «d'un texte médiéval qui n'exprime en aucune manière (sa) pensée personnelle».
Le sens de son discours «était et est une invitation au dialogue franc et sincère, avec un grand respect réciproque». Le Pape a alors appelé à l'apaisement des esprits. Ce qui n'est pas acquis. L'ancien président iranien Mohammed Khatami a certes estimé que le texte avait bien été détourné par «des personnes mal informées et fanatiques». Mais les Frères musulmans d'Égypte, eux, ont applaudi à ce qu'ils considèrent comme une humiliante «rétractation» pontificale et attendent toujours des excuses formelles. Samedi, une première déclaration du nouveau cardinal secrétaire d'État, Tarcisio Bertone, n'était déjà pas arrivée à éteindre l'incendie. Le Pape se déclarait pourtant «absolument désolé» du quiproquo. Il semble que ses regrets ne suffisent pas aux plus extrémistes.
Le niveau d'alerte antiterroriste relevé
Alors que des églises sont prises pour cible dans les territoires palestiniens, en Cisjordanie et en Irak, l'inquiétude est vive au Vatican pour la sécurité des minorités chrétiennes dans ces régions. L'Église copte d'Égypte et l'Église orthodoxe ont soigneusement pris leurs distances vis-à-vis du discours de Benoît XVI. «Nous suivons avec préoccupation les conséquences de la vague de haine» déclenchée par le texte du Pape «en espérant qu'elles n'auront pas de conséquences graves pour l'Église dans le monde», a déclaré le père Federico Lomardi, directeur du bureau de presse du Saint-Siège. Il a espéré que l'assassinat d'une religieuse italienne dans la capitale somalienne resterait «un acte isolé». Autre inquiétude, la sécurité du Souverain Pontife. Sur Internet, deux groupes armés irakiens menacent de frapper Rome et le Vatican. Le groupe Asaeb al-Irak al-jihadiya appelle ainsi «tous les musulmans» à riposter contre «les chrétiens et les juifs, dont les religions sont hostiles à l'islam». Le ministère italien de l'Intérieur a relevé le niveau d'alerte antiterroriste.
Au Saint-Siège, on s'interroge pour savoir comment on en est arrivé là. La communication autour de Benoît XVI n'a pas fonctionné. Son entourage n'a-t-il pas pesé les risques d'une mauvaise interprétation du discours ? Il avait pourtant été alerté par les journalistes.
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