12.26.2005

Benoît XVI : premier Noël sous le signe de la paix

RELIGION «Eveille-toi, homme du troisième millénaire !» a lancé hier le Pape lors de sa bénédiction urbi et orbi.

Hervé Yannou
[Le Figaro, 26 décembre 2005]

SON PREMIER NOËL, Benoît XVI l'a placé sous le signe de la paix et du «réveil spirituel» de l'homme du troisième millénaire. Huit mois après son élection, Joseph Ratzinger est apparu hier au balcon central de la basilique Saint-Pierre pour la traditionnelle bénédiction urbi et orbi (à la ville, Rome, et au monde), le jour où l'Eglise catholique fête la naissance du Christ. C'est aussi le 25 décembre qu'il aurait décidé de signer sa première encyclique, Deus est caritas (Dieu est amour). Elle devrait être rendue publique après le 6 janvier, fête de l'Epiphanie, a indiqué vendredi soir le porte-parole du Saint-Siège, Joaquin Navarro-Valls.
Devant une place Saint-Pierre noire de monde malgré la pluie, le Pape a mis en garde «l'homme de l'ère technologique» du risque «d'être victime des succès mêmes de son intelligence et des résultats de ses capacités d'action» s'il se laisse prendre «par une atrophie spirituelle». «Eveille-toi, homme du troisième millénaire !» a lancé le Saint-Père. Coiffé d'une mitre de drap d'or et d'une chape resplendissante, le Pape théologien est revenu sur un thème qu'il a mis au coeur de son action : la lutte contre le relativisme et le lien entre foi et raison. «L'époque moderne», a-t-il expliqué, est souvent présentée comme «une période du réveil du sommeil de la raison, comme la venue de l'humanité à la lumière». Mais «sans le Christ», elle n'est rien. «La lumière de la raison ne suffit pas à éclairer l'homme et le monde.»
Ainsi, contre ce modernisme, c'est en suivant le Christ que «l'humanité unie» pourra affronter «la menace terroriste», les «conditions d'humiliante pauvreté», la «prolifération des armes», les «pandémies» et «la dégradation de l'environnement qui menace l'avenir de la planète». L'Afrique – en particulier le Darfour et les régions d'Afrique centrale – l'Asie, la péninsule coréenne, le Liban, l'Irak et enfin la Terre Sainte, sont les régions où les «hommes de bonne volonté» doivent agir «en faveur de la paix et du développement intégral».
Déjà, au cours de la messe de minuit dans la basilique vaticane, Benoît XVI avait prié pour la paix en Terre Sainte, pour «les hommes qui y vivent et qui y souffrent». Un thème redondant dans les homélies pontificales de Noël, quand les chrétiens regardent vers la Palestine et Bethléem, où le Christ est né.
Alors que le Gloria retentissait et que les cloches de Saint-Pierre sonnaient à toute volée, douze enfants de tous les continents, en costumes traditionnels, ont déposé des fleurs au pied d'une statue de l'enfant Jésus. «Dieu est si grand qu'il peut se faire petit» et venir «à notre rencontre comme un enfant sans défense», a déclaré le Pape, qui a réaffirmé les positions de l'Eglise en faveur de la «défense de la vie». Sur chaque enfant, «même sur celui qui n'est pas encore né», resplendit «la lumière de Dieu».

Une cérémonie retransmise en direct dans 47 pays

Alors que tous les fidèles n'avaient pas pu prendre place dans la basilique, beaucoup ont bravé le froid pour suivre la célébration sur les écrans géants de la place. La cérémonie était retransmise en direct par 71 télévisions dans 47 pays, dont l'Indonésie, le plus grand pays musulman du monde.
En début de soirée, Benoît XVI était apparu à la fenêtre de son bureau au troisième étage du palais du Vatican pour allumer un «cierge de Noël», symbolisant la paix apportée au monde par la naissance du Christ.
C'est ainsi que s'achève une année intense pour l'Eglise catholique. «L'année des deux papes», dont Benoît XVI a fait une rétrospective la semaine dernière en recevant les voeux de la curie romaine. Evoquant la mort de Jean-Paul II en avril, le Pape allemand a rappelé l'ordre de marche qu'il assigne à l'Eglise du XXIe siècle : la défense de l'identité chrétienne, en passant par une juste interprétation du Concile Vatican II, sans rupture avec le passé.
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