2.07.2005

Les spéculations sur l'état de santé du pape et son éventuelle démission s'accentuent

LEMONDE.FR | 07.02.05 | 20h43

L'hospitalisation du pape Jean Paul II a été prolongée, lundi 7 février, de quelques jours, au moins jusqu'à jeudi, relançant les spéculations sur la gravité de son état de santé malgré les communiqués rassurants du Vatican. Certains médias italiens ont lancé la polémique en se demandant si le pape pouvait encore diriger l'Eglise.
La déchéance physique de Jean Paul II, 84 ans, et ses difficultés à pouvoir dire la messe ou à prononcer les formules des canonisations ont relancé les spéculations sur sa démission, qui doit être laissée à sa conscience, a affirmé, lundi 7 février, le cardinal secrétaire d'Etat, Angelo Sodano. Le pape, hospitalisé depuis mardi 1er février, pour des problèmes respiratoires, a affirmé, dimanche 6 février, avoir l'intention de "continuer à servir l'Eglise" malgré ses problèmes de santé.
Mais il a été dans l'incapacité de le dire aux fidèles et a exprimé sa volonté par le truchement d'un message lu par un de ses adjoints, l'archevêque italien Leonardo Sandri. Et lorsqu'il a voulu donner sa bénédiction, sa voix s'est étranglée et il a été inaudible. Interrogé, lundi 7 février, sur l'hypothèse d'une démission, le cardinal Sodano a affirmé : "Laissons cela à sa conscience." "C'est un homme très sage. Lui sait ce qu'il doit faire", a-t-il ajouté.
Le cardinal Sodano a toutefois fait comprendre à ses interlocuteurs qu'il ne croyait pas à une démission de Jean Paul II, dont il est un des plus proches collaborateurs et à qui il doit son pouvoir de "premier ministre" du Vatican. L'affaiblissement et les problèmes de santé récurrents du pape ont ouvert à plusieurs reprises le débat sur sa démission, voire son incapacité à exercer sa mission.

UNE RETRAITE LONGTEMPS ÉVOQUÉE

La question de la retraite du pape avait été publiquement évoquée en mai 2002 par deux "papabili", le tout puissant cardinal allemand Josef Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, et le cardinal hondurien Oscar Andres Rodriguez Maradiaga.
"Si le pape voyait qu'il ne peut absolument plus continuer, alors il démissionnerait", avait affirmé Mgr Ratzinger. Et la rumeur avait alors couru que Jean Paul II aurait laissé à son secrétaire particulier, Mgr Stanislaw Dziwisz, des dispositions en cas d'empêchement, comme l'avait fait avant lui le pape Paul VI. Elle avait été relancée en octobre 2003, lors du 25e anniversaire du pontificat de Jean Paul II.
"Un muet ne peut célébrer la messe et cela pose le problème de la renonciation", avait alors affirmé le cardinal argentin Jorge Mejia. Le juriste de la Curie, le cardinal italien Mario Pompedda, expert en droit canon, lui avait répondu en affirmant qu'il "n'est pas nécessaire que le pape officie. Jean Paul II pourrait continuer à être pape, c'est-à-dire à exercer sa juridiction universelle sur l'Eglise, en exprimant sa propre volonté par écrit ou par des gestes", a-t-il réaffirmé ces derniers jours.

UN RENONCEMENT ET NON PAS UNE DÉMISSION

L'article 332 paragraphe 2 du code de droit canon prévoit que le souverain pontife peut "renoncer à son mandat". Il ne s'agit pas de démission, personne dans l'Eglise n'étant en mesure de "l'accepter", comme le souligne le code, mais d'un "renoncement".
Le droit canon ne prévoit pas la mise à l'écart du chef de l'Eglise catholique. Mais la révision du code effectuée il y a une vingtaine d'années et approuvée par Jean Paul II laisse cependant une échappatoire. L'article 335 prévoit en effet que le siège pontifical peut être vacant ou que l'exercice des fonctions peut être "totalement empêché" pour des raisons non indiquées.
Dans ce cas, le code demande que "l'on ne modifie rien dans le gouvernement de l'Eglise" et que "l'on observe les lois spéciales promulguées dans une telle circonstance" par le sacré collège des cardinaux. L'histoire de l'Eglise a connu trois cas de "renoncement" de papes. Le plus célèbre est celui de Benoît IX, élu en 1033, démissionnaire en 1045. Réélu par le conclave de 1047, il démissionna à nouveau en 1048.
Les autre pape démissionnaire ont été Célestin V (1294-1296) et Grégoire XII (1406-1415), qui s'était retiré "pour le bien de l'Eglise".

Avec AFP et Reuters
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