3.31.2005

Le pessimisme s'amplifie au Vatican quant à la santé du pape

jeudi 31 mars 2005 (Reuters - 21:07)

par Philip Pullella

CITE DU VATICAN - Le pessimisme ne cesse de gagner du terrain au Vatican, où la dégradation de l'état de santé du pape pousse désormais certains responsables à qualifier la situation actuelle de phase finale pour le pontificat de Jean Paul II.
Tous les ecclésiastiques interrogés jeudi s'accordent, sous le sceau de l'anonymat, sur le fait que les chances de guérison du pape s'amenuisent. "On s'attend à tout", résume un prêtre travaillant au sein d'un important département du Vatican. "Personne ne s'attend à ce que la situation s'améliore mais tout le monde espère un miracle", insiste-t-il.
Hospitalisé à deux reprises en février pour des problèmes respiratoires aggravés par sa maladie de Parkinson, Jean Paul II, âgé de 84 ans, respire grâce à une canule depuis le 24 février et ses médecins lui ont posé un tube nasal mercredi afin de l'aider à s'alimenter.
"Si vous additionnez la maladie de Parkinson, son âge, ses précédentes opérations à l'estomac, ses difficultés respiratoires, ses problèmes digestifs, cela donne un tableau assez peu réjouissant", souligne ce prêtre.
Si la canule a été posée de manière définitive, le tube nasal n'est encore que temporaire. Mais si le pape ne recouvre pas ses capacités à s'alimenter normalement, ce qui semble probable en raison de la maladie de Parkison, un tube permanent pourrait être inséré directement dans son estomac.

"TOUT LE MONDE EST INQUIET"

"Je sais que le pape est très déçu par la lenteur de sa guérison", rapporte un prélat. "Nous sommes dans une nouvelle phase de son pontificat", ajoute-t-il.
"Tout le monde ici est inquiet", insiste un autre ecclésiastique.
Tous ces responsables affirment cependant que Jean Paul II, entré dans la 27e année de son pontificat, reste lucide et vif d'esprit et le Saint-Siège a diffusé mercredi un communiqué au ton volontairement optimiste pour souligner que le pape continuait d'assumer pleinement ses fonctions.
Son état de santé alimente toutefois la controverse sur sa capacité à diriger l'Eglise catholique, surtout si sa condition venait à se dégrader encore plus irrémédiablement.
Elu à vie, Jean Paul II avait apporté un élément de réponse à ces questions lors d'une intervention à Rome en mars 2004.
Le pape avait alors estimé que "l'administration d'eau et de nourriture, même par des moyens artificiels, constitue toujours un moyen naturel de préserver la vie et non pas un acte médical".
Empêcher une personne de bénéficier d'un tel traitement ou "débrancher" une personne maintenue artificiellement en vie pourrait dès lors équivaloir à une "euthanasie par omission", ajoutait-il.
La condamnation jeudi par le Vatican de l'arrêt du traitement de l'Américaine Terri Schiavo, décédée après le retrait de la sonde qui permettait de l'alimenter, peut du reste être interprété comme une confirmation de cette approche.

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