4.12.2005

Le Vatican face à la menace de l'espionnage

--par Aidan Lewis et Jim Krane--

AP | 12.04.05 | 17:07


CITE DU VATICAN (AP) -- Pirates informatiques, mouchards électroniques, microphones ultra-sophistiqués, informateurs... la confidentialité du conclave qui s'ouvre lundi pour désigner le 265e pape de l'histoire pourrait être menacée par des espions de tout poil, soulignent les experts.
La technologie de l'espionnage a beaucoup évolué depuis l'élection de Jean Paul II en 1978, mais le Vatican semble convaincu de pouvoir préserver le secret qui entoure traditionnellement la réunion des cardinaux électeurs.
Le Saint-Siège a refusé de donner des précisions sur les mesures prises pour éviter toute fuite. Toutefois, selon Giuseppe Mazzullo, un détective privé et policier romain à la retraite, ses propres experts devraient être épaulés par la police italienne et des sociétés de sécurité privées.
«La sécurité est très stricte», a-t-il assuré. «Il sera très difficile de voler des informations, voire impossible.» Reste que beaucoup donneraient cher pour connaître la teneur des discussions entre les 115 cardinaux électeurs âgés de moins de 80 ans.
Des milliers de journalistes s'impatienteront sur place, à l'affût de la moindre information, et le conclave pourrait également intéresser les pirates informatiques ou des services de renseignement gouvernementaux.
Des discussions sensibles sur la position d'un «papabile» sur les relations avec les musulmans ou les juifs, ou la reconnaissance de la Chine plutôt que Taïwan, pourraient par exemple être très convoitées par certains pays, et par la presse. Et de telles révélations pourraient être fort embarrassantes pour le Vatican.
La constitution apostolique «Universi Dominici Gregis» promulguée par Jean Paul II en 1996 fixe des règles pour protéger les cardinaux de «pièges à leur indépendance de jugement». Les téléphones portables, organisateurs électroniques, radios, journaux, télévisions et appareils d'enregistrement sont ainsi proscrits pendant le conclave.
Les téléphones portables et assistants personnels (PDA) peuvent être piratés et détournés à des fins d'espionnage, soulignent les experts.
Un autre risque pour le Vatican est la présence d'éventuels espions, postés sur les toits de la Ville éternelle, qui tenteraient de capter les entretiens des cardinaux.
Des microphones laser permettent en effet d'écouter des conversations à 500 mètres de distance, en enregistrant des vibrations sur les vitres ou d'autres surfaces.
La chapelle Sixtine, où se réuniront les cardinaux pour élire le successeur de Jean Paul II, possède des fenêtres. Ces micro ultra-sensibles peuvent toutefois être contrecarrés par des tentures épaisses ou par un bruit ambiant...
Plus difficiles à contrer: des mouchards électroniques aussi petits qu'une pièce de monnaie pouvant transmettre ou enregistrer des conversations. Face à cette menace, les experts passeront au peigne fin les zones de réunion, enlevant les tapis, palpant les coussins des chaises, ouvrant les conduites de chauffage et testant les câbles électriques, ampoules et canalisations d'eau, souligne James Atkinson, responsable d'une société britannique spécialisée dans la détection de mouchards.
Mais malgré toutes les précautions, la présence d'un éventuel espion en chair et en os est probablement le risque le plus difficile à déjouer, soulignent les experts. Il pourrait apporter un appareil d'écoute ou renseigner des personnes situées à l'extérieur via des messages codés. M. Atkinson évoque par exemple la possible utilisation d'une fumée colorée ou, même de teinture évacuée via les toilettes qui pourrait être repérée plus loin.
«Va-t-on fouiller tous les cardinaux pour voir si quelqu'un a piégé leurs lunettes ou leur crucifix?», s'interroge Giles Ebbut, un spécialiste de la surveillance. «On peut tout imaginer»... AP
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