Un geste de Benoît XVI envers les lefebvristes
RELIGION
Élie Maréchal
[Le Figaro, 24 août 2005]
Selon des informations parues dans la presse italienne, le Pape devrait recevoir en audience, lundi prochain, dans sa résidence d'été de Catelgandolfo, Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X. Cette rencontre marquerait une avancée vers une réconciliation entre le Vatican et les héritiers de Mgr Lefebvre, qui avait rompu avec Rome en 1988 en contestant le concile Vatican II (1962-1965).
Dans une récente lettre adressée aux bienfaiteurs argentins de la Fraternité, Mgr Richard Williamson, l'un des quatre évêques consacrés par Mgr Lefebvre, n'a fait qu'évoquer le principe de cette rencontre entre Benoît XVI et Mgr Fellay. Mais «un accord entre Rome et Saint-Pie X semble impossible», estime ce partisan d'une ligne dure dans la mouvance traditionaliste catholique.
En l'absence de Mgr Fellay, qui achevait hier un pèlerinage à Fatima (Portugal), son entourage proche à Ecône (Suisse) ne confirmait ni n'infirmait, hier soir, cette éventuelle rencontre. Les membres de la Fraternité présents à Rome soutenaient ne rien savoir. Ceux du district de France accueillaient la nouvelle avec une extrême prudence.
Quant au Vatican lui-même, rien ne permet d'avancer vers plus de certitude, même s'il paraît logique que les ouvertures oecuméniques de Benoît XVI, lors des récentes JMJ de Cologne, s'appliquent aussi aux dissidents catholiques. En tout cas, de part et d'autre, l'heure paraît à la discrétion et au respect réciproque des susceptibilités. Le dossier est en effet sensible.
C'est à l'occasion du jubilé de l'an 2000 que se sont à nouveau fait jour des liens entre le Vatican et la Fraternité Saint-Pie X. Celle-ci réclamait à la fois une large permission pour tout prêtre de célébrer selon le rite antéconciliaire de saint Pie V, une levée des excommunications et un dialogue théologique, notamment sur l'oecuménisme et les relations interreligieuses.
Aucune de ces requêtes n'est aujourd'hui satisfaite. Un geste de bonne volonté est venu du cardinal Dario Castrillon Hoyos, chargé par Jean-Paul II des contacts avec les catholiques traditionalistes : le 24 mai 2003, en la basilique Sainte-Marie-Majeure à Rome, il avait célébré la messe selon le rite défendu par les fidèles attachés à la tradition. Mais aucune ouverture pour un dialogue «sur le fond» n'est venue du cardinal Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI.
Pourtant Mgr Fellay ne désespérait pas : «Si le Pape m'appelle, je vais aussitôt le voir», répétait-il depuis plusieurs mois. De même, sitôt le nouveau Pape élu, s'était-il interrogé sur l'opportunité de lui demander audience. Depuis Mgr Lefebvre, décédé en 1991, les responsables de la Fraternité Saint-Pie X ont toujours affiché officiellement leur volonté de ne pas couper les ponts avec la papauté, sans toutefois se priver de la critiquer à maintes reprises, en particulier à cause des diverses initiatives de Jean-Paul II en direction des autres religions. Or à Cologne, Benoît XVI a semblé, sur ce point, emboîter le pas de son prédécesseur. Voilà ce qui pourrait expliquer une «fuite» organisée, selon certains, pour faire capoter tout nouveau contact.
Élie Maréchal
[Le Figaro, 24 août 2005]
Selon des informations parues dans la presse italienne, le Pape devrait recevoir en audience, lundi prochain, dans sa résidence d'été de Catelgandolfo, Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X. Cette rencontre marquerait une avancée vers une réconciliation entre le Vatican et les héritiers de Mgr Lefebvre, qui avait rompu avec Rome en 1988 en contestant le concile Vatican II (1962-1965).
Dans une récente lettre adressée aux bienfaiteurs argentins de la Fraternité, Mgr Richard Williamson, l'un des quatre évêques consacrés par Mgr Lefebvre, n'a fait qu'évoquer le principe de cette rencontre entre Benoît XVI et Mgr Fellay. Mais «un accord entre Rome et Saint-Pie X semble impossible», estime ce partisan d'une ligne dure dans la mouvance traditionaliste catholique.
En l'absence de Mgr Fellay, qui achevait hier un pèlerinage à Fatima (Portugal), son entourage proche à Ecône (Suisse) ne confirmait ni n'infirmait, hier soir, cette éventuelle rencontre. Les membres de la Fraternité présents à Rome soutenaient ne rien savoir. Ceux du district de France accueillaient la nouvelle avec une extrême prudence.
Quant au Vatican lui-même, rien ne permet d'avancer vers plus de certitude, même s'il paraît logique que les ouvertures oecuméniques de Benoît XVI, lors des récentes JMJ de Cologne, s'appliquent aussi aux dissidents catholiques. En tout cas, de part et d'autre, l'heure paraît à la discrétion et au respect réciproque des susceptibilités. Le dossier est en effet sensible.
C'est à l'occasion du jubilé de l'an 2000 que se sont à nouveau fait jour des liens entre le Vatican et la Fraternité Saint-Pie X. Celle-ci réclamait à la fois une large permission pour tout prêtre de célébrer selon le rite antéconciliaire de saint Pie V, une levée des excommunications et un dialogue théologique, notamment sur l'oecuménisme et les relations interreligieuses.
Aucune de ces requêtes n'est aujourd'hui satisfaite. Un geste de bonne volonté est venu du cardinal Dario Castrillon Hoyos, chargé par Jean-Paul II des contacts avec les catholiques traditionalistes : le 24 mai 2003, en la basilique Sainte-Marie-Majeure à Rome, il avait célébré la messe selon le rite défendu par les fidèles attachés à la tradition. Mais aucune ouverture pour un dialogue «sur le fond» n'est venue du cardinal Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI.
Pourtant Mgr Fellay ne désespérait pas : «Si le Pape m'appelle, je vais aussitôt le voir», répétait-il depuis plusieurs mois. De même, sitôt le nouveau Pape élu, s'était-il interrogé sur l'opportunité de lui demander audience. Depuis Mgr Lefebvre, décédé en 1991, les responsables de la Fraternité Saint-Pie X ont toujours affiché officiellement leur volonté de ne pas couper les ponts avec la papauté, sans toutefois se priver de la critiquer à maintes reprises, en particulier à cause des diverses initiatives de Jean-Paul II en direction des autres religions. Or à Cologne, Benoît XVI a semblé, sur ce point, emboîter le pas de son prédécesseur. Voilà ce qui pourrait expliquer une «fuite» organisée, selon certains, pour faire capoter tout nouveau contact.
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