8.21.2005

Benoît XVI met en garde contre un catholicisme « à la carte »

LEMONDE.FR | 21.08.05 | 14h13  •  Mis à jour le 21.08.05 | 19h42

Célébrant en plein air la messe de clôture des Journées mondiales de la jeunesse, Benoît XVI a souligné que le catholicisme n'est pas une religion "à la carte" dont les fidèles peuvent dédaigner les aspects les plus contraignants.
"La religion bricolée 'à la carte' ne nous aide pas, en fin de compte. Cela peut paraître confortable, mais en temps de crise nous sommes livrés à nous-mêmes", a déclaré le nouveau pape à près d'un million de jeunes massés sur une prairie à l'écart de Cologne, où nombre d'entre eux ont passé la nuit.
Là où son prédécesseur Jean Paul II, initiateur des JMJ, insistait spécifiquement sur le respect de la morale sexuelle de l'Eglise, Benoît XVI a multiplié les considérations plus générales. Il a notamment prié son auditoire d'être assidu à la messe et d'aider les malades et les personnes âgées.
Le pape a appelé les jeunes à assister régulièrement à la messe et a critiqué un "'boom' du religieux" accompagnant "l'oubli de Dieu". "Je ne veux pas discréditer tout ce qu'il y a dans cette tendance. Il peut y avoir aussi la joie sincère de la découverte", a-t-il admis, "mais dans ce contexte, la religion devient presque un produit de consommation. On choisit ce qui plaît, et certains savent aussi en tirer un profit". "Mais la religion recherchée comme une sorte de 'bricolage' en fin de compte ne nous aide pas. Elle est commode, mais dans les moments de crise, elle nous abandonne à nous-mêmes", a estimé le souverain pontife.
Quant à la liberté, elle "ne consiste pas seulement à profiter de la vie de manière totalement autonome, mais plutôt à vivre à l'aune de la vérité et de la bonté, de manière à ce que nous devenions nous-mêmes bons et authentiques", a poursuivi l'ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Gardien intransigeant des valeurs traditionnelles de l'Eglise, le cardinal Joseph Ratzinger s'était rendu célèbre, avant d'accéder au trône de Saint Pierre le 19 avril dernier, par sa dénonciation de la "dictature du relativisme" et son refus des réformes portées par la théologie de la libération.

PROCHAINES JMJ À SYDNEY

Benoît XVI s'emploie cependant à montrer un visage plus souriant, afin d'atténuer le contraste avec le très charismatique Jean Paul II, tout en réaffirmant ses convictions en matière de moeurs.
Son homélie de fin des JMJ a suscité des réactions contrastées auprès des jeunes croyants, tiraillés entre leurs aspirations spirituelles et leur mode réel d'existence. "J'appartiens à un mouvement de dévotion à la Vierge Marie. Nous suivons à la lettre les enseignements de l'Eglise. Le pape a raison de nous mettre en garde contre la religion à la carte, ce doit être tout ou rien", commente Nuno Gonzago, 20 ans, venu du Portugal.
Malte Schubert, jeune Allemand de 19 ans, traduit pour sa part les recommandations du souverain pontife : "En gros ça veut dire 'pas de sexe', non ? Il était obligé de le dire. C'est le pape, mais je pense que c'est aux gens de faire leurs propres choix."
Benoît XVI a également profité de son séjour en Allemagne, premier déplacement à l'étranger de son pontificat, pour rencontrer des représentants juifs, protestants et musulmans et réaffirmer son attachement au dialogue interreligieux.
Il a mis fin à la célébration en rappelant que les prochaines JMJ auraient lieu à Sydney, en 2008.

Avec AP, AFP et Reuters
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